vendredi 2 avril 2010

La Défonce [Carnet de notes]



Voici un article paru ce matin sur le site (et probablement dans le journal... bien que je ne connaisse pas le jour de sa parution) de L'Étoile du Lac: Une pièce dure couronnée par l'audace d'Hélène Gagnon

Question de caractère...


Tiens, tiens...

Quand je fais une mise en scène (et, là-dessus, les comédiens du Mic Mac acquiesceront sans doute!), je suis plutôt avare de compliments. Non par manque d'enthousiasme ou d'ennui. Non par lassitude ou par absence d'émotions. Non. J'ai toujours cru manifester mon euphorie de travailler avec les acteurs, ma tendresse et mon intérêt pour la production d'une autre façon que la flatterie (entres autres choses par mon plaisir d'être, avec eux, dans la salle de répétition et en pleine création). De cette façon, oui, au moment des notes, des commentaires, je pointe les points négatifs, les erreurs, les faiblesses au détriment des grandes scènes, des beaux morceaux et des moments de grâce...

C'est comme cela et je ne me suis jamais posé plus de questions... et ce matin, en lisant le bouquin sur André Brassard paru il y a peu (Brassard de Guillaume Corbeil, Éd. Libre Expression, 2010), je trouve cet extrait (p.133) qui me fait sourire et que j'aurais presque pu répondre quand on me reproche cet état de fait:



Depuis longtemps, je choisis mes mots avec prudence pour parler d'un spectacle ou du jeu d'un acteur. Après une répétition, je vais dire que c'était pas pire, et des fois que c'était bien. C'est le maximum. Quand tu dis à un acteur qu'il est extraordinaire, ça l'empêche de travailler. Ça lui crée un stress, il a l'impression qu'il doit toujours répondre à ça, être à la hauteur de standards qu'il a lui-même fixés. Ces mots-là sont terriblement dangereux. Si tu as le malheur de dire à quelqu'un que c'est bon, ce qu'il a fait pendant sa scène au deuxième acte, il ne sera peut-être plus jamais capable de la rejouer aussi bien. Il se mettra à ruminer, à se demander ce qu'il a fait de spécial pour être bon cette fois-là.
[...] Il voudra s'imiter lui-même et ne trouvera plus la vérité de ce qu'il a fait. Il ne vivra plus la scène, il tentera de la reproduire. Alors mieux vaut parler de ce qui ne marche pas plutôt que de ce qui marche. Ça semble méchant, mais au fond c'est une façon de protéger les gens d'eux-mêmes.

C'est bien dit... un peu sentimental, mais bien dit.


La Défonce [Carnet de notes]




Quelques mots sur la première d'hier...

Il me semble que ça allait. La nervosité n'a jamais été apparente chez les comédiens qui paraissaient en contrôle, en pleine possession de leur moyen. Petits accrochages minimes... mais rien de catastrophiques. Le seul véritable problème réside en la force de la voix parce qu'une salle recouverte de tapis, ceinturée de rideaux et pleine de personnes a la fâcheuse tendance à absorber le son. Mais encore là, rien de catastrophique. Pendant une heure et dix minutes, les spectateurs ont partagé ce moment de théâtre.

Les réactions étaient généralement positives.

Pour ma part, pour une des rares fois, je me retrouvais parmi le public, assis, à l'aise, à regarder cette production prendre son envol avec plaisir. Je suis vraiment très content du résultat obtenu.

Mais ce n'est pas fini...

Meyerhold (bon, j'y reviens toujours comme un mantra!) disait (et je l'appuie!) que les critiques souhaiteraient tout particulièrement que la maturation de l'artiste ait lieu quelque part dans un laboratoire avec des fenêtres voilées et des portes closes. Mais nous poussons, mûrissons, cherchons, nous nous trompons et nous trouvons sous les yeux de tout le monde, et en collaboration avec le spectateur. C'est le sang versé sur le champ de bataille qui instruit le chef d'armée. L'artiste, lui, apprend au prix de son propre sang... Et qu'est-ce qu'une erreur? L'erreur d'aujourd'hui peut parfois engendrer le succès de demain.

Maintenant, par exemple, les comédiens (soutenus par l'équipe du Mic Mac) doivent poursuivre le travail avec rigueur et professionnalisme pour parfaire l'évolution scénique de La Défonce. Une production comment véritablement à vivre à partir des représentations! Pour ça, compte-tenu de mon éloignement, je leur fais entièrement confiance!

La prochaine fois que j'irai, la semaine prochaine, je m'attends à remarquer cette évolution!