samedi 2 avril 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]

Affiche de cette pièce, présentée en 2002 par les Ateliers Jean Vilar

Hier soir avait lieu la première lecture du prochain projet sur la table: le théâtre d'été.

Comme douzième production estivale (déjà...) , le Théâtre 100 Masques garde le cap et plonge de nouveau dans le répertoire universel pour offrir un théâtre d’été amusant, avec des qualités littéraires et artistiques indéniables. Après quelques approches du théâtre de boulevard (avec Comédies et vaudevilles en 2002 et Nono en 2008), la compagnie aborde, pour la première fois, la dramaturgie incisive d’Eugène Labiche, grand maître du vaudeville (considéré parfois comme étant le précurseur du théâtre de l’absurde), avec L'Affaire de le rue Lourcine, un thriller psychologique écrit en 1857 qui n'a de thriller et de psychologique que les tribulations de personnages tordus et fichtrement drôles empêtrés dans les conséquences d'un meurtre sordide!

En cachette de sa femme, Lenglumé s’est rendu à une soirée de fête. Le lendemain matin, on le retrouve en compagnie de Mistingue, un inconnu ! Tous deux, ne se souvenant plus de rien, vont se croire coupables du meurtre d’une charbonnière ! Ensemble, ils vont rivaliser d’ardeur afin d’effacer par tous les moyens les traces du crime, jusqu’à envisager de se supprimer mutuellement… (Théâtreonline.com)

Une comédie hilarante et expéditive sur le remords et les crises existentielles! Coupables ou non coupables… peu importe ; la vérité doit être tue... quitte à tuer pour arriver à ses fins!

Un choix logique… En ce sens, le choix de ce texte répond au premier mandat artistique du Théâtre 100 Masques qui met en scène des pièces très codées qui amène sur les planches une théâtralité particulière :

Le plus intéressant [dans le vaudeville] est la mécanique interne drama-turgique et stylistique qu’il met en branle, marquée au sceau de la folie, du côté des situations comme des personnages. […] Le vaudeville accentue encore la rigueur de sa construction sous l’impulsion de Labiche qui […] donne plus de tempo au mouvement, hypertrophie les procédés comiques, en particulier les répétitions, les méprises, et la logique des situations où sont jetés des personnages tétanisés.
(Michel Corvin, Dictionnaire encyclopédique du théâtre)

Le vaudeville est le genre comique par excellence, réunissant en quelques pages les études de mœurs (principe des grandes comédies classiques) et les farces de premier niveau. Une véritable gymnastique stylistique s’impose donc tant au metteur en scène qu’au comédien.

Enfin, le choix de ce texte - par ses accents d’égocentrisme, de vanité, de cupidité et d’hypocrisies en tout genre - peut facilement résonner dans notre monde actuel. Un humour noir et corrosif sur la responsabilité (ou l’irresponsabilité ?) de soi dans le malheur des autres. Se laver les mains du sang qui y gît n’est pas toujours chose facile.