mercredi 22 juin 2011

Un acteur dans l'espace...

Croquis d'Oskar Schlemmer du Bauhaus, dans les années '20...
Rien à voir avec la biomécanique, sinon la mise en espace du corps.

La collection Les voies de la création théâtrale est d'une richesse difficile à concevoir, tant dans l'iconographie que dans les articles de fond qui y sont publiés. Immense est donc mon intérêt pour la lecture du numéro consacré à Meyerhold (c'est le numéro 17) qui deviendra assurément une source intarissable de documentation de première ligne...

Comme cette définition (par Béatrice Picon-Vallin, en page 109) de la biomécanique... prise en deux angles différents: celui du rapport à l'acteur de même que celui du rapport à la scène (et donc, au metteur en scène):

[...] L'acteur étudie la mécanique de son corps pour la comprendre et la perfectionner. Des exercices vont organiser l'ensemble de cette mécanique dans l'espace; ils mettent en jeu les positions relatives du tronc, de la tête, des bras, des jambes, des actions simples telles que la marche, le saut, le bond, la volte-face, etc. Cette domination par l'acteur de son instrument de travail est nécessaire puisque, pour Meyerhold, tout état psychologique est conditionné par des processus physiologiques, des états, voire des positions physiques. Corollaire: s'il y a bien jeu biomécanique, il y aura aussi une mise en scène biomécanique qui devra s'occuper de créer le contexte scénique, la carcasse où l'acteur pourra développer une construction physique exacte, condition nécessaire d'une juste construction psychique. Le metteur en scène devra trouver la meilleure organisation du temps et de l'espace pour fournir à l'acteur des «points d'appui» sûrs, le limitant dans ces deux domaines. Une fois limité, l'acteur peut s'orienter: il trouve sa place dans la pièce, dans la marche des événements, sur l'espace scénique, et il peut bâtir sa propre construction physique et psychique. «Si d'un point de vue physique et matériel, sur la base d'une composition formelle, la construction est bien exécutée, toutes les émotions et les intonations naîtront avec justesse» assure Meyerhold.

Voilà un credo auquel j'adhère parfaitement. Loin d'une recherche de vérité, de réalité, de psychologie. Et bien que je ne fais pas de biomécanique à proprement parler (parce que je ne connais pas intimement les préceptes de cet entrâinement... et que les comédiens d'ici ne s'astreignent pas à une discipline personnelle de cet ordre), ce sont là, d'une certaine façon, les grandes lignes de ce que je tente d'appliquer dans mon écriture scénique.


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