vendredi 16 avril 2010

Et c'est reparti.


Voici (cliquer sur ce lien... mais sur mon ordinateur, c'est très long à télécharger...) l'analyse comparative des deux projets concernant la salle de spectacle à Saguenay fournit par Deloitte: une nouvelle construction sur la zone portuaire ou la rénovation de l'Auditorium-Dufour?

Le citoyen d'abord sera invité à se prononcer le 6 juin prochain dans le cadre d'une consultation publique. D'ici là, cette saga a le temps de redevenir le dossier chaud et de permettre à tout un chacun d'y aller qui de sa sortie en règle contre l'administration municipale, qui de sa sortie en règle contre le milieu culturel qui ne fait que dépenser. La rengaine habituelle quoi...

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À lire, le commentaire de la section 10 (24ième page du document).




Le véritable rôle de l'artiste...

Extrait d'un article (voir l'intégralité ici) paru dans Le Droit, le 13 avril dernier. Les quelques mots qui vont suivre sont de Wajdi Mouawad, qui est - outre un auteur et un metteur en scène fort reconnu - directeur artistique de la section française du Centre National des Arts à Ottawa.



Un artiste est là pour déranger, inquiéter, remettre en question, déplacer, faire voir, faire entendre le monde dans lequel il vit, et ce, en utilisant tous les moyens à sa disposition. Or, pour que cela puisse advenir, il doit poser un geste qui va d'abord et avant tout le déranger lui-même, l'inquiéter lui-même, le remettre en question lui-même, le déplacer lui-même, le faire voir lui-même, le faire entendre lui-même.

Un artiste doit être à la fois le pont et le ravin.

Créer, c'est sortir de son propre néant. Cela ne peut pas se comprendre.

Une œuvre n'est pas là pour plaire, elle est là pour enflammer.

Une œuvre n'est pas faite pour être comprise.

Une institution culturelle n'a pas à se préoccuper du nombre de ses adhérents.

Une institution culturelle se préoccupe uniquement de l'excellence de son engagement envers la création et les artistes.

C'est cette liberté qui donne précisément à une institution ses qualités et sa spécificité.

La meilleure manière, pour un artiste, de respecter un spectateur, c'est de le croire plus intelligent que soi-même.

Nous ne sommes pas là pour servir.

Nous ne sommes pas là pour réussir.

Nous ne sommes pas là pour divertir.

Nous ne sommes pas là pour recommencer.

Nous sommes là pour impliquer.

Si un artiste devait être un mot, il serait le mot « pli «. Le mot pli se retrouve dans : « Plier. Déplier. Replier. Impliquer. Compliquer. Expliquer. Simplifier. Dupliquer. Appliquer. Amplifier».

Nous ne sommes pas là pour inventer, mais pour élargir les blessures.

Si l'artiste devait être un animal, il serait soit un scarabée bousier, soit un boa constrictor.

Œuvrer pour une minorité qui ne s'intéresse pas à ce qui intéresse la majorité, c'est aussi cela la démocratie.

L'art n'est pas un paillasson sur lequel on vient essuyer, histoire de la satisfaire, sa compréhension béate.

Un artiste n'est pas politicien.

(Et enfin, le plus insupportable.) Un artiste ne se justifie pas. La justification est, avec le meurtre et le sang innocent, une des choses qui séparent l'art du terrorisme.