vendredi 8 août 2008

Études biomécaniques...

Étude du tir à l’arc
Séquence présentée par les élèves de Meyerhold
Z. Zlobin, L. Sverdlin, I. Meyerhold (fille de Meyerhold) et R. Genina.
© Global Performing Arts Consortium -

Cette automne (disons, cette année...) j'aimerais mettre sur pied, en collaboration avec le CRC, une formation sur la biomécanique de Meyerhold pour explorer et découvrir - autrement que par des écrits - cette forme d'entraînement (parce que non, ce n'est pas un style de jeu comme tel) pour le comédien, ce que ça signifie exactement (implication dans le jeu), etc.

Apparemment, selon des sources fiables (Rodrigue Villeneuve de l'UQAC et Irène Roy de l'Université Laval), monsieur Robert Reid, professeur à Concordia serait la personne toute indiquée pour ce genre de stage, ayant travaillé avec Gennadi Bogdanov, étudiant d'un disciple direct (Nikolas Kustov) de Meyerhold.

La biomécanique repose sur une rationalisation du comportement scénique de l’acteur, véritable « laboratoire physico-chimique ». [...] Meyerhold règle, en effet, ses comptes avec l’intériorité et « envisage d’emblée sa pratique comme distance prise par rapport au stanislavskisme, dont il conteste aussi bien le régime de travail que l’aboutissement : l’atténuation de la théâtralité. [...] Là où Stanislavski s’adresse à la mémoire individuelle, nourrie d’un passé limité aux frontières du « je », Meyerhold fonde son enseignement sur le rappel d’une mémoire collective, mémoire du théâtre et de la scène.

Comme il l’expliquera plus tard, « la loi fondamentale de la biomécanique est très simple : le corps tout entier participe à chacun de nos mouvements. Le reste n’est que perfectionnement, exercices, études. »

La biomécanique ajoute à la forme théâtrale un « quatrième créateur », le spectateur, véritable caisse de résonance de ce qui se joue sur scène, prolongeant de façon créative les actions qui lui font face : « Ne forcez pas ! Faites confiance au spectateur ! Il est beaucoup plus intelligent que nous le pensons. » Le spectateur est celui en qui se définissent les lignes de forces du théâtre, celui à travers qui s’invente une nouvelle scène, sur les débris de la « scène boite » et du quatrième mur. Car l’acteur ne joue pas seul, portes et fenêtres closes, il « doit être capable de se voir toujours mentalement dans un miroir. » :

Tu n'es pas dans la vie, que diable... Tu n'es pas dans la réalité ; on te place sur une plate-forme scénique et tu fais ton entrée en tant qu'acteur... Alors si tu ne sais pas entrer en scène, apprends à te déplacer. Il n'y en a pas que pour le mot !

[...] Meyerhold exprime l’esprit de cette technique en une formule aussi dense que concise : « d'abord le mouvement, ensuite la pensée, enfin le mot. » Mais l’on doit se garder de faire de la mécanique autre chose qu’une méthode d’entraînement de l’acteur. Et Meyerhold le rappellera à plusieurs reprises :

« Ce n'est pas quelque chose que l'on peut transporter sur scène, c'est un entraînement élaboré sur la base de mon expérience du travail avec les acteurs. Il y a 12 ou 13 séquences que le comédien doit posséder pour savoir mobiliser tous ses moyens et pour savoir les diriger vers le spectateur de façon à ce que les idées qui sont posées à la base du spectacle atteignent le public...»

(tiré du site agon.ens-lsh.fr)

Voici un document vidéo - déjà pulié sur l'ancien blogue - montrant un peu ce que c'était à l'époque... et dans lequel, vers 1m40, apparaît Meyerhold en chair et en os... du moins, en image: