jeudi 24 septembre 2009

Le théâtre et autres maux...

Caricature d'un exploiteur. Aujourd'hui, 1894. Lithographie couleur,
par Théophile Alexandre Steinlein
reproduite dans Le Chambard socialiste illustré n° 15 du 24 mars 1894

J'invite fortement les gens à lire et/ou à voir la sortie remarquée de Serge Lapierre, directeur technique de la Rubrique et scénographe de son état, sur l'exploitation des artistes en région.

Au Téléjournal de ce soir... sur ce lien (autour de la 6ième minute)
Sur le blogue du Voir (accompagné du billet de J-F Caron)... sur ce lien

Le théâtre et autres mots...

MADAME, 2006 (sur la photo: Marie Villeneuve et Alexandre Larouche)
Photographie: si je ne m'abuse, la photo est de Jean-François Caron, non?


Je m'ennuie un peu de l'écriture théâtrale... du plaisir d'aligner des mots sur une page avec le je des sonorités propres à la parole... Le plaisir de créer des personnages. J'aime les longues narrations, la prolixité, la performance de l'interprète. En ce sens, parmi mes oeuvrettes, j'apprécie particulièrement ces morceaux théorico-dramatiques du personnage principal qui débutaient chacun des tableaux de MADAME petites fables excessives et irrévérencieuses pour égocentrisme d'actrice écrit en 2005:


Le théâtre.
Règne de l’archétype et de la norme.
Dans ce monde contrefait, cette allégorie où la cohérence emprunte les détours parfois sinueux de l’intrigue et de la fable, s’exalte la continuelle emprise de la convention.
Avec elle, la femme, personnage mythique de cette aire de jeu.
Construite à même un système de codes sémiotiques issu des lubies d’un auteur en quête de créativité, elle n’est, au fond, que le docile pantin de désirs extérieurs aux siens.
Interprète d’une chorégraphie plastique et machinale.
Elle tient le cap.
Délicate, malgré sa prestance spectaculaire, pâle reflet d’un prétexte parsemé d’entrelignes et d’un temps en expansion.
Le pétillement et la maîtrise de son jeu vous renvoient à l’implacable et imminente putrescence…
Le temps a passé.
Le germe bubonique de son défunt mari – suprême partage d’un hymen souffreteux! – se combine désormais à la hargne qui l’enfièvre pour lui faire traverser le fleuve antique qui la sépare de la catastrophe.
Son vêtement, alourdi par ses fluides et par une hygiène rendue inutile, se fait dernier refuge.
Quant à sa demeure, métaphore de son angoisse existentielle, elle se réduit, à présent, à une cave sombre et sordide.
Le lustre n’est plus qu’ampoule chaotique de laquelle surgit difficilement une lumière blafarde.
Le mobilier s’est volatilisé au profit d’un désert de moisissures et de cloportes grouillants à chaque coin de ces catacombes domiciliaires.
Entre deux protubérances rocheuses attifées de mousses et de champignons suintant un rebutant liquide brunâtre, la femme regarde avec dédain, deux rats goulus se disputant les décombres posthumes du cuisinier.
Laissant une jambe derrière elle, mue par une impulsion subite de possessivité envers cette viande vétuste, elle s’abat de tout son long dans cette mare sanguinolente, poussant un cri rageur, à la grande confusion des deux rongeurs en fuite.

Et ainsi de suite...