lundi 3 mai 2010

Théâtres et temps...

Jeudi dernier, j'ai assisté à la seconde représentation de l'atelier de production (Théâtres et temps) des étudiants du Baccalauréat interdisciplinaire en arts de l'UQAC qui, sous la gouverne de Jean-Paul Quéinnec, se sont frottés à quatre courts textes d'Olivier Choinière à partir de quatre contraintes principales: exploration dramaturgique des notions temporelles (rythme, durée, période historique); exploration de l'image et de la lumière; interdisciplinarité et espace de représentation unique (dans ce cas-ci, une scène carrée ornée d'un tulle qui se déplace, sur câbles, jusqu'au dessus du public). Bref, un exercice de contemporanéité avec tout ce que cela implique...

Souvent, avec ce type de spectacle où le processus compte plus que le résultat, la représentation est un peu longue et inégale et certains codes semblent manquer au spectateur pour bien apprécier la rechercher présentée. Néammoins, on ne peut y nier la somme de travail fournie par chacune des équipes!

Tragédie routière
Une route projetée... et devant, un homme seul, laissé en plan à la suite de son enterrement de vie de garçon, en sous-vêtement, avec, comme seul contact avec la civilisation, son téléphone. Pendant la demie-heure qui suite, cet homme plonge dans l'angoisse et la folie en une succession de tableaux. Soudain, deux femmes (qui ne sont qu'une...) surgissent de nulle part. Un numéro bien exécuté mais qui n'affaibli pas l'impression de longueur qui se dégage du truc.

Lady Percy's
Ce texte, un long monologue, présente une comédienne qui, soumise à l'impitoyable cycle de l'audition, vomit son fiel sur Shakespeare, les comédiens et la vie en générale. Seule en scène, Louison Renaud personnifie avec un plaisir manifeste cette arrogante actrice, tout de blanc vêtue, avec de grands voiles qui deviennent une robe immense. Des projections (qui manquent un peu de finition) ornent ce vêtement qui, malgré sa beauté, se justifie un peu difficilement dans ce contexte. Un morceau théâtral magnifique qui pourrait encore gagner en force scénique.

Les chiens savants
Peut-être l'exercice le plus complet et le plus convaincant. Construite sur le principe du choeur, le spectateur assiste à une déclamation polyphonique surprenante: voici l'histoire d'un chien mort sur un balcon qui mène à une mort ratée du propriétaire. Sur fond de ville saccadé qui devient pulsation, trois comédiens avancent, hypnotiques, jusqu'au drame final avant que de ne se retirer. Une simplicité efficace.

L'oeil
Peut-être le texte le mieux interprété. Vif et amusant, étrange et troublant, on y voit évoluer un jeune garçon (joué par deux excellentes apprenties comédiennes) qui voue un culte quasi mystique à ses billes. Dans ce tableau, la projection demeure abstraite (et en soi, n'apporte rien de bien essentiel à cette représentation) et, à quelques occasions, les comédiennes se lancent dans une exploration sonore...

Malgré les réserves inhérentes à ce type d'atelier de production, il n'en demeure pas moins que, avec les années, il garde son aura de laboratoire fascinant duquel émerge de véritables visions théâtrales.