samedi 22 novembre 2008

De l'amour et des griffes [journal d'une mise en scène]... suite redondante


C'est fait. Il est toujours intéressant de voir à quel point un spectacle peut souffrir, en fin de production, de l'absence de spectateurs... particulièrement lorsqu'il s'agit d'une comédie. Et cette impression s'accroît doublement lorsque, comme aujourd'hui (alors que nous devions en être, vu le contexte parascolaire, à une première générale), nous ne pouvions nous appuyer sur les moyens techniques habituels (éclairages, musique) qui procurent - si non une renaissance - un élan bénéfique.

Nous en sommes donc là... aux prises avec les doutes de cet art éphémère. Sommes-nous prêts? Nous ne le saurons qu'à compter de mardi soir... et c'est cette qualité disons temporelle (le fait de n'être que présent) qui confie au théâtre tout son charme. On peut prévoir, on peut espérer, on peut créer sur papier, on peut tenter de réconforter, rassurer ses comédiens... seule la représentation (et chacune est unique) donnera la véritable mesure du résultat.

Meyerhold disait: Une représentation théâtrale ne connaît ni "hier" ni "demain". Le théâtre est un art d'aujourd'hui, de l'heure, de la minute, de la seconde même. "Hier", pour le théâtre, ce sont les récits, les traditions, les légendes, les textes des pièces; "demain", ce sont les rêves de l'artiste. Mais la réalité du théâtre, c'est seulement "aujourd'hui". Le poète, le musicien peuvent travailler pour un lecteur ou un auditeur futur. [...] Pour l'acteur, semblables rêves n'ont aucun sens. Son art n'existe que tant qu'il respire, tant que sa voix vibre, tant que la salle l'écoute, en retenant son souffle. C'est précisément pour cette raison que le théâtre est un art résolument contemporain.

C'est un peu vertigineux... et je conçois bien que ce charme puisse paraître, pour l'interprète (d'autant plus amateur), comme un gouffre sans filet.

Désormais, seuls la confiance et le plaisir pourront nourrir ce spectacle... Alea jacta est.

De l'amour et des griffes [journal d'une mise en scène]


C'est la dernière journée de répétition pour le Théâtre Mine de Rien... du moins, avant les générales, plus tard dans la semaine qui vient.

Ce sont donc les dernières heures disponibles pour corriger des intonations, des gestes qui contrecarrent toujours la fluidité scénique, les dernières heures pour mettre une dernière main aux costumes et aux accessoires, les dernières heures pour consolider ce spectacle exigeant tout en donnant de solides assises à ces comédiens du plaisir.

Peut-être aussi sont-ce les moments les plus difficiles pour eux. Après tout, le plus important élément du dialogue théâtral leur est, pour la plupart, inconnu: le public. Il nous faut donc s'attarder à la force de la voix, la projection, la diction... devant une salle vide. Il leur faut prendre conscience de l'immensité de la salle avant que celle-ci ne se remplisse et accentue ce que Sara Bernarhdt appelait une preuve de talent, le trac.

Nous en sommes donc là. Faire respirer la forme. (Re-)Trouver le plaisir de l'exécution scénique. Comprendre les enjeux et les faire passer.
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Cruauté, coup bas, perfidie,
condescendance et éclats de rire!!!

Pour entreprendre sa troisième année d'existence, le Théâtre Mine de Rien (troupe de théâtre amateure de l'UQAC) présente De l'amour et des griffes... un collage vaudevillesque où les beaux sentiments font place à la violence ou verbale ou physique, apanage artistique d'un temps révolu en cette ère du politically correct.

Puisant à même le répertoire du Boulevard français, voyez Félicie et Madame de Crampon, deux jeunes bonnes éplorées parler de feu Victor, cet homme si bon... du moins peut-être (Le Défunt
de René de Obaldia). Puis l'entrée en scène de Monsieur DesRillettes, pique-assiette de son état, tombant entre les serres acérées de Mesdames Boulingrin et Tartempion, vieilles filles hystériques prêtes à tout pour un peu d'attention (Les Boulingrin de Courteline).

Un spectacle plastique où la théâtralité émerge d'abord et avant tout des comédiens (Maryline Chamberland-Tremblay, Martine Chapados, Nicolas Ilaréguy, Marilou Simard et Mélissa Valiquette) sous la direction de Dario Larouche.

De l'amour et des griffes
Les 27 et 28 novembre 2008 (jeudi et vendredi)
19h, Auditorium de l'UQAC (P0-5000)
Entrée: 5$