jeudi 30 juin 2011

Ramasser une veste


VESTE (RAMASSER UNE-): C'est, pour un acteur ou une pièce, échouer, faire fiasco. «Quelle veste!», dira-t-on d'une pièce sifflée ou ignorée. L'expression a une origine. C'était vers 1835, lors d'une représentation au Théâtre du Vaudeville:

Au troisième acte, le berger Lagrange et la nymphe Clio conversent:

«La nuit est sombre, l'heure est propice; viens t'asseoir sur ce tertre de gazon.
- L'herbe est humide des larmes de la rosée.
- Assieds-toi sur ma veste.»

La réponse du berger fait éclater de rire le parterre; la salle entière au milieu des lazzi exige le baisser du rideau. Et les quelques représentations qui suivirent prirent fin au même passage
(Michel Lis et Michel Barbier, Dictionnaire du gai parler)


On dit aussi remporter sa veste.

Cette expression est charmante, comme toutes celles qui viennent directement de l'anecdote théâtrale. Elle est tirée de l'ouvrage d'A. Pierron, Le Théâtre, ses métiers et son langage. En espérant ne pas avoir de veste à ramasser avec la production qui s'en vient!

mercredi 29 juin 2011

«L'Affaire de la rue Lourcine» [Carnet de mise en scène]

Voici, à quelques jours de la première, une première image de la production... En cliquant dessus, elle sera agrandie (et perdra son flou...).


À l'avant, sur la chaise, on retrouve Mélanie Potvin. En ordre, à l'arrière, se trouvent Sébastien Bouchard, Louison Renaud, Erika Brisson et Patrick Simard.

mardi 28 juin 2011

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»


Ce matin, le comité organisateur du Forum se réunit pour faire le post-mortem de l'événement.

Il évaluera l'activité en regard de ses objectifs de départ. Il analysera, d'autre part, le sondage envoyé à tous les acteurs (au sens large du terme!) du milieu théâtral et dont 62 réponses lui sont parvenues.

Il verra, enfin, à la suite des choses, au mécanisme de renvoi, à des propositions de plan d'action... et que sais-je?

Un suivi sera fait bientôt. Déjà un premier rapport est écrit...

À suivre.

dimanche 26 juin 2011

«La Défonce» [Carnet de mise en scène]



Il est tout de même fascinant de constater - et ce fut le cas ce matin avec les comédiens de La Défonce que nous reprendrons cet automne - à quel point la mémoire est un muscle solide... que ce soit pour le texte, le geste, le mouvement.

Après plus d'un an sans avoir retouché à cette production, nous avons fait ce matin une lecture en groupe avant que de ne passer à un exercice qui aurait pu devenir laborieux: faire la pièce en scène, sans le texte dans les mains. Des craintes, il y en avait!

Eh bien! Ce fut d'une fluidité remarquable, les mots sortant généralement facilement, le corps reprenant une routine bien ancrée dans l'espace... Presque comme si nous avions monté cette pièce il y a quelques semaines à peine. Le ton y était aussi... dans des nuances qui redemanderont à être retouchées mais qui était pourtant bien là!

Cela augure bien pour la suite des choses.

Maintenant, il faut remettre l'ouvrage sur le métier pour que nous n'assistions pas à une imitation de la production d'avril 2010 mais plutôt en sa re-création.

Au théâtre, cette semaine! (du 26 juin au 2 juillet 2011)

Rideau de scène peint par Pablo Picasso en 1917 pour le spectacle Parade de Jean Cocteau.
(référence: www.moicani.fr)

Les semaines se suivent et se ressemblent... Encore une fois, derniers jours de repos avant que les productions estivales s'enclenchent les unes après les autres. Pour le moment, le milieu théâtral sera assez calme.

De mardi à samedi - du 28 juin au 2 juillet 2011
Complexe touristique de la Dam-en-Terre (Alma), 20h30

Le Complexe touristique de la Dam-en-Terre présente sa nouvelle production d'été (la plus traditionnelle du lot à venir): Un 18 trous pour 4 de Norm Foster. Vingt ans après l’université, quatre chums en pleine crise de la quarantaine se retrouvent le temps d’une partie de golf. Sujets chauds et coups de gueule sont au menu tandis que la compétition bat son plein et que tous les coups sont permis! Une comédie où les balles et les rires fusent de partout! (Pour les détails, cliquer sur le lien suivant.)

Préparez vos babouches: il y aura, dès la semaine prochaine, 6 autres productions qui prendront l'affiche (St-Félicien, Dolbeau-Mistassinni, Côté-Cour, Théâtre 100 Masques, Palais Municipal, Pulperie).

samedi 25 juin 2011

La Défonce [Carnet de mise en scène]

Photographie: Christian Roberge (Théâtre Mic Mac 2010)

Hé oui. Nous y revenons.

Nous y revenons parce que cet automne, La Défonce (un texte de Pascal Chevarie) sera repris principalement dans deux contextes spéciaux: une représentation au Festival International du Théâtre de Mont-Laurier en septembre (voir la programmation ici) et à Orsay, en France, en novembre.

Demain, dimanche 26 juin, nous nous rencontrons, l'équipe de création de spectacle (concepteurs et comédiens) pour discuter, d'abord, de ces reprises... et ensuite (et ce sera là le gros morceau stressant de la rencontre), pour voir qu'est-ce qui reste de ce projet dans la tête et dans le corps de chacun. Le texte est-il encore su? Que se rappelle-t-on de la mise en scène? Du jeu? De cet exercice - qui peut ou surprendre ou décourager! - dépendra la suite des choses.

Une chose est certaine, il faut revoir la scénographie, pour la commodité des déplacements et des installations. Des choix seront à faire, sans perdre l'essence du décor original ni modifier l'esthétique choisie.

J'ai donc ressorti mon cahier de notes de l'an dernier et mon texte pour une révision intégrale de tout ce que nous avons fait. Revoir le cadre de ce spectacle dur dans le propos.

Ce sera intéressant de revenir sur ce qui a été fait... particulièrement pour cette production qui, je persiste encore à le croire, n'a pas eu l'assistance qu'elle méritait malgré ses grande qualités artistiques... ceci étant dit avec le plus d'objectivité possible. C'est, en quelques sortes, une douce revanche sur la vie.

Pour ceux et celles qui veulent en savoir plus, se rappeler le projet, il faut consulter cette série de billets sur la production 2010 du Théâtre Mic Mac de Roberval.

vendredi 24 juin 2011

En attendant la légende...

En attendant la première de La Légende d'Arthur Villeneuve du Théâtre C.R.I. (en co-production avec la Pulperie de Chicoutimi), voici le documentaire produit en 1964 par l'ONF, sous l'oeil du réalisateur Marcel Carrière. Un documentaire où le couple (M. Villeneuve et son épouse) transperce l'image dans une présentation drôle, touchante, de ce qu'est être artiste et vivre avec cet état de fait. Douleur et admiration.

Bobby Watson

Extrait d'une représentation de 1960 de La Cantatrice Chauve de Ionesco. Est-ce par le Théâtre de la Huchette? Je l'ignore. Toujours est-il qu'il s'agit là d'un passage célèbre de cette pièce absurde:




Pour un théâtre national...


En ce jour de la Saint-Jean-Baptiste, fête nationale des Québécois, je propose ici un petit retour dans le temps, en 1936... dans un petit bouquin amusant à lire par son côté suranné, Initiation à l'art dramatique par Jean Béraud (dont j'ai déjà cité des passages et ), un Canadien qui s'est exilé en France...

Le dernier chapitre de cet ouvrage porte le même titre que celui de ce billet. Et décrit, en quelque sorte, la situation théâtrale qui prévalait à l'époque... alors que notre théâtre ne balbutiait encore que très (et l'euphémisme est faible!) peu. A-t-elle changé aujourd'hui? Il va sans dire que oui... même si parfois, les doléances exprimées semblent traverser le temps...

Quelques auteurs de pièces affirment l'existence, au point de vue de répertoire, d'un théâtre canadien [nda.: si on se rapporte dans le temps, par canadien, il faut entendre canadien-français voire québécois]
? Un répertoire qui ne se joue jamais, qui ne peut parvenir à mériter l'estime, à capter l'intérêt du public, n'est pas un répertoire de théâtre.

Ce qu'il nous faut, c'est un théâtre jeune, vigoureux, plein d'idées, bâti sur des situations, sur des thèmes inspirés par notre vie nationale.

Jamais nos pièces de bibliothèques ou d'anthologie ne pourront soutenir l'éclat, aujourd'hui fulgurant, des feux de la rampe. Sous les pinceaux lumineux s'en dégagerait une poussière qui dénoncerait leur vétusté aussi crûment que celle de ces costumes longuement usagés, dont les coutures menacent, à chaque geste, de craquer. Ce n'est pas avec de tels oripeaux, aussi voyant soient-ils, qu'une scène canadienne réussira à s'instituer de façon permanente.

[...] L'effort de quelques apprentis dramaturges est courageux, mais nous doutons qu'ils soient assez puissants pour assurer à une troupe permanente 300 représentations par année, et surtout un répertoire de qualité.

[...] Que penser de cet état des choses? Cela ne prouve-t-il pas qu'il est temps de plaider la cause du théâtre canadien avec sérieux, en renonçant pour une fois à proclamer: «Mais nous avons tout ce qu'il faut! C'est l'argent seul qui manque!»

Non, il n'y a pas que l'argent qui manque. Une éthique du théâtre, comme l'éthique du commerce qui exige la qualité avant la quantité, devra régner ici avant que nous puissions accomplir quoi que ce soit de remarquable. La conception du théâtre comme art et non comme commerce devra prévaloir sur le «besoin d'argent». Il ne faudra plus qu'on gave le public de «stupidités». [...]

[...] Il faudra bien tout de même que la presse canadienne dise un jour: «Il [le théâtre] fait l'orgueil de la ville et traduit l'idéal de la nation, dont les efforts et les sacrifices ont contribué à son édification.»

Bonne Saint-Jean-Baptiste!

jeudi 23 juin 2011

«L'Affaire de la rue Lourcine» [Carnet de mise en scène]


Devant cette production, que je vois, ces temps-ci, à travers les yeux de (peu nombreux!) spectateurs, une chose frappe: son ton qui la rapproche étonnamment, cent ans avant le temps, de l'absurde qui fera rage dans la seconde moitié du XXième siècle.

Dans les encyclopédies (et j'en ai déjà fait mention ), Labiche passe souvent pour être, en quelque sorte, un précurseur du genre. Et avec L'Affaire de la rue Lourcine, on le sent bien: une trame dramatique fort ténue sur laquelle s'échaffaude une construction scénique complexe qui s'amuse à tordre la réalité; une série de quiproquos qui hypertophie à l'extrême une absence de réelle tension; des personnages qui sont projetés dans un quotidien distendu... et le tout par un jeu de langage, d'apartes et de mot d'esprit. L'absurde côtoie le ridicule qui lui-même est aux prises avec le saugrenu et l'extravagant.

Une matière toute aussi amusante que dense... pleine d'écueils et de défis! Un ton qui frappe oui... et qui grince et grince encore!

mercredi 22 juin 2011

Un acteur dans l'espace...

Croquis d'Oskar Schlemmer du Bauhaus, dans les années '20...
Rien à voir avec la biomécanique, sinon la mise en espace du corps.

La collection Les voies de la création théâtrale est d'une richesse difficile à concevoir, tant dans l'iconographie que dans les articles de fond qui y sont publiés. Immense est donc mon intérêt pour la lecture du numéro consacré à Meyerhold (c'est le numéro 17) qui deviendra assurément une source intarissable de documentation de première ligne...

Comme cette définition (par Béatrice Picon-Vallin, en page 109) de la biomécanique... prise en deux angles différents: celui du rapport à l'acteur de même que celui du rapport à la scène (et donc, au metteur en scène):

[...] L'acteur étudie la mécanique de son corps pour la comprendre et la perfectionner. Des exercices vont organiser l'ensemble de cette mécanique dans l'espace; ils mettent en jeu les positions relatives du tronc, de la tête, des bras, des jambes, des actions simples telles que la marche, le saut, le bond, la volte-face, etc. Cette domination par l'acteur de son instrument de travail est nécessaire puisque, pour Meyerhold, tout état psychologique est conditionné par des processus physiologiques, des états, voire des positions physiques. Corollaire: s'il y a bien jeu biomécanique, il y aura aussi une mise en scène biomécanique qui devra s'occuper de créer le contexte scénique, la carcasse où l'acteur pourra développer une construction physique exacte, condition nécessaire d'une juste construction psychique. Le metteur en scène devra trouver la meilleure organisation du temps et de l'espace pour fournir à l'acteur des «points d'appui» sûrs, le limitant dans ces deux domaines. Une fois limité, l'acteur peut s'orienter: il trouve sa place dans la pièce, dans la marche des événements, sur l'espace scénique, et il peut bâtir sa propre construction physique et psychique. «Si d'un point de vue physique et matériel, sur la base d'une composition formelle, la construction est bien exécutée, toutes les émotions et les intonations naîtront avec justesse» assure Meyerhold.

Voilà un credo auquel j'adhère parfaitement. Loin d'une recherche de vérité, de réalité, de psychologie. Et bien que je ne fais pas de biomécanique à proprement parler (parce que je ne connais pas intimement les préceptes de cet entrâinement... et que les comédiens d'ici ne s'astreignent pas à une discipline personnelle de cet ordre), ce sont là, d'une certaine façon, les grandes lignes de ce que je tente d'appliquer dans mon écriture scénique.


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mardi 21 juin 2011

L'hypocrisie élevée en dogme


L'homme de théâtre
est un hypocrite professionnel
alors que les autres hommes
sont des hypocrites occasionnels.

Voilà une belle citation de Jacques Fabbri, acteur et réalisateur français du XXième siècle tiré de son ouvrage Être saltimbanque paru en 1978. Entre deux gorgées de café, ça passe dru!

lundi 20 juin 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]


Le dernier droit est enclenché alors qu'il ne reste que 18 jours avant la première du 7 juillet prochain. À quelques heures de reprendre un nouvel enchaînement - après une série d'ajustements -, j'ai envoyé ces quelques notes aux comédiens pour redonner les grandes lignes de ce que j'attends en tant que metteur en scène. (Pour ceux qui ne veulent rien savoir d'un spectacle avant la tenue de l'événement, il ne faut pas lire!)

Il est important de ne pas perdre les enjeux de chacun tout au cours de la représentation. Ils sont multiples et ce sont eux qui donnent sa dynamique.

Pour Lenglumé, c'est de toujours tenter de cacher quelque chose: cacher qu'il y a quelqu'un d'autre dans la pièce, cacher qu'il est sorti la veille, cacher qu'il a tué une charbonnière, cacher les indices, cacher sa culpabilité dans le crime. Il est donc toujours dans une certaine hypocrisie. Pour Norine, c'est comprendre ce qui se passe, savoir qu'il y a quelque chose de louche. Pour Agathe, c'est de demander de l'argent, de s'abaisser à une telle action. Ces enjeux doivent être présents tout le temps. Même dans les scènes où il semble qu'ils n'apparaissent pas. Les personnages de Mistingue et Justine vont dans cet atmosphère et se laissent quelque peu porter par celui-ci.

Il faut revenir à l'essence même des personnages. Revoir le cadre de leur conception. Non pas pour tout refaire, parce que tout marche. Mais plutôt pour le comprendre, le conscientiser. Dans cette pièce les véritables personnages sont les vices de ceux-ci. Chaque personnage n'est qu'une accumulation de défauts. Il faut miser sur cela et si cette caractéristique est présente, encore une fois, c'est toute la dynamique du spectacle qui est rehaussé. En ce sens, Lenglumé c'est le mensonge, la déloyauté, la poltronnerie. Norine c'est la matrone, la «germaine» caractérielle, la suspicion. Elle fait, en quelque sorte, une enquête. Justine c'est la polissonnerie, l'indifférence. Mistingue c'est le manque de classe, l'opportunisme, l'embarras. Il est prêt à couler l'autre pour se sortir du pétrin. Agathe c'est l'intrigue, le mystère, le mépris pour ces gens, la perversité.

Sur scène, dans ce type de jeu extrêmement physique, vous n'avez que très peu de marge de manœuvre (du moins, à l'exécution...). Il faut tendre vers la précision et plus nous approcherons de celle-ci et le plus l'objet théâtral sera fascinant. Pour y arriver, il vous faut une conscience à tout épreuve de l'image que vous projetez, notamment en ce qui a trait à vos positions de bras, votre positionnement dans l'espace les uns par rapport aux autres, la manipulation des objets (que vous avez nombreux) et vos photographies dans les cadres.

À ce titre, ce qu'il vous faut, ce n'est non pas la conviction du personnage, mais la conviction de l'interprète. Nous voulons un jeu marqué qui sort du quotidien et d'un réalisme qui lui fait perdre de sa superbe.

Dans ce type de jeu, deux choses sont fondamentales: vous devez, d'une part, savoir parfaitement ce vous avez à faire sans vous fier sur personne, sans être à la traîne, sans ralentir l'action ni la rendre brouillonne... et, d'autre part, en même temps, vous devez être capable de coordonner vos faits et gestes dans l'ensemble dans un rapport à l'autre, à l'objet, à l'espace constant. En bref, il vous faut une autonomie au service d'un tout. Une dichotomie nécessaire... tout comme le fait de posséder sur le bout des doigts mots et actions au point où, pendant l'interprétation, une mécanique interne portera le spectacle: le mot appelle le geste qui appelle le mot qui appelle le geste. C'est, en quelque sorte, un jeu séquentiel qui ne permet aucune hésitation, aucun doute. Vous devez vous lancer avec force, plaisir, enthousiasme.

Le texte est drôle en soi. Maintenant, ce qui prime, c'est l'image. Il faut la synchroniser en lui ôtant tous les gestes parasites, le superflu. Nous voulons du tonus. De la stature, de la sculpturalité. Réchauffez-vous bien parce que nous voulons des postures marquées par cette esthétique avec des articulations poussées à l'extrême (position des bras, des mains, de la tête, du corps, du torses), des torsions à tenir. Avoir les moyens, nous aurions des cours de souplesse, d'acrobaties, de contorsionnisme.

Il va sans dire qu'il vous faut un contrôle de vous-même hors-pair. C'est ce même contrôle qui doit s'exercer en ce qui a trait à la voix pour ne pas que ça devienne criard et au jeu en général pour ne pas que ça devienne du cabotinage. C'est ce même contrôle qui vous fera éviter la précipitation, la brusquerie. Tout doit être montré par le comédien et vu par le spectateur.

Sur scène, toujours, vous devez par ailleurs avoir conscience du rythme que vous devez donner et soutenir, en identifiant bien les moments de rupture (qui sont, eux aussi, fort nombreux): les chocs, les coups, les démontages soudains, les crescendo, les malaises, les terreurs brèves, les exaltations, etc. À ce chapitre, les insertions musicales doivent être marquées, appuyées. Nous allons vers la surabondance, le grotesque.

Le résultat est pour le moment assez probant... et devrait prendre de l'assurance et du dynamisme avec l'entrée en scène des décors et costumes finaux, des lumières, du son.

dimanche 19 juin 2011

Au théâtre, cette semaine! (du 19 au 25 juin 2010)


Et c'est parti. C'est maintenant au tour des productions estivales de prendre le haut du pavé... et il y aura toujours quelque chose au programme jusqu'au début de mois de septembre. Bon été.

Samedi - 25 juin 2011

Complexe touristique de la Dam-en-Terre (Alma), 20h30


Le Complexe touristique de la Dam-en-Terre lance sa production d'été (la plus traditionnelle du lot à venir): Un 18 trous pour 4 de Norm Foster. Vingt ans après l’université, quatre chums en pleine crise de la quarantaine se retrouvent le temps d’une partie de golf. Sujets chauds et coups de gueule sont au menu tandis que la compétition bat son plein et que tous les coups sont permis! Une comédie où les balles et les rires fusent de partout! (Pour les détails, cliquer sur le lien suivant.)

samedi 18 juin 2011

Un casino pour le CRI


Cette année, en lieu et place de son traditionnel CRI-Cheese, la compagnie jonquiéroise a repris l'idée, comme activité bénéfice, du casino (une édition de ce type avait eu lieu, si ma mémoire est bonne, en 2005).

Ainsi, le Casino-Bénéfice 2011 Qui Gagne CRI! s'est tenue hier soir, à la salle Pierrette-Gaudreault, organisé par l'équipe de direction et le conseil d'administration de l'organisme.

Une soirée amusante, divertissante.

Dans une ambiance feutrée propices aux jeux (auxquels il fallait miser des boutons et tenter d'en accumuler le plus possible tout au cours de la veillée), des croupiers s'annonçaient, ameutaient la foule, tenaient feu derrière les tables. Des jeux d'adresses, de hasard et de connaissances:
  • comme le traditionnel jeu de roulette animé par Jean-François Caron;
  • comme le jeu de dard aimanté animé par Guylaine Rivard;
  • comme la «machine à boules» électrique animée par Patrice Leblanc qui excelle aussi dans l'animation serbo-croate;
  • comme «Les couilles à Maud» (jeu de balle échelle) animé, tel qu'indiqué, par Maud Côté;
  • comme «Les boules à Serge» animées par le duo Sébastien Bouchard et Patrick Simard où miser sur le bon numéro faisait remporter gros;
  • comme le jeu du pendu animé par Yves Larouche qui en a confondu plus d'un avec ses mots;
  • comme le bingo;
  • et comme la table de black-jack animée par Viriginie Lavoie-Larouche qui n'a pas dérougie (la table) de la soirée, gardant là l'essence des véritables casino.
De nombreuses présentations ont aussi ponctué l'événement D'abord, quelques chansons, puis des numéros portés par les deux meilleurs animateurs de stand-up de la région, Martin Giguère et Éric Chalifour, et enfin des extraits des productions estivales qui s'en viennent, à savoir La légende d'Arthur Villeneuve, L'Affaire de la rue Lourcine et le Oh!Cabaret.

Il faut aussi souligner l'apport des autres collaborateurs à la réussite de cette soirée: Nathalya Thibault, François Tremblay, Michel Otis, Marc-André Perrier, Vicky Côté, Andrée-Anne Giguère et les gens du Centre culturel.

À la fin de la soirée, le participant qui a accumulé le plus grands nombre de boutons (dans ce cas-ci ce fut Madame Maude Desjardins, de la Commission scolaire de la Jonquière) remportait le grand prix: un assortiment complet de billets des productions à venir du Collectif À Tour d'Rôle, du Théâtre CRI, du Théâtre La Rubrique, du Théâtre 100 Masques, des Têtes Heureuses, du Théâtre du Faux Coffre, du Théâtre À bout portant, de QuébecIssime, de la Société d'Arts Lyriques du Royaume et j'en oublie peut-être.
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Une soirée fort bien organisée (et qui, pour le plaisir des participants, devrait - ce n'est pas une annonce mais une proposition! - se répéter année après année pour devenir un événement attendu).

Mais devant tant d'énergie et d'imagination déployée, il est dommage de constater la faible assistance (mais une assistance de qualité!). Une offre qui aurait mérité une plus grande affluence.

Ce problème est pourtant assez récurrent, peu importe la formule, peu importe la compagnie. Le financement par une présentation spéciale a quelque chose d'ardu... d'ingrat. Se donner pour attirer les gens. Sortir des sentiers battus pour surprendre. Dépense de temps en conception, en organisation. Et parfois, pour si peu au change...

Les activités bénéfices sont un mal nécessaire mais encore faut-il qu'elles touchent la mise.

vendredi 17 juin 2011

Le milieu théâtral régional, un milieu en santé?


Cette question me fait réfléchir depuis qu'elle m'a été posée mardi dernier. Spontanément alors (et probablement encore) j'ai répondu que non. J'ai répondu que le milieu théâtral régional était, oui, un milieu sain... un milieu où tous s'entendent, où les projets fusent, où il y a un véritable dynamisme... mais un milieu en santé?

Comment peut-il être en santé quand plus de la majorité de la population en ignore jusqu'à son existence? Comment peut-il être en santé alors qu'il n'existe aucun espace critique pour le questionner, l'analyse, le pousser à croître? Comment peut-il être en santé alors qu'il est pratiquement impossible de vivre de théâtre, et ceci vaut même pour les organismes qui peinent à survivre et à se pérenniser. Comment peut-il être en santé alors qu'il est sous-financé?

Un milieu en santé? Pas sûr. Et en même temps, ça reste un milieu attirant qui vaut le coup.

jeudi 16 juin 2011

Soutenance


Pour la petite histoire régionale, il est bon de savoir qu'aujourd'hui, à 13h30, se tiendra la soutenance de maîtrise de Sophie Larouche. Son sujet: Une démarche de recherche sur la formation de l'acteur: la «vérité» du jeu à travers quatre esthétiques théâtrales.

En cela, elle rejoindra les maîtres ès arts de l'UQAC - dont la recherche s'est faite en théâtre - qui sont de plus en plus nombreux: Sara Moisan, moi-même, Émilie Gilbert-Gagnon, Josée Laporte, Pascal Rioux, Guylaine Rivard, Jessyka Maltais-Jean, Johanna Lochon... et j'en oublie peut-être...

mercredi 15 juin 2011

La culture sous le PQ

Aujourd'hui était lancé le programme 2011 du PQ, programme qu'il défendra lors des prochaines élections... Prenons un peu d'avance et voyons un peu ce que ça donne (enfin...) en matières culturelles... Je me permettrai même des commentaires (en jaune) dans ce texte...

3.2 Le rayonnement de la culture québécoise

La culture constitue le véhicule identitaire privilégié de la nation québécoise qui permet aux Québécois de s’affirmer et de s’épanouir ainsi qu’au Québec de se faire connaître dans le monde entier. Plus que jamais, le Québec doit faire du développement culturel, sur l’ensemble de son territoire, un objectif national. (Ici, c'est un beau et bon vœu pieu... qui ne s'est jamais manifesté dans les gouvernements successifs depuis la création du Ministères des affaires culturelles en 1961 - voir le lien ici - qui fut bien en-deça de ce qu'il devait être.)

Pour atteindre cet objectif, la nation québécoise a besoin de pouvoirs et des budgets actuellement contrôlés par Ottawa (de même que d'une très grande conviction en la matière!) et qu’une nation ne peut pas confier à une autre nation, puisqu’il en va de son identité, de l’expression artistique de sa culture et des véhicules qui la portent et la diffusent. Un gouvernement souverainiste :

a) Se donnera une véritable politique nationale de développement culturel qui :

1. reconnaîtra le rôle de l’école et du monde de l’éducation pour la démocratisation de la culture;

2. favorisera la vitalité des arts et de la culture – de la création à la diffusion – dans toutes les régions du Québec, tout en reconnaissant le rôle spécifique de Montréal et de Québec en matière culturelle (ici, la dernière partie de l'énoncé me donne de sérieux frissons régionalistes... je l'ai déjà dit, je le réitère... en tant que travailleur culturel ici, en région, j'ai là une impression de hiérarchisation de la culture... avec la bonne et branchée (urbaine de surcroît) et la bonne enfant, un peu paysanne, artisanale (et éloignée). Une aberration à mon sens... );

3. renforcera le réseau des bibliothèques publiques;

4. renforcera de toutes les manières possibles le statut des créateurs et le processus créatif (bien hâte de voir le budget dévolu au CALQ au cours d'un éventuel premier mandat... et des nombreuses études qui démontrent, chiffre à l'appui, son sous-financement);

5. stimulera la plus large participation des Québécois aux activités artistiques et culturelles;

6. appuiera les organismes et entreprises impliqués dans le développement de la culture numérique (pour ça, je suis juste tanné);

7. fera des arts et de la culture un vecteur majeur du rayonnement du Québec dans le monde;

b) Reprendra l’ensemble des pouvoirs et des budgets en matière de culture et de communications actuellement contrôlés par le gouvernement fédéral en :

1. entamant des négociations avec Ottawa afin d’obtenir la compétence sur le droit d’auteur, un pouvoir que le Québec doit maîtriser pour protéger ses créateurs et contrôler le levier économique que représente la propriété intellectuelle;

2. garantissant, après le transfert des budgets fédéraux, un financement global de la culture au moins équivalent à celui qui est disponible actuellement;

3. adoptant une politique de la radiodiffusion et des télécommunications pour assurer un contenu québécois et francophone significatif dans les médias traditionnels et numériques et favoriser une présence régionale des médias électroniques (radio et télévision);

4. assurant l’accès à la téléphonie sans fil et à Internet haute vitesse sur l’ensemble du territoire québécois;

5. créant, dans Internet, un nom de domaine québécois;

c) Fera de Télé-Québec un véritable réseau national de télédiffusion en :

1. dotant Télé-Québec d’une mission d’information d’intérêt public visant à garantir la diversité des sources d’information, la présence de contenu culturel québécois et la représentativité des régions du Québec;

2. dotant Télé-Québec d’une salle de nouvelles avec des antennes régionales, notamment en développant des partenariats avec les différentes chaînes télécommunautaires locales;

3. dotant Télé-Québec de véritables moyens financiers afin d’assurer un développement culturel autonome.

Pour le reste, les points B et C me semblent intéressants... un brin utopistes, mais quand même. Bref, peut-être cette vision culturelle se tient-elle... mais encore?

Un nouveau à la Rubrique!


Tiens. Ça roule sur les médias sociaux!

En remplacement de Jean-François Caron qui occupait le poste de responsable des communications et du développement des publics depuis un an (enfin presque... après avoir été rédacteur en chef du Voir pendant quelques années...), le Théâtre La Rubrique accueille un nouveau collaborateur en la personne de Stéphane Boivin, cinéaste d'expérience.

Bravo à eux de lui avoir mis le grappin dessus... bravo à lui pour ce nouveau défi qui s'annonce!

mardi 14 juin 2011

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»


Tant qu'à y être (et pour mettre un terme à la publication des documents du Forum, du moins, jusqu'au rapport), voici le mot d'ouverture que j'ai prononcé contre vents et marées (c'est-à-dire le stress et la fébrilité!) dimanche dernier:

Bon matin tout le monde,

Nous nous targuons d’être le troisième pôle théâtral au Québec, oui. C’est vrai que depuis quinze ans, le milieu théâtral régional s’est développé de façon assez prodigieuse… Aujourd’hui, à la grandeur du territoire, nous dénombrons onze organismes théâtraux connus et reconnus et plus de 125 artistes et artisans qui agissent dans le domaine. Juste en 2010, ce sont, si je compte bien, 21 productions professionnelles qui ont eu lieu… en plus de 9 productions de loisir, 7 productions académiques universitaires… et j’en oublie sans doute.

Un beau milieu… oui mais. Un milieu dynamique? Peut-être. D’aucuns se demanderont à quoi ce Forum sert… D’autres se demanderont : «encore» ? Et bien oui. Parce que les interlocuteurs changent, de nouvelles têtes s’ajoutent, de nouvelles idées peuvent surgir, de nouvelles façons de voir et de faire le théâtre arrivent. Parce qu’un milieu qui se connaît et se questionne est un milieu sain. Parce qu’un milieu qui se donne des occasions sociales, des possibilités d’échanges est un milieu solide en qui chacun peut se reconnaître. Parce qu’un milieu uni est un milieu fort, une voix qu’il est plus facile de faire entendre.

Il nous semblait important de prendre un temps d’arrêt pour dresser, collectivement, le tableau de celui-ci, de ses forces et ses faiblesses et de réfléchir sur les moyens de refonder de nouvelles concertations pour soutenir son développement.

La formule du forum qui ouvre un espace de discussion, nous apparaissait tout indiqué. Un forum pour réunir les compagnies et les artistes et artisans, les amateurs et les professionnels, les professeurs et les étudiants, les Saguenéens et les Jeannois.

Nous vous avons soumis, dans les derniers jours, un document préparatoire qui donne l’ordre du jour. Une journée chargée. Après une intervention de Lyne L’Italien qui donnera les grandes lignes des actions nationales et une autre Michel Lemelin qui présentera un topo historique du théâtre dans la région, nous entamerons les discussions selon 2 grands axes : Notre théâtre [portraits] et Concertation [perspective et développement]. Chaque axe se divisera en thèmes : le portrait artistique, le portrait social, la relève, l’inscription dans le milieu et enfin le développement d’un milieu concerté. Dans le document, nous proposons, pour chacun de ces thèmes, des questions pour faire émerger les discussions, pour donner matière à la réflexion. Ces discussions se feront toutes en plénière.

Toutes les questions, commentaires seront les bienvenus pour aller vers un objectif commun : le développement de notre milieu. C’est l’opportunité de voir ce qui marche et ce qui accroche. Il faut savoir nommer notre richesse, notre diversité, oui. Mais il faut aussi ne pas avoir peur de nommer les problèmes, de lever de la poussière, de remettre en cause des façons de faire, d’aborder de front des problématiques personnelles. Il se peut qu’il y ait des questions sans réponse… pour le moment. Il se peut qu’il y ait des sujets qui demandent plus d’approfondissement. En ces deux cas, tout sera pris en notre et nous verrons, en fin de journée, comment nous pourrons y revenir subséquemment.

D’emblée, pour éviter de sombrer dans de vieilles ornières pourtant toujours actuelles, posons comme constatation qu’il y a un flagrant manque de financement dans le milieu théâtral. C’est même devenu un cliché pour tout le milieu culturel. Les organismes subventionneurs (les différents conseils des arts) et les municipalités ont des budgets limités qui stagnent, voire qui rétrécissent. Par conséquent, il va de soi que ce manque de fonds se répercute sur tous les aspects de la vie artistique. C’est pourquoi, dans le cadre de ce forum, nous souhaitons éviter ce lieu commun pour nous concentrer sur d’autres sujets de préoccupations.

Voilà.

Pour guider nos discussions, les pousser plus loin, nous avons le plaisir de compter sur deux personnes de qualité qui se partageront l’animation de la journée : Monsieur Sylvain Massé, comédien, directeur artistique du Théâtre Motus et président du Conseil Québec et Madame Isabel Brochu, consultante en développement régionale. Avant de laisser la place à Monsieur Massé, permettez-moi de vous souhaiter à tous un bon Forum.

lundi 13 juin 2011

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»


Encore un billet aujourd'hui... cette fois pour indiquer les 8 enjeux qui ont été identifiés et qui seront, dans les jours à venir, par sondage en ligne, mis dans un ordre prioritaire qui constitueront, en quelques sortes, le plan d'action de l'année à venir. Maintenant que tout ceci est fait, il reste à faire le post-mortem de cet événement. Mettre le doigt sur les déceptions (notamment le peu de place donnée - ou prise! - au Lac-Saint-Jean... alors que les acteurs qui y sont sont incontournables). Oui, beaucoup de choses sont à dire. Ce premier Forum aura été riche en enseignements!

Mais pour l'instant, les enjeux sont:

Proposition 1: Organiser une rencontre avec des intervenants et différents partenaires (Emploi-Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Conseil des arts de Saguenay, Centre local de développement, Ville, Conférence régionale des élus, CRC) afin de présenter la réalité économique du milieu théâtral et d’envisager des pistes de solutions constructives pour le développement de la discipline.

Proposition 2:
Mettre en place une structure pour donner une vitrine à la relève (à l’exemple de Premier Acte, des Cartes blanches des Têtes heureuses, des auditions du Quat’Sous).

Proposition 3:
Mettre en place une structure donnant accès à un espace physique dédié à la pratique alternative (ex. : Ateliers ToutTout).

Proposition 4:
Faire connaître et reconnaître le théâtre d’ici et ses artisans.

Proposition 5:
Mettre en place une (ou des) structure(s) et/ou améliorer celle déjà existante (groupe de compétence théâtre) visant une plus grande concertation de même qu’un engagement plus soutenu de la part du milieu théâtral quant à la réalisation des enjeux (rencontres ponctuelles pour échanger sur la discipline, en alternance sur le territoire).

Proposition 6:
Identifier des moyens pour harmoniser le calendrier des productions régionales afin de mettre en place une véritable saison théâtrale.

Proposition 7:
Mettre en place un service de mise en commun des ressources pour le milieu artistique & culturel : support à l’organisation, l’administration ou la comptabilité (inspiré du modèle de l’Annexe à Québec).

Proposition 8:
Mettre en place et/ou améliorer et/ou investir les moyens de communication et d’échange dans le milieu théâtral (blogue, forum, bottin, etc.).

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»...


Voici la conférence prononcée par Madame Lyne L'Italien (et reprise sur le blogue de La Rubrique) concernant les grands dossiers nationaux:

Bonjour,

Merci d’être venus aussi nombreux,

J’ai attrapé la piqûre du théâtre dans les années 80, le cours français/théâtre habitait le cégep de Jonquière à l’époque. Un foisonnement de productions, de répétitions, à chaque session, hantait le cégep. Et il y avait aussi Dominique Lévesque et Pierre-Paul Legendre qui couraient partout et qui ne passaient pas inaperçus. C’était l’époque de la ligue junior d’improvisation où ont défilé les Marie-Lise Pilote, Dany Turcotte, Alain Lavallée, Émile Gaudreault, Pier Dufour, Michel Barrette… Pour ne nommer que ceux qui sont partis.

À Montréal ou Québec, surtout à Montréal, il y a aussi en provenance de chez nous : Marie Tifo, Rémy Girard, Louise Portal, Michel Côté, Denis Bouchard, Hélène Bourgeois-Leclerc, Suzanne Lévesque, Germain Houde, Gaston Lepage, Louise Latraverse, Michel Dumont, Mario Jean, Michel Marc Bouchard, Larry Tremblay, Sylvie Bouchard, Jean-Rock Gaudreault, les frères Dubois : Frédéric et Patrice…

Beaucoup de monde du Saguenay – Lac-Saint-Jean… On pourrait affirmer sans trop se tromper qu’on est devenus une région ressource.

Je suis directrice générale du Théâtre La Rubrique, j’ai été présidente du CRC pendant 4 ans et je siège présentement au conseil d’administration de l’ACT, du CQT et du CRC du Saguenay – Lac-Saint-Jean. Je suis également déléguée de l’ACT au CQRHC . (Note : voir une liste non exhaustive des Sigles d’organismes et regroupements liés de près ou de loin au théâtre.) Je vais donc vous parler des travaux du CQT et de l’ACT.

À Montréal, il y a eu en 2007 les Seconds États généraux du théâtre, organisés par le CQT. Plusieurs d’entre vous y ont assisté. J’étais bien heureuse de voir une telle délégation du Saguenay pour cet événement.

Lors de ces États généraux, 74 propositions ont été adoptées. Le conseil d’administration du CQT est reparti avec cette liste d’épicerie et bien du pain sur la planche. Ces propositions reflètent les préoccupations de l’ensemble du milieu théâtral du Québec et c’est à partir de ces propositions que le CQT a établi ses priorités et rédigé son plan d’action.

Les propositions ont été regroupées en 5 thèmes, soit :

  • Soutenir la production de manière cohérente
  • La diffusion nationale et internationale
  • Vivre de théâtre et perdurer
  • La fréquentation du théâtre par l’enfance et la jeunesse
  • Soutenir la dramaturgie québécoise

Pour faire le suivi de ces propositions, et pour appuyer ses actions, le CQT a mis sur pied différents comités :

  • Le comité sur les conditions économiques
  • Le comité Fréquentation du théâtre par la jeunesse
  • Le comité Animation du milieu
  • Le comité sur le soutien à la dramaturgie
  • Le comité sur les pôles de diffusion
  • Le comité institution théâtrale
  • Le comité congrès du théâtre 2011
  • Le comité Actions politiques
  • Le comité Formation continue

Sur chacun de ces comités siègent entre 5 et 12 personnes. Ça fait beaucoup de monde qui travaillent pour l’avancement du théâtre au Québec.

LE TRAVAIL DES COMITÉS

En 2009, le CQT a fait le point sur chacun de ces comités et a invité le milieu à s’exprimer librement sur l’avancement des travaux lors du colloque Rallier toutes les forces vives du théâtre québécois.

Les conditions économiques

Le comité sur les conditions économiques a fait un travail colossal de recherche afin de documenter, chiffres à l’appui, la réalité économique du milieu. Ce comité, qui regroupe 5 associations de producteurs et 3 syndicats d’artistes ont mis au point un protocole de recherche qui permet de documenter l’activité théâtrale professionnelle au Québec.

Avant, nous avions les chiffres du CALQ, ceux de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), ceux de l’Observatoire du Québec, chacun ayant sa propre méthode de compilation selon les buts qu’ils poursuivaient.

Avec le protocole de recherche du comité sur les conditions économiques, les chiffres sont irréfutables et disent clairement ce qu’ils disent. Ils proviennent directement des contrats signés et comparés entre les associations de producteurs et les associations d’artistes. L’année 2007-2008 a été la première année de référence et un premier profil statistique de la saison théâtrale 2007-2008 a été produit en novembre 2010. Les années subséquentes seront documentées de la même façon. Tous les documents dont je parle sont disponibles sur le site du CQT.

Cette étude ne tient pas compte de toute l’activité théâtrale au Saguenay – Lac-Saint-jean. Elle ne tient compte que des activités professionnelles, des productions qui ont été faites avec des contrats des associations à l’appui : l’UDA, l’APASQ, l’AQAD.

Une nécessaire professionnalisation

Certains savent l’importance que j’accorde à la professionnalisation du théâtre. Selon vous, qu’est-ce qu’un professionnel?

Un professionnel, c’est quelqu’un qui vit de sa profession. Une profession c’est plus qu’un métier. On peut très bien vivre de son métier sans jamais devenir professionnel. Les comptables par exemple : il y a les CA, les CGA, les MBA… Et des comptables qui ne font partie d’aucune association, qui ont de petits bureaux et qui font quand même de la comptabilité. Quelle est la différence? En faisant affaire avec un professionnel, vous savez que le comptable doit répondre à certaines règles, une certaine éthique, que vous êtes protégés, en quelque sorte, par le professionnalisme de l’association qui chapeaute le comptable. Le comptable professionnel paye sa cotisation annuelle à l’association à laquelle il appartient qui vérifie s’il est toujours pertinent que cette personne soit membre de l’association.

Il y a des associations de notaires, de dentistes, de psychologues, et de plus en plus, de massothérapeutes, de naturopathes, une association de graphistes est en train de naître même. Pourquoi ces métiers se professionnalisent? Parce que ces gens ont à cœur leur profession et savent qu’elle doit s’exercer avec rigueur et en respect de certaines règles propres à leur discipline.

C’est la même chose en théâtre. Le milieu s’est doté d’outils pour valoriser ses professions, pour défendre ceux et celles qui les exercent et pour les encadrer dans certaines façons de faire. Il ne viendrait pas à l’idée au Centre hospitalier de Jonquière d’engager un cardiologue qui n’est pas membre de l’Association des cardiologues du Québec sous prétexte qu’il exerce en région ou que c’est trop dispendieux et que de toute façon le siège social de l’association est à Montréal!

Si l’association des comptables sort une étude sur la profession de comptable au Québec, elle ne tiendra pas compte du comptable qui a son bureau indépendant, même s’il a une vaste clientèle et que tout le monde dit que c’est le meilleur comptable au monde. C’est la raison pour laquelle je pense que le Saguenay – Lac-Saint-Jean est mal représenté par cette étude. Trop peu d’entre nous fonctionnent avec les contrats de l’UDA et de l’APASQ et sont membres d’une association de producteurs.

Pour l’avancement de l’art théâtral au Québec, je suis convaincue de la pertinence de contribuer à l’association de producteurs qui représente notre compagnie et d’encourager les artistes que nous engageons à adhérer à leur association professionnelle. Mais ça n’empêche personne de faire du théâtre autrement non plus. Seulement, les études n’en tiendront pas compte.

Fréquentation du théâtre par la jeunesse

Le comité Fréquentation du théâtre par la jeunesse a quant à lui mené une enquête sur la fréquentation du théâtre par les élèves du primaire et du secondaire dans le cadre des sorties scolaires. De cette étude, il ressort que :

  • 60% des élèves du primaire et du secondaire n’ont pas assisté à un spectacle de théâtre professionnel dans un lieu de diffusion professionnel en 2007-2008;
  • au Saguenay – Lac-St-Jean, nous avons un taux de fréquentation de 43,6% au primaire – c’est peu, mais c’est plus qu’en Abitibi, dans le Bas Saint-Laurent, au centre du Québec, sur la Côte-Nord, en Estrie, en Gaspésie ou en Mauricie
  • au secondaire, notre taux de fréquentation est de 12,5%.

Cette fois encore, l’étude ne tient pas compte des représentations données dans un cadre dit « non professionnel ».

En 2010-2011, le comité pilotera une autre étude avec l’appui du MCCCF afin d’étudier différents modèles ayant un impact positif sur la fréquentation scolaire. Gageons que le programme Culture-Éducation ici à Saguenay sera un modèle cité en exemple.

Animation du milieu

Le comité Animation du milieu a travaillé quant à lui à chapeauter les Journées Mondiales du Théâtre et a organisé en 2010-2011 deux 5 à 7 rencontres: l’un sur le thème de la promotion du théâtre; on sait que depuis la fermeture de l’AQT, l’Académie Québécoise du Théâtre, qui organisait notamment le Gala des Masques, la promotion du théâtre québécois a été laissée pour compte.

C’est le CQT qui reprendra le flambeau. Comment? C’est à surveiller, mais vos commentaires ont été pris en compte. Oui, vos commentaires sont pris en compte! Parce que les 5 à 7 sont diffusés en direct sur le web et vous pouvez, de votre ordinateur, suivre les débats et intervenir par courriel.

Le deuxième 5 à 7 a été organisé sur le thème de l’Agenda 21 de la culture. On sait que le Ministère travaille ce dossier depuis quelque temps, qu’en est-il des artistes dans la vision que se fait le Ministère de la culture? Si vous avez suivi ce 5 à 7 sur le web, ou si vous y étiez, vous savez la position des gens de théâtre à cet égard. Une lettre d’opinion a été publiée le 1er juin dernier dans le Devoir à ce sujet.

À noter qu’il est possible de visionner les 5 à 7 à partir de la page Facebook du CQT.

Soutien à la dramaturgie, pôles de diffusion, institution théâtrale…

Le comité sur le soutien à la dramaturgie travaille présentement à la mise sur pied d’un Fonds de soutien à la dramaturgie québécoise, d’en évaluer la faisabilité et de produire des recommandations au conseil d’administration du CQT.

Le comité sur les pôles de diffusion tente d’identifier dans chaque région des pôles de diffusion pour une meilleure circulation des œuvres théâtrales. Il doit entre autres définir le cadre et les critères permettant de définir ces pôles.

Le comité institution théâtrale et le comité congrès du théâtre 2011 sont intimement liés, car le thème du prochain congrès du CQT, qui se tiendra les 4 et 5 novembre prochains, porte sur les institutions.

Aller plus loin

Je ne peux en 20 minutes vous parler de l’ensemble des travaux du CQT. Mais il y a une mine d’information sur leur site. Aussi, depuis cette année, le CQT a réformé sa politique d’adhésion. Auparavant, le membership était composé des membres du conseil d’administration qui composaient l’assemblée générale des membres. Ce changement a été opéré afin de démontrer concrètement la représentativité du milieu théâtral au sein du CQT. Je vous invite, à y adhérer, naturellement. Quand une association parle au nom d’un milieu, le représente, il est important qu’elle démontre que le milieu est derrière elle et bien souvent, pour les interlocuteurs, ça se traduit par le membership. Cela s’applique aussi pour votre CRC.

Que se passe-t-il à l’ACT?

L’ACT est l’association de producteur qui représente le plus grand nombre de compagnies théâtrales au Québec. Entre autres, elle négocie les ententes avec les associations d’artistes : l’UDA, l’APASQ et l’AQAD. Il y a deux ans, vous avez sûrement suivi les débats entourant la négociation de la nouvelle entente collective entre l’UDA et l’ACT. L’UDA faisant des heures de répétitions payées son cheval de bataille. L’ACT a pour rôle de négocier les cachets afin de permettre aux petits producteurs de continuer à produire des spectacles de théâtre avec le peu de moyens qui leur est dévolu. Ça concerne les jeunes compagnies qui se créent quand les finissants sortent des écoles, et aussi des compagnies qui existent depuis plus de 15 ans sans n’avoir jamais eu accès à l’aide au fonctionnement, ni même aux projets, par exemple le Théâtre Tout à Trac que dirige Hugo Bélanger.

En 2009-2010, l’ACT a été invitée par le CALQ à participer à un comité de réflexion sur les pratiques des compagnies qu’elle représente. Le CALQ a appris beaucoup de choses sur les pratiques théâtrales au Québec. Plusieurs compagnies membres de l’ACT ne sont pas clientes du CALQ, parce qu’elles ne sont pas subventionnées. Ainsi, le CALQ ne possède pas toutes les informations pertinentes sur ce qui se fait en théâtre au Québec.

Ce comité a permis à l’ACT de faire le tour des sujets qui préoccupent ses membres et a suscité une réflexion en profondeur à propos de nos pratiques. Le plan d’action 2010-2012 de l’ACT repose en partie sur les réflexions qui se sont dégagées de ce comité CALQ/ACT. Nous ne savons pas ce que le CALQ a fait de son côté avec ces réflexions par contre.

Le plan d’action de l’ACT repose sur 3 axes :

- Mieux créer

- Mieux inscrire le théâtre dans notre société

- Mieux gérer notre développement

Je dois ici souligner le travail de David Lavoie, président de l’ACT et administrateur pour quelques compagnies de théâtre montréalaises – un bel exemple de comptable non professionnel, tiens! Il est à l’origine du projet « Aux écuries » qui a pris forme dans les locaux du Théâtre Les Deux-Mondes et qui se concrétisera réellement au cours de 2011. Il s’agit d’un lieu de création et de diffusion pour les compagnies émergentes, avec accès à des salles de répétitions, un atelier de décor, des salles pour la présentation de spectacles, petits et grands. Vicky Côté (Théâtre À bout portant) y présentera d’ailleurs un spectacle au printemps 2012. Il est aussi à l’origine du projet Cartes Prem1ères et c’est lui qui a fait circuler une rumeur, il y a quelques années déjà, disant que les fonctionnaires du CALQ faisaient la grève afin de voir le budget du CALQ augmenter. L’idée était bonne, mais je doute que les fonctionnaires du CALQ se rendent jusque là un jour pour faire augmenter nos enveloppes.

Pour donner une couleur à notre plan d’action, nous avons décidé à l’ACT de demander à des gens de théâtre de nous écrire des lettres pour nous dire comment ils vivaient leur pratique. L’une a été demandée à Brigitte Haentjens des productions Sibyllines, pour représenter la réalité des compagnies de théâtre intermédiaire de Montréal; une autre à Frédéric Dubois du Théâtre des Fonds de tiroirs de Québec, et une troisième à Jean-Guy Côté, directeur artistique du Théâtre du Tandem en Abitibi-Témiscamingue.

Les lettres ont été lues par leurs auteurs respectifs lors de l’assemblée générale d’octobre 2010, et ces lectures ont créé une telle effervescence dans l’assemblée, tellement réveillé les troupes qui étaient prêtes à monter aux barricades, que l’ACT ne pouvait en rester là. Il fallait garder cette flamme allumée et il faut le dire, ça enflammait notre président.

Il fut décidé donc de demander à trois autres figures représentatives du milieu de semblables lettres qui ont été lues lors d’un 5 à 7 le 31 janvier 2011 qui fut baptisé la réunion de la subversion, organisé par l’ACT dans la salle de répétition d’Espace libre, gracieusement offerte par Philippe Ducros, directeur artistique de l’endroit. Vous le connaissez… L’Assassinat d’Andrew Jackson, théâtre d’été présenté par La Rubrique en 2009, il en était l’auteur et le metteur en scène. Bon. On y a entendu les textes de Sylvain Bélanger, Jérémie Niel, Anne-Marie Olivier, Philippe Ducros et Frédéric Dubois.

Encore cette fois, la réunion était enflammée. Puis, un troisième événement, le 5 à 7 de la résistance a eu lieu encore à Espace libre le 11 avril dernier, avec des lettres de Nini Bélanger, Sara Berthiaume et Suzanne Lebeau (lire sa lettre sur notre blogue) et finalement le Festival Transamériques a adopté l’idée en nous demandant d’organiser une autre rencontre qui a eu lieu le 31 mai dernier dans le cadre du festival. C’était la réunion de la désobéissance, lors de laquelle ont été entendus Marie Brassard, Mélanie Demers, Patrice Dubois et Guillaume Girard.

Il s’agissait de prises de parole libres, et les échanges étaient intéressants. On n’a jamais le temps de se parler. Pas plus à Montréal qu’ici.

Plan d’action de l’ACT

Revenons au plan d’action de l’ACT :

D’abord, mieux créer. On cherchera donc à :

  • Encourager l’établissement de nouveaux lieux de théâtre dans les régions;
  • Favoriser le développement des Centres dramaturgiques régionaux;
  • Favoriser les résidences de création.

Dans cette optique, les recommandations faites au CALQ sont les suivantes :

On émet des critiques envers le nouveau programme de soutien au fonctionnement annuel du CALQ;

  • Recommandation de créer un nouveau programme de soutien continu au projet sur 3 ans;
  • Retour à deux dates de dépôt pour les subventions aux projets.

Ensuite, mieux inscrire le théâtre dans notre société. On veut :

  • Soutenir les activités de promotion et de valorisation du théâtre;
  • Solidifier les liens entre l’ACT et d’ADST afin de partager des enjeux communs;
  • Revendiquer un meilleur financement pour les sorties à l’international;
  • Créer une enveloppe particulière pour défrayer les frais de déplacement et de subsistance des artistes en processus de création et de production.

Enfin, mieux gérer. Pour y arriver, on cherchera à :

  • Favoriser la concertation;
  • Favoriser la mise en place de résidences administratives pour les compagnies émergentes;
  • Étudier les avantages sociaux des travailleurs culturels pour favoriser la mise en place d’un fond de retraite et d’un programme d’assurances collectives;
  • Évaluer la possibilité pour le CALQ et le CAC de faire appel à d’autres ministères pour le financement de certains projets.

À surveiller

Pour 2011-2012, l’ACT sera appelée à revenir à la table de négociation avec l’UDA pour négocier une entente collective relativement au métier de metteur en scène. On attend toujours un signe de l’APASQ pour renégocier l’entente qui est échue depuis 2008.

Le CQRHC tiendra son assemblée générale annuelle le 13 juin. Sur Internet, le CQRHC offre beaucoup de documents sur les métiers reliés à la culture.

Je vous invite à consulter les documents et, si possible à assister aux différents évènements, réunions et assemblées qui ont lieu au cours de l’année. Oui, c’est souvent à Montréal. On ne peut pas échapper à la loi du nombre. Mais notre présence n’en est pas moins importante.

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»...

Voici la conférence prononcée par Michel Lemelin hier matin.

Malgré plusieurs essais 60 ans dans 20 minutes, c’est impossible. Je vais prendre bien des raccourcis, bien des libertés aussi (je n’ai pas le choix d’ignorer certains aspects qui pourtant éclairent ce qu’est le milieu aujourd’hui)
Je vais presque passer sous silence les 20 premières années pour m’attarder à la professionnalisation en tant que tel. J’aurai peut-être l’occasion, au cours de la journée, d’aller plus loin lors des ateliers
Théâtre comme agriculture
Quatre grandes périodes qui me servent à objectiver l’histoire, morcellement discutable et non catégorique
Rapport du Québec à la culture et au théâtre :
1955-68 : La culture en soi
1965-78 : La culture comme lieu de l’affirmation identitaire
1978-95 : Professionnalisation, métier et postmodernité
1995 à aujourd’hui : la culture comme divertissement rentable
1955-1968
La culture en soi
Entre la grande noirceur et la révolution tranquille, c’est la culture classique qui a l’appui des politiques et, surtout, du clergé. Le rapport à la culture est lié à la connaissance et l’éducation et au respect des classes sociales. La culture populaire est considérée comme mineure.
Ghislain Bouchard : Théâtre du coteau 1955 est dans cette lignée – particularité au SLSJ : par l’entremise d’une cohorte d’acteurs sociaux, l’identité Saguenéenne et jeannoise est cristallisée et valorisée à l’extrême.
Ça a son importance dans l’essor que connaîtra le théâtre jusqu’au début des années 80. C’est une culture exclusive et extrêmement participative.
1968-1978
La culture comme lieu de l’affirmation identitaire
De 65 à 70 : on passe de la culture classique à la culture canadienne française puis québécoise.
Explosion du théâtre au SLSJ (plus d’une vingtaine de troupes) et apparition de grands événements (Festival d’art dramatique du Canada, Foire culturelle à l’UQAC). La population participe massivement : les troupes sont constitués de gens de tous les milieux et attirent leurs proches. Ces troupes sont invitées dans des événements prestigieux à Monaco, Vancouver, Sèvres, et y gagnent des prix ; elles permettent l’émergence des grands à venir (Michel Dumont, Louise Portal, Michel Côté, Marie Tiffo, Ghislain Tremblay, etc.); elles s’inscrivent dans des regroupements nationaux comme l’ACTA et ne souffre pas de la comparaison puisque, au niveau du métier (au « craft », comme disent les anglophones), il n’y a pas encore de grandes disparités entre les artistes formés et ceux qui apprennent sur le tas
En clair, le théâtre d’ici s’inscrit dans l’imaginaire collectif, au même titre qu’une équipe de hockey, et est donc soutenu avec autant d’intérêt… ce qui se perdra dans la première décennie de la professionnalisation.
1978-1995
Professionnalisation, métier et postmodernité
C’est d’abord la fin du théâtre engagé politiquement puis la mise en place de politiques culturelles visant à soutenir les organismes désirant accéder au statut de professionnel qui marquent le début de cette période, ce qui va avoir pour effet la disparition des organisations phares de la période précédente au profit d’associations, guildes et unions de plus en plus spécifiques agissant comme syndicats et modelant, au fil des années, les conditions et les orientations du théâtre sur tout le territoire.
Après l’échec référendaire, le rapport à la culture va, à nouveau, se modifier considérablement, passant du lieu de l’affirmation identitaire de tout un peuple à un espace autoréflexif destiné davantage aux initiés et un lieu de développement technique. Ce changement va aussi permettre la consécration du rôle de la critique car, désormais, pour obtenir subventions et reconnaissance des pairs, il faut que le travail ait été désigné et réfléchi dans les revues spécialisées et les grands quotidiens.
En clair, au Saguenay, la production théâtrale va passer d’un loisir démocratique s’inscrivant dans toutes les strates du tissu social à une affaire de groupe restreint. La crise économique n’aidera pas : les grandes manifestations des années 60 et 70 réunissant des milliers de participants sont terminées et nombre de compagnies n’arrivant pas à rencontrer les nouveaux standards mourront de leur belle mort et celles qui traverseront cette période devront accepter que le public ne soit pas toujours au rendez-vous.
Cette mutation se fera en plusieurs étapes :
1- D’abord, par la création d’un programme de certificat en théâtre à l’UQAC que dirigera Rodrigue Villeneuve dès 1978. En plus d’offrir une formation universitaire aux artistes et artisans, l’UQAC devient peu à peu le nouveau carrefour de la création théâtrale au SLSJ et on y voit défiler ceux qui marqueront cet art pour le reste de cette période, de Gilles Maheu de Carbone 14, en passant par Marie Laberge, Alice Ronfard et Jack Robitaille. Villeneuve et d’autres collaborateurs vont même relacer la foire culturelle de Ghislain Bouchard, y ajoutant une couleur plus réflexive, ce qui finira par donner naissance, en 80, au Regroupement des troupes de théâtre du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
2- Ensuite, par l’entrée en scène de deux nouvelles troupes qui feront le pari de la professionnalisation, soit La Rubrique en 1979 et les Têtes Heureuses en 1982, un an après les premiers états généraux du théâtre au Québec pour lesquels aucun interlocuteur du SLSJ n’avait été invité et durant lesquels les bases des politiques qui marquent toujours la production théâtrale allaient être jetées.
Fragilité du milieu ? Incompréhension ? Suite à la création des TH, le Regroupement des troupes de théâtre du SLSJ va organiser une Conférence de presse pour y condamner la supposée concurrence déloyale faite par cette nouvelle troupe (UQAC, infrastructures, bassins de créateurs, etc…) … Cela mène à la cristallisation d’une dynamique binaire, parfois conflictuelle, polarisant plus ou moins fortement le milieu, entre les TH et La Rubrique, durant près de 15 ans.
Malgré cela les TH animent la maison carrée : lieu de rencontre et de création… les difficultés économiques auront raison de ce lieu mythique. La Rubrique administre et produit elle aussi dans un lieu mythique : le côté cour
10 premières années : on se définit lentement, tantôt on fait du cabaret, tantôt on produit des spectacles en résonnance avec la région ; il n’y a pas encore de créneaux clairement défini
3- Années 90 : l’arrivée de Benoît Lagrandeur et la direction artistique affirmée de Rodrigue Villeneuve (production plus colloque) va venir asseoir deux façons de faire du théâtre : l’une visant une véritable structuration professionnelle de l’organisme, ce qui mènera petit à petit la Rubrique à devenir un producteur, mais aussi un très important diffuseur et gestionnaire de salle et qui assure une pérennité à sa mission, l’autre visant un engagement absolu à l’égard de la mission artistique et à l’intellectualisation du travail théâtral, permettant aux artistes et artisans de se frotter aux classiques mais, malheureusement pour l’organisme et le milieu, avec une grande difficulté a pérenniser sa mission.
1996 à aujourd’hui
Au Saguenay, on entre dans une importante période de mutation.
D’abord, l’implantation de CRI et la sortie d’importantes cohortes de finissants au BIA inondant le secteur de nouveaux talents viennent définitivement mettre fin à la dynamique binaire qui avait cours depuis 15 ans entre la Rubrique et les Têtes Heureuses, relaxant le milieu, permettant l’apparition de nouvelles compagnies (des 100 masques au Théâtre à bout portant, en passant par le Faux coffres) et ouvrant la porte a de premiers échanges qui n’auront cesse de se multiplier et de le fortifier.
Partout au Québec, les organismes existants sont forcés par les subventionnaires à produire selon des paramètres de plus en plus standards, des paramètres qui s’intéressent de moins en moins à la qualité artistique et à la recherche, et de plus en plus au développement de marché et à l’équilibre budgétaire. Simultanément, le rapport à la culture au Québec mute à nouveau : on entre dans une ère où le divertissement est roi et où, dans la mise en marché d’une œuvre théâtrale, les premiers rôles ont des têtes télévisuelles ou cinématographiques – des têtes de vedettes qui sont inscrites dans l’imaginaire collectif.
À cet égard, le milieu doit désormais partager son territoire avec de grosses machines à spectacle (La fabuleuse, Québec Issime, Ecce Mundo, etc.) ce qui nourrira un nouveau rapport binaire non seulement entre le milieu professionnel et celui des amateurs, mais aussi entre le milieu professionnel et l’administration municipale qui soutient les grands spectacles, moteurs touristiques par excellence. Si cette opposition unie le milieu comme jamais, force est de constater que cela creuse davantage le fossé entre celui-ci, le politique, voir même un certain public…
Le resserrement des règles au CALQ et au CAC et la création du CAS obligent donc toutes les organisations à se positionner et à se structurer ou restructurer selon ces balises très rapidement, donc, à définir des créneaux de travail se distinguant les uns des autres, puisque les organismes subventionnaires exigent implicitement que, pour un même territoire, il n’y ait pas de redondance : nous sommes dans une rhétorique de marché où, pour un territoire donné, il est préférable que les différents producteurs offrent des prestations différentes et complémentaires.
Curieusement, jusqu’ici, cette entente tacite où chaque organisme du milieu respecte le créneau de l’autre ne semble exister que dans le cadre de demandes aux subventionneurs étatiques. Dans l’offre de produit, dans la mise en marché des spectacles et des formations, la concertation est encore minime : on annonce bien toutes les productions à venir dans son programme, ce qui n’existait même pas il y a 15 ans, mais on ne peut pas parler encore de saison structurée et vendue comme telle avec abonnement à un billet de saison. En fait, on se retrouve avec 2 temps forts en automne et en hiver durant lesquels, sur 3 semaines, on doit se rendre au théâtre deux fois par week-end pour tout voir : on morcelle le public. Cela n’est pas uniquement dû au milieu, mais aussi beaucoup aux calendriers des subventionnaires qui marquent la saison. Il faudra éventuellement prévoir des accommodements pour permettre cela.
Pour ce qui est de l’offre de formation, cependant, il y a une compétition entre les organismes qui en offrent puisque les créneaux ne sont pas très différents… entre autres parce que ces formations sont tributaires des formateurs et que ceux-ci ce promène d’un organisme à l’autre. On aurait avantage à avoir une association pour tout le territoire, qui développerait des programmes pédagogiques sur mesure, présenterait une offre pour l’ensemble du SLSJ, infiltrant à nouveau le milieu socio-économique par des formations en milieu de travail, suscitant éventuellement à nouveaux les festivals du passé et fournissant du coup de nombreux emplois de formateurs aux artistes.
Car une autre particularité du théâtre professionnel au SLSJ, c’est sa jeunesse. En fait, on a le sentiment que la scène régionale existe d’abord et avant tout par sa relève. Après 35 ans, on voit de moins en moins d’artistes et d’artisans. Sans doute parce qu’avec le temps, ceux-ci ont des emplois du temps de moins en moins compatibles avec le calendrier des répétitions et des représentations. Un organisme de formation en théâtre entièrement dédié à cette mission et plus agressif dans son développement permettrait peut-être de prolonger l’espérance de vie artistique des artistes et artisans de la région en leur fournissant du travail lié à la profession, mais aussi de réinscrire la pratique théâtrale dans l’imaginaire collectif et de faire revivre, non plus dans un rapport binaire mais dans une véritable cohabitation, une pratique théâtrale amateur riche et diversifiée avec une pratique professionnelle solide et singulière.
Michel Lemelin – Juin 2011