lundi 2 juin 2008

NONO [nouveau journal d'une mise en scène]




Nono est un texte vraiment agréable à travailler. Il est drôle, dynamique (il y a un nombre incalculable d'«entrées-sorties»!)... et apparaît soudainement fort complexe...

Par exemple, l'Acte I... Cet Acte tient, pour fonction (supposément simpliste!), le rôle de présentateur. On y rencontre, en effet, tous les personnages. Le hic, car il y en a un, c'est que ceux-ci sont présentés pas tant en caractère qu'en duo: Robert et Madame Weiss, Robert et Nono, Robert et Jacques, Robert et Jules, Jacques et Nono, Jacques et Madame Weiss, Madame Weiss et Nono. Chacun de ces duos (générateurs d'actions dramatiques présentes et futures) révèlent une facette particulière de chacun de ses protagonistes. Chaque emploi comporte différentes personnalités... selon la personne qui lui fait face.

L'Acte II, pour sa part, tourne exclusivement autour du seul couple Robert-Nono. Tous les autres intervenants (la femme repentante et vengeresse, l'homme de retour et colérique, le majordome volage) ne sont, en fait, que des satelittes en orbites... C'est l'Acte des collisions, l'Acte des interférences dans le jeu amoureux des principaux personnages.

Si les Actes I et II sont quelque peu paroxystiques, l'Acte III baigne dans un vide de lucidité. Les personnages s'y présentent sous leur vrai jour. Les duos, si importants depuis le début de la pièce, sont manifestement tous dysfonctionnels... quand ils existent toujours... Il ne s'agit pas de recouvrer sa liberté ni de souffrir la perte de l'être cher. Non. C'est un abandon (et encore... le terme est trop qualificatif)... C'est le mur d'indifférence qui se dresse alors que tout est réglé. C'est l'ennui, la lassitude provoquées par le manque de défi, l'absence d'engagement.

ROBERT: M'aimes-tu?
NONO: Ben, il me semble.
ROBERT: Tu as de l'amitié pour moi?
NONO: Non! Nous ne nous connaissons depuis trop peu de temps. tu demandes trop de choses, mon chéri. tu fais la gueule? Allons. Voyons... Est-ce que je te plais?

Bref, le couple est en valeur... et il est placé sous les assauts incessants du cynisme, de l'ironie, de la trahison et de la cruauté.