mercredi 30 mars 2011

La Visite [Carnet de mise en scène]


On me permettra, à quelques heures de la première (enfin... demain... à la même heure ou presque) de replacer ici ces quelques notes données aux comédiens de La Visite hier soir (lors de la générale qui fut sur scène - ma foi! - assez bien alors que la technique, elle, se faisait catastrophique!). Ces quelques notes reprennent quelques lieux communs (qui sont pourtant toujours bons à rappeler) et tentent de retracer les grandes lignes de cette production...

  • Pour bien comprendre l'enjeu de la pièce (donnée par cette phrase tirée du site perso de Michel-Marc Bouchard: Comment mettre à l'abri un bonheur conjugal de l'invasion des parents, des amis et des relations? Comment éviter l'ouverture d'une porte ne provoque un flot de personnages de tout acabit qui vous trouvent si «accueillant» et finissent par vous exploiter?), la visite doit nécessairement être envahissante et le couple central doit nécessairement réagir à celle-ci!
  • En ce sens, il faut garder à l'esprit que chacun des visiteurs doit être monstrueux. Il faut éviter la banalité. À part pour les personnages principaux de Monique et Roger, personne ne doit être de niveau quotidien. La visite de ce spectacle est caractérisée. Marquée. Typée. Caricaturale... et surtout, forte et dynamique! En ce sens, c'est aux comédiens que revient la lourde tâche de porter l'esthétique étrange de la production. Par conséquent, il leur revient individuellement et collectivement de lui insuffler âme et esprit.
  • Maintenant que tout le monde connaît son texte et ses déplacements, l'essence de cette comédie tient, en fait, à peu de chose: l'écoute, la vivacité et l'enthousiasme. Elle doit être portée par une troupe unie qui va dans le même sens, la même direction. C'est un ensemble dans lequel chacun est important. Il faut donc du plaisir dans tout ce que les acteurs font: le prologue, les changements de décors, les scènes. Le plaisir du spectateur est directement proportionnel au leur.
  • La comédie implique un dialogue soutenu, direct et constant sur la scène d'abord... et entre la scène et la salle. Il faut toutefois éviter de trop en faire, de trop en mettre pour chercher à faire rire. Plus les actions scéniques sont sérieuses et bien contrôlées, plus la maîtrise sera manifeste et le plus les effets seront réussis. Plus il y aura sur scène attention et précision et le plus les mots atteindront leurs cibles.
  • Le transgenrisme (ou plutôt, travestisme) doit être bien porté... et donner le ton à tout le reste, donner un niveau de jeu qu'il ne faut jamais laisser tomber... Du coup, il faut porter doublement attention aux personnages normaux... c'est-à-dire aux personnages féminins joués par les femmes et à ceux masculins joués par les hommes pour garder le même calibre d'interprétation.
  • Les temps morts sont les pires écueils qui puissent être dans cette production! Dès le départ, il faut lui donner un élan, un souffle et l'entretenir.
Voilà. Pour le reste, je m'en remets à la capacité, le talent et le plaisir de toute mon équipe qui a congé ce soir. Un repos bien mérité avant une première qui viendra bien assez tôt!
À La Tribune avec Maisonneuve, à Radio-Canada, le sujet du midi est Quand les partis et les chefs se mettent en scène... et il prend pour cadre, bien entendu, les élections fédérales.

Le théâtre de la politique.

La mise en scène du vide.

Les faiseurs d'images.

Du toc.