mardi 30 novembre 2010

Des états généraux sur le théâtre saguenéen?

Le milieu théâtral saguenéen grandit, évolue et peut-être serait-il temps de prendre un temps d'arrêt pour brosser un état des lieux...

Devant l'augmentation des productions régionales (juste celles présentées durant le mois de novembre en donnent une bonne preuve), devant l'augmentation du nombre de praticiens qui entrent sur le milieu professionnel ou qui y sont depuis déjà quelques temps, devant les contextes financiers qui vont comme ils peuvent, il serait intéressant de convoquer (je ne sais pas comment ni quel organisme pourrait chapeauter ceci) des États généraux sur la pratique théâtrale au Saguenay qui réuniraient les différents organismes, artistes, artisans et travailleurs culturels qui gravitent autour de cette forme d'art pour une journée d'ateliers, de plénières qui pourraient avoir comme problématiques (pas en ordre d'importance):

1- les calendrier de présentations
2- la concertation
3- les modes de financements publics/privés
4- la place de la relève
5- la pérennité (et la continuité) des organismes
6- la formation (académique, continue)
7- la promotion
8- les différentes pratiques sur le territoire
9-
(rajouté sur recommandation de É. Potvin) la tournée (mise en commun des expériences, embauche d'un chargé de diffusion, un agent, etc.)

Ce ne sont, bien entendu, que des propositions de base... Une meilleure déclinaison des problématiques seraient à envisager...

Une journée consacrée à la réflexion, à l'exploration d'idées... Pour se donner une idée claire des buts et objectifs poursuivis par tous... Pour améliorer ce qui peut l'être, dynamiser l'espace de la pratique... Se donner des outils et un plan d'action pour maintenir une évolution...

Bon, le travail exigé par une telle organisation en vaudrait-elle la peine? Probablement... et peut-être un jour faudra-t-il y arriver.

lundi 29 novembre 2010

Boules en stock! [Carnet de notes]


Ce billet pourrait s'intituler Entre le trop et le pas assez...

La construction d'un spectacle sur la base d'improvisations et de canevas (donc souvent les spectacles solos, ceux d'humour) se bute souvent à ce dilemme existentiel.

Généralement, le comédien à qui incombe l'animation (ou le personnage, ou le jeu) a tendance à trop dire, à expliciter chacun de ses faits, gestes et paroles pour être certain d'être bien compris. La mesure est difficile à concevoir et à tenir.

Ce qui apparaît simple, de prime abord, s'avère assurément le travail le plus ardu dans ce type de production. Trop dire... et l'action, et les personnages perdent en efficacité. Pas assez dire... et la scène devient floue, inutile. Dans les deux cas il résulte une impression de brouillon, de fragilité propre à faire décrocher l'intérêt des spectateurs.

D'où l'importance, au fil des répétitions, d'arrêter un texte (sur lequel pourra broder un peu, dans les limites de l'acceptable, les interprètes) afin de pouvoir l'améliorer, l'élaguer, le retourner, le rendre de plus en plus dynamique tout en maintenant un bon potentiel dramatique.
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Par ailleurs, il faut savoir qu'en ce moment même, la représentation du samedi 11 décembre 2010 (pour Boules en stock et pour Les lectures de Diogène en rappel) affiche complet et bientôt, ce sera au tour de celle du jeudi 9 décembre 2010 de faire de même.

Mieux vaut réserver pendant qu'il est encore temps! Par Facebook (ici ou ici) ou par téléphone au 418-698-3895

dimanche 28 novembre 2010

Au théâtre, cette semaine! (Du 28 nov. au 4 déc. 2010)


Avec presque une journée de retard (et une absence bloguale depuis deux jours!), me revoici avec quelques rendez-vous théâtraux pour la semaine à venir... D'ailleurs, avec le début de décembre dans le courant des jours, on voit poindre de plus en plus la pause du temps des Fêtes!

Aujourd'hui - 28 novembre 2010
Salle Murdock (Chicoutimi), 14h

Le Théâtre À Bout Portant présente la dernière représentation de la seconde série de sa toute nouvelle production, Le déclin des soleils de glace... un projet de, par et avec Vicky Côté.

Lundi et mardi* - 29 et 30* novembre 2010
Auditorium d'Alma (Alma), 13h30 (*9h30)
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Mercredi à samedi* - 1er au 4* décembre 2010
Salle Pierrette Gaudreault (Jonquière), AM et PM (*13h30)

L'Auditorium d'Alma et le Théâtre La Rubrique reçoivent, en matinées scolaires (toutes complètes pour la compagnie jonquiéroise.. qui proposent aussi une représentation publique le samedi en après-midi), le Théâtre de Sable et son Rêve de Pinnochio: Pinocchio veut sortir de son histoire et rêve de rencontrer le Petit Chaperon rouge. Le petit homme de bois visite d'abord Les Trois Petits Cochons. Il voit ensuite le reflet de ses sentiments amoureux à travers la passion de L'inébranlable soldat de plomb et réalise son plus grand rêve en rencontrant Le Petit Chaperon rouge. Mais les routes des contes s'entrecroisent et, inévitablement, Pinocchio est rattrapé par sa propre histoire : le Chat et le Renard ne lui feront pas la vie facile. Et son vieux père, Gepetto, est toujours prisonnier d'une baleine...

Mercredi à samedi - 1er au 4 décembre 2010
Côté-Cour de Jonquière, 20h

DERNIÈRE CHANCE! Le Côté Cour présente Traces... un spectacle conçu et réalisé dans le cadre de Saguenay Capitale Culturelle... écrit par Marc-André Perrier et mis en scène par Marilyne Renaud. Un spectacle dont on dit beaucoup de bien!

Jeudi et vendredi - 2 et 3 décembre 2010
Petit Théâtre de l'UQAC, 17h

Erika Brisson présente un résultat de recherche réalisée dans le cadre de sa maîtrise (toujours en cours)... un petit laboratoire dans lequel elle interprète un personnage écrit et mis en scène par Guillaume Ouellet dans Cinquième.

Jeudi à samedi - 2 au 4 décembre
Salle Murdock, 20h
(Dimanche, 5 décembre, 14h)

DERNIÈRE CHANCE! Dernière semaine de représentations du Théâtre À Bout Portant et de son nouveau spectacle, Le déclin des soleils de glace.

Oui, il y a vraiment beaucoup de choses théâtrales depuis quelques semaines... au point même où Daniel Côté, le chef du pupitre des Arts au Progrès du Saguenay en a même fait le sujet de son éditorial du jour!

jeudi 25 novembre 2010

«Le personnage, c'est un rythme.»


Dans mon théâtre, généralement, on questionne parfois mon approche des personnages et, par conséquent, mon travail concret avec les acteurs... Non pas nécessairement par rejet ou refus mais par incompréhension, je dirais. Incompréhension de mon peu de recours à la psychologie, au peu d'exploration, à la table, du texte choisi.

Pour moi, le personnage n'est pas une entité, un revivre (ou sur-vivre?) de l'acteur... Ce n'est pas un vêtement dans lequel il est demandé à ce-dernier de se fondre, ou de porter. Non. Pour moi, le personnage est une forme, un mouvement dans l'espace (un geste et une dynamique), un porte-voix (avec un ton, une diction, un rythme)... et dans l'interstice de ces notions apparaît sa vérité scénique (que je cherche...). Voilà peut-être la source de mon travail de corps à corps (presque dans le sens littéral de l'expression!) avec le comédien.

Dans la même veine, voici une réponse de Bob Wilson (metteur en scène emblématique de l'Amérique) à Josette Féral, théoricienne de son état (et professeure à l'UQAM), dans l'ouvrage de cette dernière, Mise en scène et jeu de l'acteur - le corps en scène:

La construction de la plupart des pièces de théâtre repose en grande partie sur les personnages. La notion de personnage est-elle importante quand vous travaillez avec des acteurs ou pensez-vous que c'est un handicap pour le type de travail formaliste que vous faites?

Bien sûr que les personnages sont de la plus haute importance. En tant que metteur en scène, j'aide l'acteur à donner forme à son personnage. Un personnage, c'est un rythme, certainement. La psychologie ne m'intéresse pas. Ça ne fait que limiter le travail que l'on essaie de faire. Faire Shakespeare de manière psychologique élimine d'autres idées parce qu'on attire toute l'attention sur le sens. Je trouve que ça ne mène nulle part d'essayer de comprendre une situation d'un point de vue psychologique parce que c'est s'imposer des limites.

C'est un beau glissement sémantique que de passer du personnage-histoire au personnage-rythme... Je trouve.

mercredi 24 novembre 2010

Et d'une autre première!!!


C'est ce soir que début TRACES, au Café-théâtre Côté-Cour... un spectacle centré sur l'histoire de Jonquière la belle... Ainsi, à toute l'équipe:

Marc-André Perrier, l'auteur
Marilyne Renaud, la metteur en scène
Patrick Simard, Sara Moisan et Jonathan Boies, les comédiens
Patrice Leblanc, le concepteur sonore
Marilyne Tremblay, la conceptrice des éclairages
et Pierre Tremblay, le scénographe
(de même qu'à tous ceux qui entourent cette équipe)

MERDE!!!

Ah! La poisse...!


Bon, je tombe des nues ce matin!!!

À RDI, on annonce, dans la grande métropole (qu'on nous dit, par ailleurs, dans les hautes instances, qu'il faut en reconnaître le rôle spécifique en matière de culture!), la mise en place d'un nouveau projet de comédie musicale avec Serge Postigo comme principal comédien... une comédie musicale construite à partir de l'oeuvre de Jean-Pierre Ferland, Le petit roy...

Même si je suis un fan fini de Ferland, je ne suis pus capable des comédies musicales (Le petit roi, Les dix commandements, Roméo et Juliette, Don Juan, Les filles de Caleb, Dracula... et j'en oublie sans doute!) tout comme je ne suis pus capable des albums duos. Ce sont des succédanés souvent (pour ne pas dire toujours... bon il peut y avoir une exception comme Belles Soeurs, je l'accorde) mièvres...

Je veux bien croire que tout a été dit et que tout a été fait, mais quand même!

mardi 23 novembre 2010

Boules en stock! [Carnet de notes]... et Les lectures de Diogène en rappel!!!


Voilà l'affiche pour le spectacle Boules en stock! du Théâtre 100 Masques suivi de la reprise des Lectures de Diogène! Un combo théâtre, dans la même salle, pour plus de deux heures de plaisirs (et des biscuits, et du chocolat chaud!)...

Avis aux intéressés, les places seront limitées... et déjà, le samedi 11 décembre, le cahier de réservations est presque plein!

Trois soirs uniques!!! Et la tradition se poursuit!

«L'art du jeu» par Jean-Louis Barrault

Il est de ces praticiens qui savent trouver des mots (et une réthorique!) puissants pour décrire le théâtre. Ces professions de foi toutes personnelles donnent à réfléchir... Voici celle (concernant notamment la comedia dell'arte... mais qui se transpose facilement à tout type de théâtre) de Jean-Louis Barrault grand acteur et metteur en scène du XXième siècle français:

[...] Il existe un jeu qui consiste à disposer sur quatre coins, quatre tonneaux par exemple, des planches bien amarrées; de monter sur ces planches à l'aide du corps, du souffle, de la voix, du visage et des mains, à recréer le monde entier. Il existe un jeu qui consiste à dresser sur la place publique ces espèces de tréteaux (appelez ça comme vous voulez) et, tout en recréant la vie qui nous entoure, à établir un contact avec les passants qui s'arrêtent. Il existe un jeu qui consiste même à donner chaque soir rendez-vous à ces passants, disons si vous voulez, à ces spectateurs, pour, communiquant avec eux, communiant avec eux, partager avec eux la joie de recréer le monde à l'aide de nos propres moyens personnels.

Alors par ce jeu, appelez ce jeu-là comme vous voudrez, il s'établit entre ces spectateurs et nous une circulation étroite, un échange d'âme et de coeur, une harmonisation du souffle de toutes les poitrines qui nous redonne du courage et ranime la foi que nous avons en la vie. [...]

lundi 22 novembre 2010

Dans sa tête, oui... mais dans la salle?


Ai assisté, hier soir, à la dernière représentation de Pendant ce temps, dans la tête de Grossomodo, le quatrième solo présenté par le Théâtre du Faux Coffre.

En toute ingéniosité, Pierre-Grossomodo a construit une machine escamotable, démontable, rétractable, transformable... une véritable machine à jouer. Comme il le dit lui-même, un contenant fort intéressant. Une machine propre à créer de nombreux effets de scène...

Mais pour que les effets de scènes frappent l'imaginaire, il faudrait qu'on quitte la simple démonstration pour entrer de plein pied dans le théâtral avec une véritable interaction entre la machine et le personnage (qui n'arrive, en réalité, qu'une seule fois lors de la dictée...).

Car ce qui manque à se spectacle (nonobstant le talent et la grande agilité de l'interprète), c'est, encore une fois aux dires même du personnage en ouverture, la matière... Enfin... la matière originale... (et peut-être un oeil extérieur?)

Pour mettre en valeur cet objet encombrant, l'alter ego du Clown noir a conçu un cours de théâtre enlignant, avec des accessoires ingénieux, les matières pédagogiques: histoires (entendre ici farces), musique, mathématique magique...Une idée avec un potentiel véritablement intéressant. Toutefois, les textes utilisés, malgré (reconnaissons-le...) leur efficacité, manquent un peu de mordant (celui-ci étant donné principalement par les répliques lancées aléatoirement par ses acolytes assis dans le public), de profondeur ironique, par rapport à ce que ce personnage et son statut de Clown noir nous a habitué...

Il sera intéressant de voir l'évolution de ce solo... parce que l'engin promet (et on a vite hâte de revoir le petit robot qui déclame l'hilarante dictée et qui, plus tard, sous une chevelure blonde, chante le Comic Strip de Gainsbourg)!

dimanche 21 novembre 2010

Petite anecdote...


Hier soir, dans une activité politique (par défaut!), je me suis retrouvé assis à la table d'un couple de personnes agées (par rapport à moi...). Tout parlant, on se présente... et quelle ne fut pas leur surprise d'apprendre qu'il y avait non seulement du théâtre local au Saguenay, mais également un milieu professionnel, des artistes reconnus et pas moins de huit compagnies sur le territoire...

C'est dans ces moments-là (qui arrivent très souvent, par ailleurs) qu'on se dit que le travail qui reste à faire est immense!

Repiquage d'une lettre de Frédéric Dubois publié sur le blog Parathéâtre de Philippe Couture (Voir Montréal)

Pour faire suite à la lettre de Martin Faucher publié il y a quelques jours, voici celle de Frédéric Dubois:

Je parle aux artistes de mon âge.

Le milieu fait en sorte que nous devons entrer dans des boîtes.

De peu organisés à trop structurés, nous nous sommes pris au jeu des règles et des conventions.

Et maintenant, il faut tous faire pareil. Répondre à la structure.

Si nous ne faisons rien qui dit NON, le temps qui passe nous aura à l'usure. Il n'y a rien de pire que de répon­dre aux critères des formulaires pour que le théâtre s'abrutisse.

Parce que le temps qui passe sans nous ne nous pardonnera pas.

Si NOUS n'imaginons pas le théâtre de demain autrement, si nous acceptons qu'il soit structuré, abonné, programmé comme il l'est actuellement, j'ai peur de nous voir mourir enterrés dans un modus operandi qui ne pourra répondre aux besoins de demain.

Où est le public de mon âge ? Il ne s'abonne pas.

Ce n'est pas en faisant les affaires comme nos prédécesseurs que nous le gagnerons.

C'est en lui servant un théâtre et une manière de le faire qui nous ressemble et donc, qui lui ressemble.

On a inventé un système qui a permis des avancées au cours des vingt dernières années, mais qui aujourd'hui, il me semble, sclérose la pratique. Nous ne pouvons pas tous répondre à ce que cette structure demande et qui sert les mieux nantis.

Je ne peux pas, avec les ressources que j'ai, faire des spectacles, augmenter mon volume de productions et de spectateurs, organiser des soirées de financement et donc créer un réseau de généreux donateurs, admi­nistrer, trouver des nouvelles voies marketing pour concurrencer le reste, etc. Je ne peux pas parce que je n'ai bêtement pas les compétences. Demande-t-on à un ophtalmologiste de faire des opérations au coeur ?

Mais je fais semblant que je peux et je le fais tout en travaillant beaucoup en dehors de la compagnie pour arrondir les fins de mois. Je dis NON. Je dis : je veux faire du théâtre.

Nous avons le choix de faire semblant de faire pareil ou sinon, d'inventer d'autres moyens, d'autres manières de faire. À tout le moins, poser des gestes qui, sans défaire, questionnent.

Nous faisons tous les mêmes demandes de la même façon, nous répondons aux critères de la même façon, nous remplissons les salles de la même façon, nous diversifions nos ressources et développons le public (je déteste cette expression : développement de public) de la même façon et on s'étonne après des avancées si lentes et du peu d'écoute des interlocuteurs qui nous dirigent. Pourquoi répondraient-ils puisque nous obéissons ?

Qu'est-ce que ça donnera tout ça dans dix ans ?

Vous n'avez pas l'impression que la machine huilée pourrait rouler comme ça jusqu'à la fin des temps et que nous ferons tous chacun notre spectacle, bon an mal an, essayant de les refaire dans des programmations décidées (d'autres boîtes) trois ans à l'avance et ça, si on veut bien de nous ? Vous ne sentez pas que ça nous nuit ? Que nous n'inventons plus ?

Le théâtre n'est pas fait pour des boîtes.

Elle vient d'où cette stagnation ?

En partie de notre obéissance.

Je vous entends : il y en a des actions qui font bouger les choses. Ça a changé, on a des acquis maintenant. Certes. Mais on va s'en contenter ?

Ne me parlez pas des États généraux. Bien que je reconnaisse tout le travail, ça a fait plaisir à tout le monde et particulièrement au Ministère parce que tout le monde est reparti chez soi, silencieux.

Le lobby ? Quand nos interlocuteurs rabâchent le discours électoral et ne vont ni voir un film, ni voir une pièce en dehors de la Cour d'honneur à Avignon, les actions souterraines ne servent que ceux qui les financent. De la sorte, on leur sert le plat froid et stérile qu'ils veulent bien manger : le jeu politique. Et ainsi, nous devenons tout ce que nous cherchons à dénoncer dans nos théâtres.

Les conventions collectives ? Bien que nous ayons sauvé les meubles devant une entreprise de colonnes de chiffres qui ne pense qu'à 13 % de ses capacités, bien que nous ayons réussi à nous tenir par le nombre, la dernière négociation ACT-UDA était difficile. Nous avons gagné. Mais je ne peux pas faire autrement que de penser qu'un d'entre nous en est sorti amoché : le théâtre.

Je ne veux plus négocier. Ni pour savoir où jouer, ni pour savoir combien ça coûte.

Tout le monde travaille fort, nous sommes tous intelligents, cultivés, mais notre acceptation nous déshonore. Notre manière machinale de refaire et refaire et redire et redire, en dehors des oeuvres produites (magnifiques d'ailleurs) nous enlève toutes chances de ne pas mourir, de ne pas crever au milieu d'une foule qui nous pié­tinera sans scrupules. Et je ferais pareil.

Je dis NON.

Je n'en peux plus.

Si nous sommes gentils, nous serons dévorés par les loups.

Nous le sommes déjà.

J'en ai marre de plier, d'accepter des réponses froides de manque de fonds, d'acquis chaudement gagnés. Je devrais me taire parce que c'est mieux qu'en 1980 ?

Se taire, c'est mourir.

Vous êtes pas écoeurés de mourir, bande de caves ?

Vous êtes bien, vous, dans vos boîtes ?

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Franchement, je trouve ces lettres (celle de Dubois et celle de Faucher) intéressantes, mais en même temps, je ne sais trop quoi en penser. Personnellement, je suis assez pour la (et les) structure(s)... tout peut être amélioré... mais il semble que je n'ai pas assez la fibre révolutionnaire pour y adhérer en totalité...

Et bien que je comprenne parfaitement de quoi il s'agit, ce qui est décrit dans ce(s) texte(s) correspond plus, à mon avis, à une situation des deux grands pôles que sont Québec et Montréal... Nos problèmes régionaux ne sont qu'une partie négligeable dans cette équation (dans le sens où le modus operandi semble différer)...

La grande question, si on y revient, serait «Les structures nuisent-elles à l'artistique?» Je ne le crois pas. Le problème vient plutôt du fait que ces structures sont administrées, gérées, par ceux qui doivent faire le théâtre... Après la séparation de l'Église et de l'État, il faudrait peut-être songer à une véritable séparation de l'Administration et de l'Artistique.
Les énergies se perdent... et les gestionnaires le sont par défaut. Et le «par défaut» gruge terriblement... Quant au financement... il est de notoriété publique que les argents du CALQ sont insuffisants (de mémoire, selon une étude commandée par le MAL en 2008, les besoins réels seraient d'environ 140 000 000$ alors que les budgets effectifs doivent tourner autour de 80 000 000$). Mais financer le fonctionnement ne devrait pas affaiblir les montants dévolus aux projets mêmes...

Finalement, est-ce que les différentes demandes anéantissent les personnalités? Est-ce que cela crée un moule??? Je crois que non. Il s'agit de trouver son équilibre là-dedans. Au lieu de toujours chiâler contre la structure, pourquoi ne pas la voir, justement, comme étant un outil essentiel (et non pas un but!)? Mais peut-être suis-je trop naïf...

Monsieur Dallaire à la montagne

La prudence est la mère de la porcelaine/De l'art de choisir ses compagnes de voyage.

Photo © Carol Dallaire


Depuis la semaine dernière, le Centre National d'Exposition (CNE) du Centre culturel du Mont-Jacob à Jonquière présente Monsieur Dallaire à la montagne... le Monsieur Dallaire étant Carol Dallaire.

Au mur, de nombreuses infographies...

Mais ce qui me plaît et me fascine le plus de cette exposition demeurent ses dizaines de petites mises en scène d'objets enfantins qui prennent, quand on s'y arrête, un sens critique peu commun. De véritables petits rébus sculpturaux. Jules Renard disait «Le théâtre amuse l'esprit, il ne doit pas le préoccuper». C'est ce à quoi tend ces petites scènes dramatico-burlesques.

Ici, les jouets deviennent des personnages aussi grandioses que minuscules qui évoluent dans de micro-scénographies composées de tout et de rien. La mise en contexte, par les titres, composent un va-et-vient incessant entre le monde de l'enfant et celui de l'adulte, entre la naïveté et la conscience, entre l'évidence et le sous-entendu. Une matière riche.

Devant cette exposition, on retrouve, en quelque sorte, l'essence du théâtre: le jeu. Une théâtralité qui demeure simple, efficace, sans prétention, avec , pourtant, une forte puissance d'évocation. Oui, le jeu... comme seul les enfants savent utiliser et qui, en un clin-d'oeil, refait le monde.


Au théâtre, cette semaine! (du 21 au 27 novembre 2010)


Autre semaine de marathon dans le monde du théâtre saguenéen... À titre informatif, il reste encore quelques trois semaines d'intenses activités avant de tirer le rideau sur cette première saison de l'année 2010-2011...

Aujourd'hui, dimanche - 21 novembre 2010
Salle du Facteur Culturel (Jonq.), 14h

DERNIÈRE CHANCE! Dernière représentation de Petites histoires avec une mère et une fille dedans du Théâtre CRI. Un texte de Marie-Christine Bernard, mis en scène par Émilie Gilbert-Gagnon, avec Marilyne Renaud et Guylaine Rivard. (Mon commentaire.)

Aujourd'hui, dimanche - 21 novembre 2010
Salle Murdock (Chicoutimi), 14h

Dernière représentation de la première série du Théâtre À Bout Portant qui présente Le déclin des soleils de glace de, par et avec Vicky Côté. (Mon article dans le Voir.)

Aujourd'hui, dimanche - 21 novembre 2010
SS-05 (Centre des arts de Chicoutimi), 14h et 20h

DERNIÈRE CHANCE! Dernières représentations du quatrième solo du Théâtre du Faux-Coffre, Pendant ce temps dans la tête de Grossomodo.

Mercredi / jeudi - 24 / 25 novembre 2010
Salle Pierrette-Gaudreault /Auditorium d'Alma, 20h

La Rubrique et l'Auditorium d'Alma reçoivent, à une journée d'intervalle, le Théâtre de la Manufacture et son spectacle coup de poing Après la fin de Dennis Kelly, mis en scène et joué par Maxime Denommée (et aussi Sophie Cadieux). Un huis clos angoissant dans un bunker après une attaque nucléaire..

Mercredi à samedi -24 au 27 novembre 2010
Côté-Cour (Jonq.), 20h

Dans le cadre de Saguenay Capitale Culturelle, le Côté-Cour reprend son titre de producteur pour présenter Traces, un spectacle sur l'industrialisation et l'urbanisation de Jonquière, écrit par Marc-André Perrier et mis en scène par Marilyne Renaud.

Jeudi à samedi - 25 au 27 novembre 2010
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
(et le dimanche, 28 novembre, 14h)

Seconde semaine de représentations du Théâtre À Bout Portant et de son tout nouveau spectacle, Le déclin des soleils de glace (voir plus haut pour plus d'informations).

Vendredi - 26 novembre 2010
CRC (Chicoutimi), 9h

Tenue de la table de compétence (théâtre) du Conseil Régional de la Culture à laquelle sont conviés tous les artisans de la région.

Voilà. Je crois que c'est tout... à moins qu'un événement ne m'ait échappé. Si c'est le cas, qu'on me le fasse savoir!

samedi 20 novembre 2010

Metteur-en-scénocentrisme...

Je ne suis pas particulièrement textocentriste (et encore moins partisan de la voix de l'auteur, notamment pour les auteurs des époques passées). Ni accroc aux nouvelles technologies. Non. Si j'avais à qualifier mon théâtre, je le dirais du metteur en scène (et, par ricochet, de l'acteur!). En ce sens, je suis assez d'accord avec Michel Corvin qui cherche à établir, dans un article (Qui parle au théâtre?) publié en 2005 dans l'ouvrage Le théâtre au plus près (aux Presses universitaires de Vincennes) un recentrage sur ce personnage.

[...] Qui parle [...] au théâtre? Le metteur en scène, bien évidemment, dont la voix couvre toute autre voix. Sans lui, l'œuvre ne prendrait pas de sens; elle stagnerait, insensée, flottante, inutilisable, asociale, livrée aux caprices incontrôlables d'une lecture libre.

[...] La première langue que doit parler le metteur en scène est celle de son public et pas du tout celle de la pièce qu'il monte. Sa deuxième langue, le metteur en scène se la crée: c'est un idiome original [...].

Ceci étant dit, qu'on ne se braque pas à l'instant car il reconnaît du même souffle que la part du jeu dans l'écriture scénique est majeure. En d'autres mots, il recentre le théâtre sur son caractère vivant, sur les femmes et les hommes qui le font (metteur en scène, acteur, spectateur) et qui, entre la scène et la salle, ont de véritables échanges directs.

Bon. Sur papier (ou sur l'écran!), ça peut aller... mais effectivement, dans les faits, rien n'est jamais aussi tranché.


jeudi 18 novembre 2010

Repiquage d'un texte de Martin Faucher à partir de la chronique PARATHÉÂTRE de Philippe Couture (Voir Montréal)

Un milieu docile et obéissant

Par Martin Faucher - 12 novembre 2010

Je suis d'un pays qui promettait tant et qui ne m'apporte que trop son lot de désillusions et d'amères déceptions.

Au royaume du Je me souviens, je suis d'un pays qui a toutes les peines du monde à tenir le pari de notre présent et de notre futur.

Ici, il est bien difficile de bâtir avec intelligence, goût, sensibilité, respect d'autrui et harmonie.

Ici, guérir, vieillir ou mourir dans la dignité relève trop souvent de l'exploit.

Ici, on a beaucoup de pudeur à pourvoir nos institutions d'enseignement supérieur de moyens décents afin d'être à la hauteur d'une jeunesse talentueuse et prometteuse.

Ici, au moment où j'écris ces mots, on n'a aucune honte à brader mes terres à tout venant afin qu'on les fore et les perfore pour soi-disant créer de la richesse, nouveau credo qui justifie les pires abus du capitalisme sauvage et qui sert à l'enrichissement personnel d'une poignée d'amis du système.

Je suis d'un pays à l'éthique élastique où un appât du gain démesuré flirte avec la corruption et une désarmante démagogie bon enfant.

Je suis d'un pays où l'on devrait diffuser obligatoirement Réjanne Padovani de Denys Arcand sur toutes les chaînes le 24 juin afin que l'on se dise une fois pour toutes : Pus jamais !

Du sombre portrait de clown sur velours qui pleure dans cet immense centre d'achat de banlieue que devient mon pays, il n'est pas étonnant que l'art du haut et fort, que l'art du cri articulé qui mord, du cri qui dénonce et qui peut tuer, bref, que l'art du théâtre n'ait pas su tirer, au fil des décennies, son épingle du jeu.

Au pays des Claude Gauvreau, des Jean Gascon, des Jean-Louis Roux, des Buissonneault, Brassard, Tremblay, Ducharme, Loranger, Ronfard, Gravel, Lepage, Marleau, Haentjens, Poissant, Cyr, Mouawad et Lepage, jamais, au grand jamais je n'aurais pensé appartenir à une communauté condamnée à vivre pour un petit pain. Un petit pain théâtral.

En effet, force m'est d'admettre que vu la régression économique (oui, oui, oui, n'ayons pas peur de nommer les choses telles qu'elles sont, peu importe les dires de tous les James Moore de ce pays) à laquelle nos gouvernements de qui nous dépendons pour survivre artistiquement nous obligent, un petit pain, c'est ce à quoi nous sommes condamnés, que nos salles de spectacles contiennent 80 ou 800 places.

Mais là où je suis encore plus étonné, c'est de constater à quel point mon milieu théâtral est docile et obéissant face à cette consternante situation et ce depuis de trop longues années.

Cette obéissance et cette docilité ont bien sûr permis à certains d'entre nous d'affronter des crises financières et artistiques graves, assurant ainsi une pérennité aux lieux théâtraux et compagnies qu'ils dirigent. Les blâmer pour cela relèverait de la pure ingratitude, mais que vaut cette pérennité si c'est pour s'obliger à une sagesse, à une prudence artistique extrême, à une pauvreté des conditions de pratique, à une crainte permanente de la réaction du public qui fréquente nos théâtres et de qui dépend dans une trop forte mesure la survie de nos théâtres et compagnies?

Alors que nos gouvernements ont participé à trouver des solutions efficaces pour soutenir d'autres institutions montréalaises d'importance, nous gens de théâtre, notre docilité et notre obéissance à gérer avec une minutie scrupuleuse chaque cenne noire de budgets bien souvent faméliques ne nous aura mené nulle part. Pour toute récompense, nous continuons encore et toujours à gérer les cennes noires de budgets bien souvent faméliques.

J'en appelle donc à nos dirigeants de théâtres à mettre en pratique la gestion de l'audace et du haut et fort qui est l'essence même de notre art et ce, au risque de mettre la pérennité des lieux et compagnies qu'ils dirigent en péril, car que vaut la pérennisation de notre théâtre si c'est pour ériger en système, dans des théâtres bien rénovés, le pauvre, le prudent, le tiède, le fade, le consensuel, le passéiste, le stérilisé, l'apolitique, l'émasculé ou l'inoffensif?

J'en appelle aussi à tous les joueurs du milieu théâtral à ne plus siéger sur aucun jury et comité consultatif mis en place par les conseils des arts afin que soient attribuées les subventions aux compagnies québécoises de théâtre. Bien que je place une grande confiance en ces organismes essentiels à l'essor de notre art, siéger aujourd'hui sur les jurys et comités consultatifs qu'ils mettent en place revient à avaliser les politiques de décroissance artistique de nos gouvernements. Siéger sur ces jurys et comités revient à faire une sale job de bras à la place des ministres responsables de l'attribution des budgets faméliques alloués à la pratique du théâtre québécois. Siéger sur ces jurys et comités c'est avoir à porter trop souvent l'odieux de décisions contraires à la vision et aux valeurs qui animent notre milieu théâtral, comme par exemple l'excellence artistique. Siéger sur ces jurys et comités revient à devoir dire non, non, et, c'est plate, non à trop d'artistes et de compagnies théâtrales porteuses d'une réelle parole indispensable à l'épanouissement de notre art et de notre société.

Renvoyons ce travail de jury aux administrateurs de ces conseils des arts afin qu'ils puissent constater de visu l'ampleur du gâchis. Eux seront peut-être mieux en mesure de relayer directement aux ministres responsables l'absurde de la situation qui prévaut dans le milieu théâtral québécois.

Lors du spectacle inaugural de la première édition de Montréal complètement cirque, festival qui dès sa première édition jouit de subventions gouvernementales à faire baver d'envie tous les festivals québécois établis depuis de nombreuses années, le ministre des finances Raymond Bachand déclarait : Nous sommes les meilleurs en jazz. Nous sommes les meilleurs en rire. Dans cinq ans, nous serons les meilleurs en cirque ! (Applaudissements de la foule).

À quand un ministre qui aura la conviction et les moyens de proclamer haut et fort que dans cinq ans nous serons les meilleurs en théâtre ?

Je vais dans le même sens que le directeur artistique de la compagnie Les Fonds de tiroir, Frédéric Dubois, qui lors de l'assemblée générale de l'Association québécoise de théâtre du 5 novembre dernier a lu une lettre percutante et vais paraphraser le poète Claude Péloquin : Ne sommes-nous pas tannés de mourir bandes de caves ? C'est assez !

De premières en premières!

C'est maintenant au tour de Vicky Côté et de son Théâtre À Bout Portant de se soumettre aux joies fébriles de la première (de son spectacle, Le déclin des soleils de glace), ce soir, à la Salle Murdock!

À elle, à toute son équipe,

MERDE!!!


Des petites histoires...

(version longue d'un billet qui devait paraître dans l'édition du Voir d'aujourd'hui...)

Guylaine Rivard (photographie: Patrick Simard)

Décidément, les Petites histoires avec une mère et une fille dedans du Théâtre CRI ont réussi à m'en mettre plein la vue dimanche dernier, lors de la représentation de 14h... (Soit dit en passant, j'adore les matinées!).

D’emblée, le spectateur se retrouve devant une piste de cirque aux accents de nature morte – au sens littéral du terme! - avec des personnages étranges, entre le clown triste et la poupée mécanique…Une arène où la poussière s'accumule sur des souvenirs érodés et où l’effet spectaculaire se greffe à un quotidien tout centré sur la relation mère-fille. Un espace suranné et écrasant «Sur-naturé» dira la metteure en scène dans le programme.

Le potentiel événementiel (l'horizon d'attente du regardeur conjugué au devenir scénique de l'oeuvre) prend alors son envol...

Un monde éblouissant, excessif, se développe et frappe dès la première image (l'arrivée dans le véhicule bringueballant) et posent les jalons des images qui viendront. Une composition visuelle intéressante qui dénote d'une belle imagination de la metteure en scène.

Les comédiennes, vêtues d'éléments de costumes éclectiques, s’y fondent habilement et habitent ce lieu avec une chimie et une maîtrise corporelle qu'il fait bon voir. La rigueur et la précision du jeu mécanique de ces deux dames (il s'agit, bien sûr, de Marilyne Renaud et de Guylaine Rivard !) sont à saluer.

En quelques tableaux – dont on suit la succession par l’écriture de titres évocateurs dans le couvercle d’un coffre - la metteure en scène et le concepteur, Boran Richard, composent ensemble un monde théâtral prêt à porter un discours déjanté. Un monde corrosif. Un monde fort... et peut-être est-ce à partir d'ici que je me permets d'émettre quelques réserves toutes personnelles.

Car si l’ensemble esthétique se dévoile en toute cohérence et ingéniosité pour le juste plaisir du spectateur, le texte semble parfois, malheureusement, faire adéquation... subir un phagocytage formel qu'il peut difficilement esquiver. Comme s’il ne savait, par son écriture toute simple, atteindre la force plastique mise en place. Niveau de langage utilisé (le familier)? Diction et déclamation? Construction dramaturgique? Je ne sais guère... mais devant cette production, j'ai parfois eu l'impression que l’équilibre s'avérait parfois précaire dans le va-et-vient entre les mots de l'auteure et l’écriture scénique; que les enjeux d'un tableau à l'autre se perdaient dans la quête de l'émerveillement. Une question m'est passée par la tête à deux ou trois reprises: «Qu'est-ce qui se passe exactement?»

En même temps, je comprends (et, d'une certaine manière, j'accepte la convention...) la conception impressionniste de cette production: des moments fugitifs, éphémères... à juste titre, de petites histoires faisant une radiographie (que j'aurais, je l'avoue, souhaitée plus profonde!) parfois ludique et poétique (comme la scène du brossage des longs cheveux), parfois convenue (notamment la scène du miroir pour indiquer la ressemblance), des liens conflictuels ou symbiotiques entre une mère et une fille... Des formes brèves. Des flashs... dont la scène dilue parfois l'effet par des transitions un peu longues qui brouillent les pistes...

Mais ceci reste mon opinion personnelle. La meilleure façon de s’en faire une bonne idée reste d’aller voir ce spectacle soi-même... et ça vaut le coup! Je ne dirai jamais assez l'importance d'un théâtre de recherche comme le CRI dans le paysage théâtral saguenéen!

Encore jusqu’au dimanche 21 novembre 2010
Salle du Facteur Culturel (Jonquière)


mercredi 17 novembre 2010

Plus ça change...


De retour avec un de mes sujets favoris: la critique théâtrale... c'est-à-dire, pour être plus précis, sa fonction ou, comme dans ce cas-ci, la réception de celle-ci par les artisans. Un sujet sans fin qui semble se régénérer d'années en années tout en conservant un même fond de vérité!

Voici, en ce sens, une confidence d'un auteur dramatique du début du XXième siècle, M. Gustave Guiches, qui a raconté ses souvenirs dans un livre simplement titré Le Spectacle* (paru, j'imagine, vers 1920-1930...). Un petit passage est fort plaisant et, sorti de son contexte, pourrait s'appliquer encore de nos jours:

(cet extrait fait suite aux récits de l'insuccès de sa pièce Snob qui le vit accablé par la critique et du triomphe de la suivante, Chacun sa vie...)

«Je sens, dit-il alors, que le succès me rend sociable autant que l'insuccès me voulait insociable. Je sens que, dans l'insuccès, je méprisais et haïssais la critique. Je sens que, dans le succès, je l'honore, je l'aime et je lui en suis reconnaissant! Misère des jugements humains! Vérité dans l'insuccès? Mensonges dans le succès? ou le contraire?...»

[...] «À mon premier échec, dit-il, j'ai hurlé, j'ai grincé des dents, j'ai traité les artistes, la critique, le public, d'imbéciles, même de malfaiteurs!... Et au premier coup de soleil du succès, tout ça s'est dissipé. Je trouvais les artistes admirables, les critiques incomparables, et les spectateurs me semblaient tous être supérieurs et les plus braves gens!... Je n'étais pas plus équitable dans l'enthousiasme que dans l'irritation... La critique?... Du moment que nous la trouvons au-dessous de tout quand elle nous éreinte et au-dessus de tout quand elle nous louange, nous n'avons rien à dire d'elle car nous sommes incapables d'avoir, à son égard, une opinion équitable et désintéressée...»

Personnellement, je trouve la dernière phrase assez criante de vérité... et ces pauvres journalistes et chroniqueurs qui portent (ou qui devraient porter!) ce rôle sont donc toujours sur la corde raide!
_________________________________________
* Cette citation est tirée de l'ouvrage Initiation à l'Art dramatique de Jean Béraud, paru en 1936 aux Éditions Eugène Figuière, Paris.


mardi 16 novembre 2010

Boules en stock! [Carnet de notes]


Aujourd'hui, longue répétition en deux blocs: le premier, cet après-midi, consacré aux numéros comme tel; le second, ce soir, consacré aux liens.

Mine de rien, ce type de production demande encore plus d'énergie qu'un spectacle plus conventionnel parce que bien qu'il faut donner une forme à l'informe... Les textes sont construits au fur et à mesure du travail, selon l'inspiration du moment et l'apport des comédiens eux-mêmes. Il devient alors très difficile de fixer ceux-ci, de les arrêter pour avoir au moins le loisir d'y réintervenir. Alors que l'improvisation ne devrait, dans ce cas-ci, que fournir de la matière, elle agit souvent comme principal moteur lors des enchaînements. Pour un spectacle qui demande de la précision, de la rigueur, c'est un peu contraignant...

Il faut que les interprètes acquièrent une aisance propre à leur permettre de récupérer tout ce qui se passe tout en ayant une conscience théâtrale hypertrophiée!

La semaine dernière (mardi passé pour être plus précis), nous avons fait un enchaînement brut de tout le spectacle, que les numéros aient été vus ou non. Juste pour nous donner une idée de l'enchaînement de ceux-ci.

lundi 15 novembre 2010

Focalisons...

Où il est question dans de focalisation, une notion définie ainsi par Anne Ubersfeld dans Les termes clés de l'analyse du théâtre, publié aux éditions du Seuil en 1996:

FOCALISATION: Travail du spectateur choisissant un élément de l'espace, un détail de la représentation, un acteur, pour faire porter son attention sur cet élément, et éventuellement le suivre dans son évolution. Travail souvent prévu et préconstruit par le metteur en scène, le scénographe, voire l'éclairagiste.

dimanche 14 novembre 2010

«Vivre du théâtre: pas encore»... La Presse, 13 novembre 2010


Voici un article de La Presse, dans l'édition de ce week-end, écrit par Jean Siag:

Est-ce qu'on peut vivre du théâtre au Québec? Non, répond sans surprise le Conseil québécois du théâtre (CQT), qui vient de réaliser une première étude statistique sur l'économie du théâtre québécois en faisant le portrait de la saison 2007-2008.

À partir des données fournies par les associations de producteurs et d'artistes, le CQT a établi le salaire moyen des artistes de la scène à 8765$ par année, soit l'équivalent de deux contrats de travail. Une somme évidemment insuffisante pour ces travailleurs, forcés de diversifier leurs activités.

Selon le comédien Sylvain Massé, président du CQT, les comédiens ne sont pas nécessairement mécontents de varier leurs tâches, que ce soit en faisant du doublage, du cinéma, etc., mais il déplore tout de même les conditions faméliques de ces artistes, qui n'ont pas tous la possibilité de faire autre chose.

La rémunération des artistes pour leurs heures de répétition, une mesure mise en place au cours des deux dernières années, ne semble pas avoir amélioré les conditions de travail des artistes. «C'est un gain de principe, indique Sylvain Massé. Mais malheureusement, dans bien des cas, le producteur n'a pas plus d'argent, alors il réduit son budget de fonctionnement en conséquence.»

Peu de tournées au Québec

Autre donnée importante de ce Profil statistique de la saison théâtrale 2007-2008: parmi les 375 productions répertoriées durant la période d'étude, seulement le quart d'entre elles ont fait l'objet de tournées au Québec. Ce qui veut dire que l'accès du public à la scène demeure très limité.

Fait intéressant, ces quelque 90 productions qui font des tournées donnent plus de représentations en France (369) que dans toute autre région du Québec, à l'exception de Montréal.

«Bien sûr qu'on se réjouit de ce rayonnement, nous dit Sylvain Massé. Mais en même temps, nos régions sont privées de notre propre offre théâtrale, qui est en hausse. Et elles n'ont pas accès à certains de nos grands dramaturges comme Wajdi Mouawad.»

Le CQT, qui travaille de près avec le Conseil des arts et des lettres du Québec, a l'intention de rencontrer la ministre de la Culture et de la Communication, Christine St-Pierre, pour discuter du soutien gouvernemental aux tournées québécoises, une condition nécessaire selon le CQT pour mieux «diffuser notre culture».

«Non seulement le fédéral a coupé les programmes (PromArt et Routes commerciales) qui permettaient à nos compagnies de voyager, mais ici même, il y a une mauvaise circulation de nos productions. Ce qui fait que les compagnies de théâtre peinent à rentabiliser leurs projets», constate Martine Lévesque.

Un aspect positif de cette étude statistique: nos auteurs sont joués. Plus de 80% des productions proviennent en effet d'auteurs dramatiques québécois. Dont plus de la moitié (56%) sont des créations. Quant aux jeunes âgés de 18 à 34 ans, ils ont obtenu 45% de l'ensemble des contrats attribués pour l'ensemble des productions.




Au théâtre, cette semaine! (du 14 au 20 novembre 2010)


Petite semaine encore fort chargée dans ce mois de novembre qui devrait être qualifié de mois du théâtre au Saguenay (le mot n'est pas de moi moi de Sarah Moisan... sur une autre plateforme!)... Des nouveautés, des continuités, des visites... bref, encore une fois, de tout pour tout le monde.

Aujourd'hui dimanche - 14 novembre 2010
Salle du Facteur Culturel (Jonq.), 14h

Dernière représentation de la semaine de Petites histoires avec une mère et une fille dedans du Théâtre CRI... dont les commentaires reçus sont plutôt élogieux! Un texte de Marie-Christine Bernard mis en scène par Émilie Gilbert-Gagnon. Avec Marilyne Renaud et Guylaine Rivard dans un espace de Boran Richard. Avec seulement 47 places disponibles, mieux vaut réserver à l'avance!

Aujourd'hui dimanche - 14 novembre 2010
SS-5 (Centre des arts de Chicoutimi), 14h et 20h

Dernières représentations de la semaine de Pendant ce temps dans la tête de Grossomodo, le quatrième solo des Clowns noirs qui met en vedette -ô surprise!- Grossomodo... et une machine pleine de surprises! Avec seulement une petite quarantaine de places (et compte-tenu de l'engouement généralement dévolu pour ces personnages!), mieux vaut réserver à l'avance!

De merc. à sam. - du 17 au 20 novembre 2010
Salle du Facteur Culturel (Jonq.), 20h
(et le dimanche 21 novembre 2010, 14h)

DERNIÈRES CHANCES! Dernière série de représentations pour Petites histoires avec une mère et une fille dedans du Théâtre CRI (voir plus haut pour d'autres infos).

De jeudi à sam. - du 18 au 20 novembre 2010
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
(et le dimanche 21 novembre 2010, 14h)

Le Théâtre À Bout Portant présente Le déclin des soleils de glace, un projet de Vicky Côté axé notamment sur la routine et les façons de s'en libérer. Suite à Rage et Les Immondes de la même compagnie, il va sans dire que ce sera un rendez-vous à ne pas manquer!

Jeudi - 18 novembre 2010
Auditorium d'Alma (Alma), 20h
Vendredi - 19 novembre 2010
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 20h

Pour les amateurs de danse! L'Auditorium d'Alma et Diffusion Saguenay reçoivent, à tour de rôle, Danse K par K qui présentera son spectacle Cibler: Dans cette œuvre règne des ambiances d’inconforts et de malaises saturés dans un rythme époustouflant où des gestuelles complexes se succèdent sans relâche jusqu’au dernier souffle. La pièce se dessine en acte manqué, nous rappelant la fragilité de l’être humain. Ce spectacle empreint de symboles et de références, reste près de sa cible, l’humain avec toutes ces forces et ses faiblesses.

Vendredi - 19 novembre 2010
Auditorium d'Alma (Alma), 20h

Piaf remet ça et revient jouer à l'Auditorium d'Alma. Lors de son dernier passage à Jonquière dans les semaines dernières, les critiques n'ont pas été très tendre pour ce spectacle dont le personnage principal devait être interprété par Sylvie Drapeau.

De ven. à dim. - du 19 au 21 novembre 2010
SS-5 (Centre des arts de Chicoutimi), 20h
(également une représentation, dimanche, 14h)

DERNIÈRES CHANCES! Dernière série de représentations de Pendant ce temps dans la tête de Grossomodo (voir plus haut pour d'autres détails).

Bien. C'est tout ce qu'il y a sur mon radar! Si j'omets quelque chose, qu'on me le fasse savoir ou que l'on se taise à jamais.

samedi 13 novembre 2010

Voeu pieu...


Le théâtre est comme la messe;
pour en bien sentir les effets
il faut y venir souvent.

Émile-Auguste Alain
(philosophe, 1868-1951)
Éléments de philosophie


Bon, à notre époque, ça ne veut plus dire grand chose et, s'il en était ainsi, je ne donnerais pas cher de la survie du théâtre!

vendredi 12 novembre 2010

Au suivant!

Sortent depuis quelques minutes sur RDI les nouvelles Capitales Culturelles du Canada pour 2011... et non, Ville de Saguenay n'est plus dans le coup! Ainsi donc, ce seront Vancouver, Charlottetown et Lévis qui porteront ce chapeau que nous avons découvert dans un drôle de contexte (et j'espère pour eux que les organismes qui recevront l'argent n'irons pas sur la place publique pour dire qu'ils ont oublié pour quel projet ils sont financés...).

Gestion 101


Arrive toujours un moment dans l'année où la situation financière d'un organisme culturel (le Théâtre 100 Masques, pour ne pas le nommer dans ce cas-ci...) semble précaire... voire désespérée.

Pour nous, le problème vient du fait que par un choix logique et nécessaire, nous avons priorisé l'embauche temporaire d'une ressource pour les activités de l'automne (dont le contrat est maintenant terminé...): rapport des activités estivales, préparation des ateliers réguliers, demandes de subventions, parcours audiothéâtral, mise en lecture du Festival des Mets et des Mots, préparation de la production des Fêtes... à cela s'ajoute les ateliers pour aînés et les ateliers scolaires.

Cette ressource devait occuper le poste de façon très limitée, jusqu'à l'embauche (par le processus d'une subvention salariale... le temps que nous consolidions notre fonds de roulement) permanente d'une personne. Malheureusement, bien que le CLE nous ait octroyé une subvention dès la mi-septembre, les circonstances n'ont pas permis de remplir ce poste... et ce subventionneur s'est vu dans l'obligation de reprendre ce qu'il nous avait donné.

Ainsi donc, le fond de roulement de la compagnie a été fortement entamé... au point où décembre s'avérera aride. Pourtant, nous ne sommes pas sur le bord de la faillite, qu'on se rassure! Le grand problème de liquidité que nous pouvons éprouver (enfin, que nous éprouverons après que tous les comptes, cachets et autres salaires d'ici les Fêtes soient payés) vient du fait que outre une petite subvention du CAS, la plupart de nos revenus proviennent de services facturés... donc, souvent en attente... ce qui est le cas pour l'instant.

N'empêche que certaine nuit, le sommeil est difficile à trouver!



jeudi 11 novembre 2010

Ouf...

De mémoire (la mienne!), il me semble que c'est la première fois, la première saison où il y a un tel foisonnement théâtral, un tel bouillonnement scénique, que le milieu a du mal à suivre: essoufflement, chevauchement des projets, des productions, implication des artisans dans de multiples activités...

Pour la première fois, il me semble que le nombre de personnes impliquées est fort élevé... à moins que je me trompe...

D'une part, cela dénote une vitalité théâtrale incroyable pour une région... mais en même temps, il s'agit un peu aussi de poudre aux yeux parce que le financement, lui, n'est pas nécessairement au rendez-vous...

mercredi 10 novembre 2010

Admiration limitée!


Tiens tiens... pour continuer l'exploration du côté sombre de la vie théâtrale saguenéenne (qui marque bien l'état moyen dans lequel je me sens présentement!), je fais un petit détour par le fameux Petit Lexique Amoureux du Théâtre de Philippe Torreton (publié chez Stock en 2009... et dont j'ai plusieurs fois fait référence sur ce blogue) qui sait si bien s'atteler à cette tâche (et qui, du coup, prouve bien que c'est partout pareil... que l'on soit du Saguenay, du Québec, de la France!)... Un petit texte qui peut recouper ma petite montée de lait d'hier!

A comme Admiration

L'admiration laisse un vide. C'est une sorte de reddition en terrain neutre. L'admiration est compliquée pour un acteur: se réjouir du talent de l'autre.

En général l'admiration est lointaine, voire post mortem, nombre d'acteurs en couleurs admirent sans réserve les comédiens en noir et blanc. On admire le patrimoine, ou le comique qui devient sérieux, ou le tellement vieux.


Il est plus rare en revanche d'admirer le talent d'un comédien de la même génération que soi. On admire, en fait, d'autant plus volontiers lorsque les signes sont évidents que l'on ne boxe pas dans la même catégorie. D'autres choisissent la méthode inverse, mais qui revient au même, ils admirent tout le monde. Ils vont voir le plus de spectacles possibles et ressortent des loges en ayant repeint les murs de louanges. Le manque de travail peut provoquer cela, quand il ne rend pas aigri, il cacochymise le cerveau et rend tout le monde génial comme pour mieux expliquer son chômage, mais aussi espérer rester dans le coup: un compliment peut faire mouche.


Pardon, mais il est normal de ne pas avoir l'admiration facile dans ce métier. Pour de multiples raisons, d'ailleurs, la première, la plus objective, étant que le talent digne de ce nom est rare, la plupart du temps nous constatons un savoir-faire ponctuel, agréable ou surprenant, mais l'admiration demande à voir et à revoir, elle demande du temps, et c'est sans doute pour cela qu'elle se réserve aux aînés.


[...] Il faut avoir une belle confiance en soi, donnée par le succès, ou une grande fragilité pour admirer. C'est là que le débutant rejoint la vedette. Entre les deux, on se débrouille, on se contente d'aimer ou de ne pas aimer.


Encore une fois, il est difficile de ne pas se reconnaître ou de ne pas reconnaître la situation dans les écrits de ce comédien français! Décidément, j'en recommanderais la lecture à quiconque fait du théâtre... non pas pour briser les élans mais juste pour donner une vision plus juste du fonctionnement du théâtre dans ses moindres recoins!


mardi 9 novembre 2010

Boules en stock! [Carnet de notes]


L'équipe s'élargit cette année en faisant de la place pour cinq comédiens qui enchaîneront les numéros revisitant les grands classiques de la Noël: Marilyne Renaud qui reprend le rôle de Mme Weiss, animatrice de la soirée; Louison Renaud, Mélanie Potvin et Pierre Tremblay qui incarneront tout autant de Mères-Noël; et enfin (et non le moindre!), Patrick Simard, petit faire-valoir.

Ce soir, c'est la première répétition avec l'équipe complète.

Encore une fois, il s'agit de partir le bal des Fêtes avec un spectacle un peu grinçant sur les traditions. Les thèmes: noël et la religion, noël et la séparation, noël et les pauvres en haillons, noël et le bedon, noël et les réveillons, noël et les passions, noël et les rejetons...

Un cabaret festif haut en couleur... enfin, pas tant, puisque tout est rouge.

Fatigues

Il y a, dans ce beau milieu, une fâcheuse propension à se draper dans les superlatifs qualitatifs flattant qui un ami, qui un employeur potentiel...

Il y a, dans ce beau milieu, une fâcheuse propension à se comparer, se mesurer à l'aulne de ses propres critères... la médisance et l'hypocrisie devenant la principale arme pour sinon se remonter, du moins abaisser l'adversaire..

Il y a, dans ce beau milieu, une fâcheuse propension à se vexer, se contrarier, se froisser, s'indisposer, se mortifier, s'offusquer se replier sur soi... tout en tentant de ménager et la chèvre et le chou...

Il y a, dans ce beau milieu, une fâcheuse propension à se draper dans le rôle de victime, de martyr socio-économique, de souffre-douleur...

Oui, il y a beaucoup d'irritants...


Un jeu nécessaire

Saint Thomas d'Aquin

Alors que les pères de l'Église se répandaient de tout leur fiel contre le théâtre (voir , et ) pour sombrer dans le spectacle de leur propre égocratie... d'autres, au fil du temps, ce sont avérés moins obtus et plus ouvert à ce jeu de l'homme par l'homme.

Voici ce qu'en dit Saint Thomas (1225-1274), un théologien (dans un extrait publié dans la brique L'art du théâtre d'Odette Aslan):

Le jeu est nécessaire au commerce de la vie humaine: or, tout ce qui est utile au commerce humain peut justifier un métier; le métier des histrions, fondé pour la consolation des hommes, n'est donc pas en soi-même interdit, et ils ne sont pas en état de péché, pourvu qu'ils jouent avec modération, c'est-à-dire sans recourir dans leur jeu à des commerces et des affaires illicites; d'où il s'ensuit que ceux qui les rétribuent raisonnablement ne pèchent point, mais qu'ils agissent avec justice en attribuant une rémunération à leur travail.

Et voici que nos pauvres âmes d'histrions sont sauvées... promesse de Saint Thomas (qui n'est pas - dommage.. car l'ironie aurait été trop belle! - celui qui doute et qui fait proverbe)...

lundi 8 novembre 2010

Confusion des genres...

J'ai parfois l'impression, avec les gens d'un certain âge, quand je parle de mon métier - du théâtre! - qu'on confond cet art de la scène avec le cinéma... que c'est pour eux la même chose.

Comme lorsqu'on entend «aller au théâtre» en lieu et place du «aller au cinéma».

D'ailleurs, dans le Dictionnaire des canadianismes de Gaston Dulong, à l'entrée Théâtre, on peut lire ceci:

Théâtre.: n.m. Cinéma. Aller au théâtre: c'était il y a pas longtemps aller au cinéma, les films étant projetés dans le théâtre de l'époque. Mot en perte de vitesse.

Ça reste encore pourtant, dans certain milieu... et ça a le don de m'énerver... tout comme m'énerve la fameuse réplique si souvent entendue, quand je dis que je travaille dans le théâtre... «Moi aussi j'en ai fait du théâtre, quand j'étais au secondaire».


dimanche 7 novembre 2010

Au théâtre, cette semaine! (Du 7 au 13 novembre)


Petit calendrier pour un homme pressé... Pour plus de détails, il faut consulter ou les journaux, ou les sites de chacune des compagnies mentionnées.

Mercredi - 12 novembre 2010
Salle Pierrette-Gaudreault, 20h

Le Théatre La Rubrique présente En attendant le songe... une mise en scène d'Irina Brook (la fille de son papa, auteur de L'Espace vide) qui est à ne pas manquer apparemment! Un spectacle qui semble fantastique.

De mercredi à samedi - 10 au 13 novembre 2010
Salle du Facteur culturel (Jonq.), 20h
(et le dimanche 14 novembre, 14h)

Le Théâtre CRI en est à sa seconde série de représentations de Petites histoires avec une fille et une mère dedans.

Vendredi, samedi - 12 et 13 novembre 2010
(et le dimanche, 14 novembre, 14h et 20h)
SS-05 (Centre des arts de Chicoutimi)

Grossomodo présente encore son solo: Pendant ce temps dans la tête de Grossomodo.

Vendredi - 12 novembre 2010
Auditorium d'Alma, 20h

L'Auditorium d'Alma reçoît les Têtes Heureuses qui y donneront leur Soudain l'été dernier.

vendredi 5 novembre 2010

Boules en stock! [Carnet de notes]


Les jours avancent et les numéros se dessinent peu à peu... Il y en aura dix... et trois ont déjà vu leurs contours tracés. À partir de là, c'est aux interprètes de les prendre en charge, de s'y glisser et de les développer.

Cette année, à la différence des années antérieures, ce spectacle sera fort musical...

La difficulté est de créer le rire tout en maintenant un niveau de rigueur et de technique élevé. De ne pas céder au chant des sirènes... ou plutôt, aux réactions des spectateurs!

Je crois que l'édition 2010 de la production des Fêtes du Théâtre 100 Masques sera l'une des plus drôles (nous en serons déjà à notre quatrième!).

jeudi 4 novembre 2010

Faire, défaire et refaire...


Si je dis aujourd'hui à l'acteur: «Bien»,
cela ne signifie pas du tout que je serai content de lui le lendemain quand il reprendra le passage de la même façon.

Meyerhold

J'aime bien cette citation... et j'aime bien le droit qu'elle donne au metteur en scène d'évoluer, de revenir sur son travail, de prendre du recul pour faire des ajustements... et elle dit bien la situation qui mène souvent le comédien (et les concepteurs) à dire: «Ben voyons... je ne te suis pas... c'est toi qui m'a dit de faire comme ça hier!»...



Soudain l'été dernier... quelques mots

Maude Cournoyer, Lucille Perron et Martin Giguère
Soudain l'été dernier, Les Têtes Heureuses, 2010
Photographie: Les Têtes Heureuses (Geneviève Mercier-Bilodeau)

Soudain l'été dernier des Têtes Heureuses a de quoi troubler les esprits: dans cette pièce terrible, on s'y joue les uns des autres pour atteindre son but, pour imposer sa vérité. Mais plus encore, on lui cherche un sens qui prend le visage d'un Dieu enragé et cannibale, prêt à déchirer le ventre de ses victimes pour y arracher les entrailles et les avaler jusqu'au néant... Le malaise est profond...

Avec cette production, le metteur en scène Rodrigue Villeneuve reste fidèle à son style, tant dans la forme que dans la couleur (une exigence formelle assumée!), avec une solide direction d’acteur ponctuée d’obsessions fugaces qui font sa marque - des cigarettes à fumer, des souliers à enlever, des poses sur une chaise. La maîtrise est grande... et généralement bien transmise à son équipe.

Encore une fois, l'espace (une terrasse magnifique conçue par Michel Gauthier) fait preuve de sobriété: constitué principalement d’un plancher et d’un corridor blancs dénués d’accessoires (si ce n'est d'une lampe et d'une immense photographie d'enfant), il est destiné à prendre vie sous les lumineux effets d’éclairages d’Alexandre Nadeau (une luminosité qui contraste de façon éblouissante avec la noirceur des êtres)... On y retrouve là -et facilement!- les préoccupations esthétiques du metteur en scène et, du coup, la ligne directrice des décors des productions antérieures: lignes simples et épuration. On pourrait presque dire variations sur un même thème. Une recherche de perfection scénique...

Outre les concepteurs nommés précédemment, il faut aussi noter la conception sonore de Patrice Leblanc et les costumes de Yasmina Giguère.

Oui, un travail rigoureux... pour une mise en scène somme toute assez traditionnelle qui va droit au but et qui laisse toute l’écrasante place aux comédiens. Car écrasant est ce récit qui broie littéralement les personnages...

Deux voix s’élèvent parmi les six interprètes qui peuplent ce monde scénique. Celle de Lucille Perron, puissamment mélodique (et avec sa sonorité qu'on ne retrouve plus dans le milieu théâtral régional), réussit à faire résonner l’illusion bornée et acharnée de la femme meurtrie par la perte de son fils mais, plus encore, la perte de sa jeunesse. Celle, enfin, de Maude Cournoyer, qui lui fait écho, d’une frappante justesse dans le staccato fébrile et nerveux de la terrifiante vérité. Ce sont elles qui laissent des traces dans l’imaginaire du spectateur… car entre ces deux femmes qui ont tant à dire et à cracher, les autres personnages ne peuvent que jouer le rôle parfois ingrat de faire-valoir.

Une production à voir... et il ne reste plus que quelques jours!
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Voici quelques billets publiés à ce sujet:
Soudain l'été dernier: coup de théâtre, coup de coeur (Spécial du jour)
Soudain l'été dernier des Têtes Heureuses (Jack aime/Jack n'aime pas)
Intenses émotions aux Têtes Heureuses (Progrès-Dimanche, 31 oct. 2010)


mercredi 3 novembre 2010

Sur les bancs d'école...


Quelques jours (enfin... deux!) dans la capitale pour une rencontre plus administrative que théorique avec ma directrice de recherche.

Dans le cadre de mon doctorat, comme je ferai appel à ce qui est convenu de nommer des sujets humains, je dois faire évaluer mon projet par le CÉRUL, le comité d'éthique de la recherche de l'Université Laval, et attendre de recevoir son approbation pour enclencher le travail concret... à savoir, constituer la troupe permanente qui portera la recherche pendant trois ans...

Par ailleurs, je suis à cerner les deux notions principales qui vectoriseront (à partir une grille de travail toute meyerholdienne) ma pratique doctorale, la théâtralité et la performativité... parce que ce sont les deux notions qui ont fait se poser de nombreuses questions à l'évaluateur de mon dépôt de sujet, en mai dernier. Une rencontre entre lui (il s'agit de Robert Faguy), ma directrice (Irène Roy) et moi est envisagée d'ici quelques semaines pour débattre et argumenter mes points de vue.

Voici donc où j'en suis rendu.