jeudi 31 juillet 2008

Les rois pêcheurs... ou quand la ouitouche fait rire le monde!


J'ai assisté hier soir à la représentation des Rois pêcheurs, présentée à (par...) la Vieille Pulperie de Chicoutimi. Dans cet endroit magnifique loge donc désormais du théâtre d'été dans sa plus simple expression: ici, pas de recherche, pas de révolution théâtrale, pas de théorie, pas de message... j'imagine qu'il en faut. Que de la tradition et du rire (le «théâtre d'été» tel qu'on l'entend se rapproche d'ailleurs beaucoup plus du spectacle d'humour avec ses numéros de standing et ses blagues à la tonne).

Jimmy Doucet (un compatriote jeannois... exilé à Québec, je crois) en est le maître d'oeuvre en tant qu'auteur, metteur en scène et comédien.

Alors qu'ils se préparent pour une fin de semaine de pêche, Fernand et Julien voient avec surprise surgir, dans leur petit paradis, Marie-Soleil... première participante au forest dating... Alors, explications de mise: pour ne pas perdre leur chalet, Julien à, dans le but d'empocher 15 000$, proposé de transformer leur oasis en agence de rencontre en forêt... l'a fait... et oublié... À partir de cette prémisse, les mensonges s'accumulent pour accommoder cette cliente (liste de réservations, internet dans le camion, etc.) pour le plus grand plaisir des spectateurs (fort nombreux!)... et des amateurs de pêche!

Le texte (bien qu'ayant une intrigue fort mince et tombant régulièrement dans la facilité) est assez bien ficelé... du moins, beaucoup plus que ce que le résumé (Les Rois pêcheurs raconte l’histoire de deux pêcheurs qui amènent deux célibataires en forêt pendant trois jours afin de les unir avant de les retourner à la civilisation) et l'affiche laissent présager. Bien qu'il y ait quelques longueurs, le tout est porté par les comédiens avec un plaisir manifeste qui peut faire comprendre le succès de ce spectacle. Doucet connaît son public estival et sait créer des situations qui correspondent parfaitement à ses aspirations.

La mise en scène est plutôt primaire (mais à part faire rire, ce spectacle a-t-il d'autres prétentions?)... ce qui n'enlève rien à la direction d'acteurs qui elle, s'avère plutôt réussie... Les trois comédiens - Jimmy Doucet (Julien et Poupout26), Pierre Turcotte (Fernand) et Meggie Proulx-Lapierre (Marie-Soleil) - font preuve de constance et de dynamisme tout au long de cette heure trente que dure la représentation et présentent des personnages bien campés... définis à très gros traits... ce qui fait leur charme. Parfois, peut-être le genre le commande-t-il, ils semblent portés par les rires venant de la salle et versent alors dans le surjeu et le cabotinage... qui passent aussi malgré tout. Ne connaissant pas ces comédiens (ni leur provenance, ni leur cheminement), je n'ai, par ailleurs, aucun autre point de comparaison... et n'ayant pas de programme (qui manque cruellement je dois dire!), j'ignore si ce sont des comédiens professionnels ou non.

Photo: Sylvain Dufour (Le Quotidien)
tirée du site Cyberpresse.ca

Les décors situent l'action: une forêt en toile peinte, une façade de chalet en bois rond, des arbres, des bûches, des chaises, ben du cossin... et un bassin d'eau sur lequel vogue une chaloupe! L'ensemble niché au coeur de ce bâtiment historique fascine et impressionne probablement les néophytes.

La technique est peut-être le point le moins convaincant. Les éclairages ne sont confinés, finalement, qu'à un rôle utilitaire: voir. Aucune sémiologie de la lumière... et je ne sais si ce sont des effets, mais parfois, au cours des scènes (à deux ou trois reprises) il y a de brusques changements qui donnent l'impression que le régisseur s'est assoupi sur un curseur de la console. La trame sonore ne casse rien... et agresse parfois... surtout quand c'est un téléphone cellulaire qui sonne avec un niveau de décibels à faire rougir un marteau-piqueur.

Vraiment, mea culpa, je ne m'attendais à rien et j'ai passé une soirée plutôt divertissante.

Une soirée plutôt divertissante qui ne parvient pourtant pas à dissiper un certain malaise... quant au fait que c'est, en quelque sorte la Ville (par le biais de la Pulperie) qui se donne un théâtre d'été et qui vont se chercher une équipe de l'extérieur alors que des compagnies occupent déjà ce créneau (je sais, ce n'est pas la même clientèle)... quant aux moyens (tant techniques que financiers) mis à la disposition de cette équipe (particulièrement au niveau de la promotion)... Peut-être est-ce aussi un simple accroc à la vertu, un pas de plus vers ces péchés capitaux que sont l'envie et la jalousie... Bon été à eux!