vendredi 29 janvier 2010

Une exaltation du vide...


C'est la tempête dehors... et dedans, ici, les feuilles volent et je fais le ménage de mes articles. Tâche ardue car chacun de ceux-ci m'arrêtent de longues minutes et m'obligent à les lire... et à penser!

Dans ma recherche théâtrale personnelle (qui se répercute, en un sens sur toute ma pratique...), je veux me rapprocher le plus possible de l'essence du théâtre, pratiquer, en quelques sortes, un fondamentalisme scénique: l'acteur, le texte, la scène... et, pour lier le tout, le vide. Je voudrais créer un théâtre où le code se fait chair, où la voix se fait silence, où le théâtre se fait performance... avec le minimum de support matériel... Exalter le vide pour atteindre le spectateur de plein fouet. Un théâtre de l'essence.

En ce sens, un article paru en 2008 dans la (magnifique!) revue Théâtre/Public sous la plume d'Antoine Juliens, Que le théâtre soit oracle, me parle beaucoup:

Je me suis dit que tout était à construire dans le silence du blanc. C'est sur cette dimension «entre» qu'il me faut réussir à structurer ce qui deviendra évident aux yeux des spectateurs. C'est ce «vide», c'est en ce vide apparent qu'il faut puiser le vrai d'une situation. Cela éveille et modifie toute considération du temps scénique et de son implantation sur la scène. [...] La tragédie n'est pas dans le cri, mais dans le temps de son écho. [...] Théâtraliser le verbe, c'est mettre en scène son silence. Créer le silence, c'est lui trouver son expression juste, qui matérialisera la pensée en son espace.

La question de la forme est nécessaire... certes. Mais peut-être le blocage ressenti dans cette quête réside dans le manque de contenu, de messages? Qui sait...


Être ou ne pas être...


Le personnage et le comédien font deux. Pendant des jours et des jours, le premier échappe au second avec une aisance démoniaque. Le pire alors est de vouloir lutter avec ce fantôme, de le forcer à être vous. Si vous voulez qu'il vienne docilement s'intégrer à votre corps et à votre âme, oubliez-le. Dans cette poursuite par osmose dont il est le témoin averti, le réalisateur [nda.: il s'agit bel et bien du metteur en scène...] doit mettre en confiance l'interprète, lui faire croire qu'il a, comme on dit si justement, trouvé ou retrouvé son personnage. Il n'est pas d'un esprit naïf d'affirmer qu'à un moment de l'interprétation tout n'est plus qu'une question de croyance. C'est par le non-combat, par l'assurance de la victoire sur le monstre fuyant que le comédien, finalement, vaincra.
Jean Vilar

Cette citation de Vilar illustre de belle façon cette quête du comédien, ce gouffre appelé personnage qui semble s'ouvrir devant lui et qu'il doit combler... La traque d'une chose fuyante, d'un esprit, d'un état...

Cette citation décrit également en des termes clairs comment le metteur en scène (qui teinte son action d'une couche de diplomatie, de renforcement positif et de psychologie) évolue avec le comédien, comment la notion de confiance devient une nécessité dans cet art résolument humain.