lundi 13 juin 2011

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»


Encore un billet aujourd'hui... cette fois pour indiquer les 8 enjeux qui ont été identifiés et qui seront, dans les jours à venir, par sondage en ligne, mis dans un ordre prioritaire qui constitueront, en quelques sortes, le plan d'action de l'année à venir. Maintenant que tout ceci est fait, il reste à faire le post-mortem de cet événement. Mettre le doigt sur les déceptions (notamment le peu de place donnée - ou prise! - au Lac-Saint-Jean... alors que les acteurs qui y sont sont incontournables). Oui, beaucoup de choses sont à dire. Ce premier Forum aura été riche en enseignements!

Mais pour l'instant, les enjeux sont:

Proposition 1: Organiser une rencontre avec des intervenants et différents partenaires (Emploi-Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Conseil des arts de Saguenay, Centre local de développement, Ville, Conférence régionale des élus, CRC) afin de présenter la réalité économique du milieu théâtral et d’envisager des pistes de solutions constructives pour le développement de la discipline.

Proposition 2:
Mettre en place une structure pour donner une vitrine à la relève (à l’exemple de Premier Acte, des Cartes blanches des Têtes heureuses, des auditions du Quat’Sous).

Proposition 3:
Mettre en place une structure donnant accès à un espace physique dédié à la pratique alternative (ex. : Ateliers ToutTout).

Proposition 4:
Faire connaître et reconnaître le théâtre d’ici et ses artisans.

Proposition 5:
Mettre en place une (ou des) structure(s) et/ou améliorer celle déjà existante (groupe de compétence théâtre) visant une plus grande concertation de même qu’un engagement plus soutenu de la part du milieu théâtral quant à la réalisation des enjeux (rencontres ponctuelles pour échanger sur la discipline, en alternance sur le territoire).

Proposition 6:
Identifier des moyens pour harmoniser le calendrier des productions régionales afin de mettre en place une véritable saison théâtrale.

Proposition 7:
Mettre en place un service de mise en commun des ressources pour le milieu artistique & culturel : support à l’organisation, l’administration ou la comptabilité (inspiré du modèle de l’Annexe à Québec).

Proposition 8:
Mettre en place et/ou améliorer et/ou investir les moyens de communication et d’échange dans le milieu théâtral (blogue, forum, bottin, etc.).

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»...


Voici la conférence prononcée par Madame Lyne L'Italien (et reprise sur le blogue de La Rubrique) concernant les grands dossiers nationaux:

Bonjour,

Merci d’être venus aussi nombreux,

J’ai attrapé la piqûre du théâtre dans les années 80, le cours français/théâtre habitait le cégep de Jonquière à l’époque. Un foisonnement de productions, de répétitions, à chaque session, hantait le cégep. Et il y avait aussi Dominique Lévesque et Pierre-Paul Legendre qui couraient partout et qui ne passaient pas inaperçus. C’était l’époque de la ligue junior d’improvisation où ont défilé les Marie-Lise Pilote, Dany Turcotte, Alain Lavallée, Émile Gaudreault, Pier Dufour, Michel Barrette… Pour ne nommer que ceux qui sont partis.

À Montréal ou Québec, surtout à Montréal, il y a aussi en provenance de chez nous : Marie Tifo, Rémy Girard, Louise Portal, Michel Côté, Denis Bouchard, Hélène Bourgeois-Leclerc, Suzanne Lévesque, Germain Houde, Gaston Lepage, Louise Latraverse, Michel Dumont, Mario Jean, Michel Marc Bouchard, Larry Tremblay, Sylvie Bouchard, Jean-Rock Gaudreault, les frères Dubois : Frédéric et Patrice…

Beaucoup de monde du Saguenay – Lac-Saint-Jean… On pourrait affirmer sans trop se tromper qu’on est devenus une région ressource.

Je suis directrice générale du Théâtre La Rubrique, j’ai été présidente du CRC pendant 4 ans et je siège présentement au conseil d’administration de l’ACT, du CQT et du CRC du Saguenay – Lac-Saint-Jean. Je suis également déléguée de l’ACT au CQRHC . (Note : voir une liste non exhaustive des Sigles d’organismes et regroupements liés de près ou de loin au théâtre.) Je vais donc vous parler des travaux du CQT et de l’ACT.

À Montréal, il y a eu en 2007 les Seconds États généraux du théâtre, organisés par le CQT. Plusieurs d’entre vous y ont assisté. J’étais bien heureuse de voir une telle délégation du Saguenay pour cet événement.

Lors de ces États généraux, 74 propositions ont été adoptées. Le conseil d’administration du CQT est reparti avec cette liste d’épicerie et bien du pain sur la planche. Ces propositions reflètent les préoccupations de l’ensemble du milieu théâtral du Québec et c’est à partir de ces propositions que le CQT a établi ses priorités et rédigé son plan d’action.

Les propositions ont été regroupées en 5 thèmes, soit :

  • Soutenir la production de manière cohérente
  • La diffusion nationale et internationale
  • Vivre de théâtre et perdurer
  • La fréquentation du théâtre par l’enfance et la jeunesse
  • Soutenir la dramaturgie québécoise

Pour faire le suivi de ces propositions, et pour appuyer ses actions, le CQT a mis sur pied différents comités :

  • Le comité sur les conditions économiques
  • Le comité Fréquentation du théâtre par la jeunesse
  • Le comité Animation du milieu
  • Le comité sur le soutien à la dramaturgie
  • Le comité sur les pôles de diffusion
  • Le comité institution théâtrale
  • Le comité congrès du théâtre 2011
  • Le comité Actions politiques
  • Le comité Formation continue

Sur chacun de ces comités siègent entre 5 et 12 personnes. Ça fait beaucoup de monde qui travaillent pour l’avancement du théâtre au Québec.

LE TRAVAIL DES COMITÉS

En 2009, le CQT a fait le point sur chacun de ces comités et a invité le milieu à s’exprimer librement sur l’avancement des travaux lors du colloque Rallier toutes les forces vives du théâtre québécois.

Les conditions économiques

Le comité sur les conditions économiques a fait un travail colossal de recherche afin de documenter, chiffres à l’appui, la réalité économique du milieu. Ce comité, qui regroupe 5 associations de producteurs et 3 syndicats d’artistes ont mis au point un protocole de recherche qui permet de documenter l’activité théâtrale professionnelle au Québec.

Avant, nous avions les chiffres du CALQ, ceux de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), ceux de l’Observatoire du Québec, chacun ayant sa propre méthode de compilation selon les buts qu’ils poursuivaient.

Avec le protocole de recherche du comité sur les conditions économiques, les chiffres sont irréfutables et disent clairement ce qu’ils disent. Ils proviennent directement des contrats signés et comparés entre les associations de producteurs et les associations d’artistes. L’année 2007-2008 a été la première année de référence et un premier profil statistique de la saison théâtrale 2007-2008 a été produit en novembre 2010. Les années subséquentes seront documentées de la même façon. Tous les documents dont je parle sont disponibles sur le site du CQT.

Cette étude ne tient pas compte de toute l’activité théâtrale au Saguenay – Lac-Saint-jean. Elle ne tient compte que des activités professionnelles, des productions qui ont été faites avec des contrats des associations à l’appui : l’UDA, l’APASQ, l’AQAD.

Une nécessaire professionnalisation

Certains savent l’importance que j’accorde à la professionnalisation du théâtre. Selon vous, qu’est-ce qu’un professionnel?

Un professionnel, c’est quelqu’un qui vit de sa profession. Une profession c’est plus qu’un métier. On peut très bien vivre de son métier sans jamais devenir professionnel. Les comptables par exemple : il y a les CA, les CGA, les MBA… Et des comptables qui ne font partie d’aucune association, qui ont de petits bureaux et qui font quand même de la comptabilité. Quelle est la différence? En faisant affaire avec un professionnel, vous savez que le comptable doit répondre à certaines règles, une certaine éthique, que vous êtes protégés, en quelque sorte, par le professionnalisme de l’association qui chapeaute le comptable. Le comptable professionnel paye sa cotisation annuelle à l’association à laquelle il appartient qui vérifie s’il est toujours pertinent que cette personne soit membre de l’association.

Il y a des associations de notaires, de dentistes, de psychologues, et de plus en plus, de massothérapeutes, de naturopathes, une association de graphistes est en train de naître même. Pourquoi ces métiers se professionnalisent? Parce que ces gens ont à cœur leur profession et savent qu’elle doit s’exercer avec rigueur et en respect de certaines règles propres à leur discipline.

C’est la même chose en théâtre. Le milieu s’est doté d’outils pour valoriser ses professions, pour défendre ceux et celles qui les exercent et pour les encadrer dans certaines façons de faire. Il ne viendrait pas à l’idée au Centre hospitalier de Jonquière d’engager un cardiologue qui n’est pas membre de l’Association des cardiologues du Québec sous prétexte qu’il exerce en région ou que c’est trop dispendieux et que de toute façon le siège social de l’association est à Montréal!

Si l’association des comptables sort une étude sur la profession de comptable au Québec, elle ne tiendra pas compte du comptable qui a son bureau indépendant, même s’il a une vaste clientèle et que tout le monde dit que c’est le meilleur comptable au monde. C’est la raison pour laquelle je pense que le Saguenay – Lac-Saint-Jean est mal représenté par cette étude. Trop peu d’entre nous fonctionnent avec les contrats de l’UDA et de l’APASQ et sont membres d’une association de producteurs.

Pour l’avancement de l’art théâtral au Québec, je suis convaincue de la pertinence de contribuer à l’association de producteurs qui représente notre compagnie et d’encourager les artistes que nous engageons à adhérer à leur association professionnelle. Mais ça n’empêche personne de faire du théâtre autrement non plus. Seulement, les études n’en tiendront pas compte.

Fréquentation du théâtre par la jeunesse

Le comité Fréquentation du théâtre par la jeunesse a quant à lui mené une enquête sur la fréquentation du théâtre par les élèves du primaire et du secondaire dans le cadre des sorties scolaires. De cette étude, il ressort que :

  • 60% des élèves du primaire et du secondaire n’ont pas assisté à un spectacle de théâtre professionnel dans un lieu de diffusion professionnel en 2007-2008;
  • au Saguenay – Lac-St-Jean, nous avons un taux de fréquentation de 43,6% au primaire – c’est peu, mais c’est plus qu’en Abitibi, dans le Bas Saint-Laurent, au centre du Québec, sur la Côte-Nord, en Estrie, en Gaspésie ou en Mauricie
  • au secondaire, notre taux de fréquentation est de 12,5%.

Cette fois encore, l’étude ne tient pas compte des représentations données dans un cadre dit « non professionnel ».

En 2010-2011, le comité pilotera une autre étude avec l’appui du MCCCF afin d’étudier différents modèles ayant un impact positif sur la fréquentation scolaire. Gageons que le programme Culture-Éducation ici à Saguenay sera un modèle cité en exemple.

Animation du milieu

Le comité Animation du milieu a travaillé quant à lui à chapeauter les Journées Mondiales du Théâtre et a organisé en 2010-2011 deux 5 à 7 rencontres: l’un sur le thème de la promotion du théâtre; on sait que depuis la fermeture de l’AQT, l’Académie Québécoise du Théâtre, qui organisait notamment le Gala des Masques, la promotion du théâtre québécois a été laissée pour compte.

C’est le CQT qui reprendra le flambeau. Comment? C’est à surveiller, mais vos commentaires ont été pris en compte. Oui, vos commentaires sont pris en compte! Parce que les 5 à 7 sont diffusés en direct sur le web et vous pouvez, de votre ordinateur, suivre les débats et intervenir par courriel.

Le deuxième 5 à 7 a été organisé sur le thème de l’Agenda 21 de la culture. On sait que le Ministère travaille ce dossier depuis quelque temps, qu’en est-il des artistes dans la vision que se fait le Ministère de la culture? Si vous avez suivi ce 5 à 7 sur le web, ou si vous y étiez, vous savez la position des gens de théâtre à cet égard. Une lettre d’opinion a été publiée le 1er juin dernier dans le Devoir à ce sujet.

À noter qu’il est possible de visionner les 5 à 7 à partir de la page Facebook du CQT.

Soutien à la dramaturgie, pôles de diffusion, institution théâtrale…

Le comité sur le soutien à la dramaturgie travaille présentement à la mise sur pied d’un Fonds de soutien à la dramaturgie québécoise, d’en évaluer la faisabilité et de produire des recommandations au conseil d’administration du CQT.

Le comité sur les pôles de diffusion tente d’identifier dans chaque région des pôles de diffusion pour une meilleure circulation des œuvres théâtrales. Il doit entre autres définir le cadre et les critères permettant de définir ces pôles.

Le comité institution théâtrale et le comité congrès du théâtre 2011 sont intimement liés, car le thème du prochain congrès du CQT, qui se tiendra les 4 et 5 novembre prochains, porte sur les institutions.

Aller plus loin

Je ne peux en 20 minutes vous parler de l’ensemble des travaux du CQT. Mais il y a une mine d’information sur leur site. Aussi, depuis cette année, le CQT a réformé sa politique d’adhésion. Auparavant, le membership était composé des membres du conseil d’administration qui composaient l’assemblée générale des membres. Ce changement a été opéré afin de démontrer concrètement la représentativité du milieu théâtral au sein du CQT. Je vous invite, à y adhérer, naturellement. Quand une association parle au nom d’un milieu, le représente, il est important qu’elle démontre que le milieu est derrière elle et bien souvent, pour les interlocuteurs, ça se traduit par le membership. Cela s’applique aussi pour votre CRC.

Que se passe-t-il à l’ACT?

L’ACT est l’association de producteur qui représente le plus grand nombre de compagnies théâtrales au Québec. Entre autres, elle négocie les ententes avec les associations d’artistes : l’UDA, l’APASQ et l’AQAD. Il y a deux ans, vous avez sûrement suivi les débats entourant la négociation de la nouvelle entente collective entre l’UDA et l’ACT. L’UDA faisant des heures de répétitions payées son cheval de bataille. L’ACT a pour rôle de négocier les cachets afin de permettre aux petits producteurs de continuer à produire des spectacles de théâtre avec le peu de moyens qui leur est dévolu. Ça concerne les jeunes compagnies qui se créent quand les finissants sortent des écoles, et aussi des compagnies qui existent depuis plus de 15 ans sans n’avoir jamais eu accès à l’aide au fonctionnement, ni même aux projets, par exemple le Théâtre Tout à Trac que dirige Hugo Bélanger.

En 2009-2010, l’ACT a été invitée par le CALQ à participer à un comité de réflexion sur les pratiques des compagnies qu’elle représente. Le CALQ a appris beaucoup de choses sur les pratiques théâtrales au Québec. Plusieurs compagnies membres de l’ACT ne sont pas clientes du CALQ, parce qu’elles ne sont pas subventionnées. Ainsi, le CALQ ne possède pas toutes les informations pertinentes sur ce qui se fait en théâtre au Québec.

Ce comité a permis à l’ACT de faire le tour des sujets qui préoccupent ses membres et a suscité une réflexion en profondeur à propos de nos pratiques. Le plan d’action 2010-2012 de l’ACT repose en partie sur les réflexions qui se sont dégagées de ce comité CALQ/ACT. Nous ne savons pas ce que le CALQ a fait de son côté avec ces réflexions par contre.

Le plan d’action de l’ACT repose sur 3 axes :

- Mieux créer

- Mieux inscrire le théâtre dans notre société

- Mieux gérer notre développement

Je dois ici souligner le travail de David Lavoie, président de l’ACT et administrateur pour quelques compagnies de théâtre montréalaises – un bel exemple de comptable non professionnel, tiens! Il est à l’origine du projet « Aux écuries » qui a pris forme dans les locaux du Théâtre Les Deux-Mondes et qui se concrétisera réellement au cours de 2011. Il s’agit d’un lieu de création et de diffusion pour les compagnies émergentes, avec accès à des salles de répétitions, un atelier de décor, des salles pour la présentation de spectacles, petits et grands. Vicky Côté (Théâtre À bout portant) y présentera d’ailleurs un spectacle au printemps 2012. Il est aussi à l’origine du projet Cartes Prem1ères et c’est lui qui a fait circuler une rumeur, il y a quelques années déjà, disant que les fonctionnaires du CALQ faisaient la grève afin de voir le budget du CALQ augmenter. L’idée était bonne, mais je doute que les fonctionnaires du CALQ se rendent jusque là un jour pour faire augmenter nos enveloppes.

Pour donner une couleur à notre plan d’action, nous avons décidé à l’ACT de demander à des gens de théâtre de nous écrire des lettres pour nous dire comment ils vivaient leur pratique. L’une a été demandée à Brigitte Haentjens des productions Sibyllines, pour représenter la réalité des compagnies de théâtre intermédiaire de Montréal; une autre à Frédéric Dubois du Théâtre des Fonds de tiroirs de Québec, et une troisième à Jean-Guy Côté, directeur artistique du Théâtre du Tandem en Abitibi-Témiscamingue.

Les lettres ont été lues par leurs auteurs respectifs lors de l’assemblée générale d’octobre 2010, et ces lectures ont créé une telle effervescence dans l’assemblée, tellement réveillé les troupes qui étaient prêtes à monter aux barricades, que l’ACT ne pouvait en rester là. Il fallait garder cette flamme allumée et il faut le dire, ça enflammait notre président.

Il fut décidé donc de demander à trois autres figures représentatives du milieu de semblables lettres qui ont été lues lors d’un 5 à 7 le 31 janvier 2011 qui fut baptisé la réunion de la subversion, organisé par l’ACT dans la salle de répétition d’Espace libre, gracieusement offerte par Philippe Ducros, directeur artistique de l’endroit. Vous le connaissez… L’Assassinat d’Andrew Jackson, théâtre d’été présenté par La Rubrique en 2009, il en était l’auteur et le metteur en scène. Bon. On y a entendu les textes de Sylvain Bélanger, Jérémie Niel, Anne-Marie Olivier, Philippe Ducros et Frédéric Dubois.

Encore cette fois, la réunion était enflammée. Puis, un troisième événement, le 5 à 7 de la résistance a eu lieu encore à Espace libre le 11 avril dernier, avec des lettres de Nini Bélanger, Sara Berthiaume et Suzanne Lebeau (lire sa lettre sur notre blogue) et finalement le Festival Transamériques a adopté l’idée en nous demandant d’organiser une autre rencontre qui a eu lieu le 31 mai dernier dans le cadre du festival. C’était la réunion de la désobéissance, lors de laquelle ont été entendus Marie Brassard, Mélanie Demers, Patrice Dubois et Guillaume Girard.

Il s’agissait de prises de parole libres, et les échanges étaient intéressants. On n’a jamais le temps de se parler. Pas plus à Montréal qu’ici.

Plan d’action de l’ACT

Revenons au plan d’action de l’ACT :

D’abord, mieux créer. On cherchera donc à :

  • Encourager l’établissement de nouveaux lieux de théâtre dans les régions;
  • Favoriser le développement des Centres dramaturgiques régionaux;
  • Favoriser les résidences de création.

Dans cette optique, les recommandations faites au CALQ sont les suivantes :

On émet des critiques envers le nouveau programme de soutien au fonctionnement annuel du CALQ;

  • Recommandation de créer un nouveau programme de soutien continu au projet sur 3 ans;
  • Retour à deux dates de dépôt pour les subventions aux projets.

Ensuite, mieux inscrire le théâtre dans notre société. On veut :

  • Soutenir les activités de promotion et de valorisation du théâtre;
  • Solidifier les liens entre l’ACT et d’ADST afin de partager des enjeux communs;
  • Revendiquer un meilleur financement pour les sorties à l’international;
  • Créer une enveloppe particulière pour défrayer les frais de déplacement et de subsistance des artistes en processus de création et de production.

Enfin, mieux gérer. Pour y arriver, on cherchera à :

  • Favoriser la concertation;
  • Favoriser la mise en place de résidences administratives pour les compagnies émergentes;
  • Étudier les avantages sociaux des travailleurs culturels pour favoriser la mise en place d’un fond de retraite et d’un programme d’assurances collectives;
  • Évaluer la possibilité pour le CALQ et le CAC de faire appel à d’autres ministères pour le financement de certains projets.

À surveiller

Pour 2011-2012, l’ACT sera appelée à revenir à la table de négociation avec l’UDA pour négocier une entente collective relativement au métier de metteur en scène. On attend toujours un signe de l’APASQ pour renégocier l’entente qui est échue depuis 2008.

Le CQRHC tiendra son assemblée générale annuelle le 13 juin. Sur Internet, le CQRHC offre beaucoup de documents sur les métiers reliés à la culture.

Je vous invite à consulter les documents et, si possible à assister aux différents évènements, réunions et assemblées qui ont lieu au cours de l’année. Oui, c’est souvent à Montréal. On ne peut pas échapper à la loi du nombre. Mais notre présence n’en est pas moins importante.

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»...

Voici la conférence prononcée par Michel Lemelin hier matin.

Malgré plusieurs essais 60 ans dans 20 minutes, c’est impossible. Je vais prendre bien des raccourcis, bien des libertés aussi (je n’ai pas le choix d’ignorer certains aspects qui pourtant éclairent ce qu’est le milieu aujourd’hui)
Je vais presque passer sous silence les 20 premières années pour m’attarder à la professionnalisation en tant que tel. J’aurai peut-être l’occasion, au cours de la journée, d’aller plus loin lors des ateliers
Théâtre comme agriculture
Quatre grandes périodes qui me servent à objectiver l’histoire, morcellement discutable et non catégorique
Rapport du Québec à la culture et au théâtre :
1955-68 : La culture en soi
1965-78 : La culture comme lieu de l’affirmation identitaire
1978-95 : Professionnalisation, métier et postmodernité
1995 à aujourd’hui : la culture comme divertissement rentable
1955-1968
La culture en soi
Entre la grande noirceur et la révolution tranquille, c’est la culture classique qui a l’appui des politiques et, surtout, du clergé. Le rapport à la culture est lié à la connaissance et l’éducation et au respect des classes sociales. La culture populaire est considérée comme mineure.
Ghislain Bouchard : Théâtre du coteau 1955 est dans cette lignée – particularité au SLSJ : par l’entremise d’une cohorte d’acteurs sociaux, l’identité Saguenéenne et jeannoise est cristallisée et valorisée à l’extrême.
Ça a son importance dans l’essor que connaîtra le théâtre jusqu’au début des années 80. C’est une culture exclusive et extrêmement participative.
1968-1978
La culture comme lieu de l’affirmation identitaire
De 65 à 70 : on passe de la culture classique à la culture canadienne française puis québécoise.
Explosion du théâtre au SLSJ (plus d’une vingtaine de troupes) et apparition de grands événements (Festival d’art dramatique du Canada, Foire culturelle à l’UQAC). La population participe massivement : les troupes sont constitués de gens de tous les milieux et attirent leurs proches. Ces troupes sont invitées dans des événements prestigieux à Monaco, Vancouver, Sèvres, et y gagnent des prix ; elles permettent l’émergence des grands à venir (Michel Dumont, Louise Portal, Michel Côté, Marie Tiffo, Ghislain Tremblay, etc.); elles s’inscrivent dans des regroupements nationaux comme l’ACTA et ne souffre pas de la comparaison puisque, au niveau du métier (au « craft », comme disent les anglophones), il n’y a pas encore de grandes disparités entre les artistes formés et ceux qui apprennent sur le tas
En clair, le théâtre d’ici s’inscrit dans l’imaginaire collectif, au même titre qu’une équipe de hockey, et est donc soutenu avec autant d’intérêt… ce qui se perdra dans la première décennie de la professionnalisation.
1978-1995
Professionnalisation, métier et postmodernité
C’est d’abord la fin du théâtre engagé politiquement puis la mise en place de politiques culturelles visant à soutenir les organismes désirant accéder au statut de professionnel qui marquent le début de cette période, ce qui va avoir pour effet la disparition des organisations phares de la période précédente au profit d’associations, guildes et unions de plus en plus spécifiques agissant comme syndicats et modelant, au fil des années, les conditions et les orientations du théâtre sur tout le territoire.
Après l’échec référendaire, le rapport à la culture va, à nouveau, se modifier considérablement, passant du lieu de l’affirmation identitaire de tout un peuple à un espace autoréflexif destiné davantage aux initiés et un lieu de développement technique. Ce changement va aussi permettre la consécration du rôle de la critique car, désormais, pour obtenir subventions et reconnaissance des pairs, il faut que le travail ait été désigné et réfléchi dans les revues spécialisées et les grands quotidiens.
En clair, au Saguenay, la production théâtrale va passer d’un loisir démocratique s’inscrivant dans toutes les strates du tissu social à une affaire de groupe restreint. La crise économique n’aidera pas : les grandes manifestations des années 60 et 70 réunissant des milliers de participants sont terminées et nombre de compagnies n’arrivant pas à rencontrer les nouveaux standards mourront de leur belle mort et celles qui traverseront cette période devront accepter que le public ne soit pas toujours au rendez-vous.
Cette mutation se fera en plusieurs étapes :
1- D’abord, par la création d’un programme de certificat en théâtre à l’UQAC que dirigera Rodrigue Villeneuve dès 1978. En plus d’offrir une formation universitaire aux artistes et artisans, l’UQAC devient peu à peu le nouveau carrefour de la création théâtrale au SLSJ et on y voit défiler ceux qui marqueront cet art pour le reste de cette période, de Gilles Maheu de Carbone 14, en passant par Marie Laberge, Alice Ronfard et Jack Robitaille. Villeneuve et d’autres collaborateurs vont même relacer la foire culturelle de Ghislain Bouchard, y ajoutant une couleur plus réflexive, ce qui finira par donner naissance, en 80, au Regroupement des troupes de théâtre du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
2- Ensuite, par l’entrée en scène de deux nouvelles troupes qui feront le pari de la professionnalisation, soit La Rubrique en 1979 et les Têtes Heureuses en 1982, un an après les premiers états généraux du théâtre au Québec pour lesquels aucun interlocuteur du SLSJ n’avait été invité et durant lesquels les bases des politiques qui marquent toujours la production théâtrale allaient être jetées.
Fragilité du milieu ? Incompréhension ? Suite à la création des TH, le Regroupement des troupes de théâtre du SLSJ va organiser une Conférence de presse pour y condamner la supposée concurrence déloyale faite par cette nouvelle troupe (UQAC, infrastructures, bassins de créateurs, etc…) … Cela mène à la cristallisation d’une dynamique binaire, parfois conflictuelle, polarisant plus ou moins fortement le milieu, entre les TH et La Rubrique, durant près de 15 ans.
Malgré cela les TH animent la maison carrée : lieu de rencontre et de création… les difficultés économiques auront raison de ce lieu mythique. La Rubrique administre et produit elle aussi dans un lieu mythique : le côté cour
10 premières années : on se définit lentement, tantôt on fait du cabaret, tantôt on produit des spectacles en résonnance avec la région ; il n’y a pas encore de créneaux clairement défini
3- Années 90 : l’arrivée de Benoît Lagrandeur et la direction artistique affirmée de Rodrigue Villeneuve (production plus colloque) va venir asseoir deux façons de faire du théâtre : l’une visant une véritable structuration professionnelle de l’organisme, ce qui mènera petit à petit la Rubrique à devenir un producteur, mais aussi un très important diffuseur et gestionnaire de salle et qui assure une pérennité à sa mission, l’autre visant un engagement absolu à l’égard de la mission artistique et à l’intellectualisation du travail théâtral, permettant aux artistes et artisans de se frotter aux classiques mais, malheureusement pour l’organisme et le milieu, avec une grande difficulté a pérenniser sa mission.
1996 à aujourd’hui
Au Saguenay, on entre dans une importante période de mutation.
D’abord, l’implantation de CRI et la sortie d’importantes cohortes de finissants au BIA inondant le secteur de nouveaux talents viennent définitivement mettre fin à la dynamique binaire qui avait cours depuis 15 ans entre la Rubrique et les Têtes Heureuses, relaxant le milieu, permettant l’apparition de nouvelles compagnies (des 100 masques au Théâtre à bout portant, en passant par le Faux coffres) et ouvrant la porte a de premiers échanges qui n’auront cesse de se multiplier et de le fortifier.
Partout au Québec, les organismes existants sont forcés par les subventionnaires à produire selon des paramètres de plus en plus standards, des paramètres qui s’intéressent de moins en moins à la qualité artistique et à la recherche, et de plus en plus au développement de marché et à l’équilibre budgétaire. Simultanément, le rapport à la culture au Québec mute à nouveau : on entre dans une ère où le divertissement est roi et où, dans la mise en marché d’une œuvre théâtrale, les premiers rôles ont des têtes télévisuelles ou cinématographiques – des têtes de vedettes qui sont inscrites dans l’imaginaire collectif.
À cet égard, le milieu doit désormais partager son territoire avec de grosses machines à spectacle (La fabuleuse, Québec Issime, Ecce Mundo, etc.) ce qui nourrira un nouveau rapport binaire non seulement entre le milieu professionnel et celui des amateurs, mais aussi entre le milieu professionnel et l’administration municipale qui soutient les grands spectacles, moteurs touristiques par excellence. Si cette opposition unie le milieu comme jamais, force est de constater que cela creuse davantage le fossé entre celui-ci, le politique, voir même un certain public…
Le resserrement des règles au CALQ et au CAC et la création du CAS obligent donc toutes les organisations à se positionner et à se structurer ou restructurer selon ces balises très rapidement, donc, à définir des créneaux de travail se distinguant les uns des autres, puisque les organismes subventionnaires exigent implicitement que, pour un même territoire, il n’y ait pas de redondance : nous sommes dans une rhétorique de marché où, pour un territoire donné, il est préférable que les différents producteurs offrent des prestations différentes et complémentaires.
Curieusement, jusqu’ici, cette entente tacite où chaque organisme du milieu respecte le créneau de l’autre ne semble exister que dans le cadre de demandes aux subventionneurs étatiques. Dans l’offre de produit, dans la mise en marché des spectacles et des formations, la concertation est encore minime : on annonce bien toutes les productions à venir dans son programme, ce qui n’existait même pas il y a 15 ans, mais on ne peut pas parler encore de saison structurée et vendue comme telle avec abonnement à un billet de saison. En fait, on se retrouve avec 2 temps forts en automne et en hiver durant lesquels, sur 3 semaines, on doit se rendre au théâtre deux fois par week-end pour tout voir : on morcelle le public. Cela n’est pas uniquement dû au milieu, mais aussi beaucoup aux calendriers des subventionnaires qui marquent la saison. Il faudra éventuellement prévoir des accommodements pour permettre cela.
Pour ce qui est de l’offre de formation, cependant, il y a une compétition entre les organismes qui en offrent puisque les créneaux ne sont pas très différents… entre autres parce que ces formations sont tributaires des formateurs et que ceux-ci ce promène d’un organisme à l’autre. On aurait avantage à avoir une association pour tout le territoire, qui développerait des programmes pédagogiques sur mesure, présenterait une offre pour l’ensemble du SLSJ, infiltrant à nouveau le milieu socio-économique par des formations en milieu de travail, suscitant éventuellement à nouveaux les festivals du passé et fournissant du coup de nombreux emplois de formateurs aux artistes.
Car une autre particularité du théâtre professionnel au SLSJ, c’est sa jeunesse. En fait, on a le sentiment que la scène régionale existe d’abord et avant tout par sa relève. Après 35 ans, on voit de moins en moins d’artistes et d’artisans. Sans doute parce qu’avec le temps, ceux-ci ont des emplois du temps de moins en moins compatibles avec le calendrier des répétitions et des représentations. Un organisme de formation en théâtre entièrement dédié à cette mission et plus agressif dans son développement permettrait peut-être de prolonger l’espérance de vie artistique des artistes et artisans de la région en leur fournissant du travail lié à la profession, mais aussi de réinscrire la pratique théâtrale dans l’imaginaire collectif et de faire revivre, non plus dans un rapport binaire mais dans une véritable cohabitation, une pratique théâtrale amateur riche et diversifiée avec une pratique professionnelle solide et singulière.
Michel Lemelin – Juin 2011

Suivi du premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»


Le Forum s'est tenu hier.

Plusieurs personnes se sont déplacées (je n'ai pas le compte, mais j'oserais avancer le chiffre de plus ou moins 55), et en soi, cela est déjà un beau succès. Oui, c'est toujours une grosse journée qui demande attention et effort intellectuel. Mais je persiste et signe, ce genre de rencontre est important. Certains trouveront que ça ne va pas assez loin, d'autres que ça aurait dû être fait autrement, d'autres encore que ça ne mène nulle part (et ce depuis 25 ans!). Mais personnellement, pour un milieu qui se dit concerté, la rencontre est incontournable pour les «intérêts supérieurs du théâtre au SLSJ» comme dirait l'autre...

Voici quelques impressions à chaud...

L'intervention de Lyne L'Italien sur les grands dossiers nationaux a bien mis la table. Il est toujours bon de constater que nos préoccupations ne sont jamais éloignées de celles des grands centres.

Celle de Michel Lemelin, brossant un portrait historique du milieu théâtral (malheureusement contrainte par le temps alloué!) clairement et sans fard. Il a provoqué de belles et riches discussions.

Ces deux interventions seront, dès que nous aurons trouvé le moyen, mis en ligne!

Par la suite, la discussion s'est un peu embourbée... du moins, elle nous a quelque peu éloignée du projet de base. Non pas que les sujets aient été impertinents, mais les deux grands thèmes ( à savoir le portrait artistique et les interrelations entre les différents actants) ont été un peu escamotés.

Comme c'était la première initiative du genre, des enseignements pourront y être tirés. À ce titre, le travail en plénière pourra être réévalué. Des ateliers auraient probablement été plus efficaces, auraient permis de creuser plus à fond les sujets pour y dégager des enjeux. C'était un choix du comité organisateur pour permettre à tous de s'exprimer sur tout. Bonne idée? Hmmm...

En après-midi sont venus les thèmes de la relève, la solidarité, de l'engagement, de la concertation. Des discussions qui ont eu lieu sont sorties neuf grandes lignes qui pourraient, éventuellement, constituer un plan d'action pour la table de compétence en théâtre du C.R.C.

D'ici quelques jours, quand celles-ci seront libellées, tous les gens du milieu théâtral pourront les prioriser.

Dans un an, une autre rencontre de tout le milieu est envisagée pour faire un suivi général de ce plan d'action.

Maintenant reste tout le travail du rapport (qui sera, d'une façon ou d'une autre mis en ligne également) et du suivi.