lundi 22 août 2011

Se marcher sur les pieds...

Le milieu théâtral saguenéen est petit... c'est un fait. Et cette petitesse, conjuguée à un dynamisme réel, amène aussi une certain étroitesse en ce sens que le nombre de lieux de répétitions et de représentations n'augmente pas.

Immanquablement, les calendriers se chevauchent et les disponibilités de salle fondent à vue d’œil. Les cahiers de réservations s'emplissent selon le mode du premier arrivé, premier servi.

Les compagnies s'insèrent comme elles peuvent, où elles peuvent.

La pagaille.

Idéalement, chaque compagnie gèrerait son propre lieu... aurait le plein contrôle de l'endroit où elle est fixée. Libre de présenter quand elle veut. Libre de prendre le temps de s'installer. Libre des contraintes du suivant.

Cette étroitesse amène parfois l'impression que nous nous marchons sur les pieds, que nous empiétons sur des missions et des territoires déjà investis. Et c'est le cas. Mais après tout, cela pourrait se faire sainement... si ce n'était du combat quotidien pour survivre.

Le plaisir des demandes de subventions


Présenter l'organisme...
Présenter les états financiers...
Définir les projets (novateurs, de surcroît!)...
Réunir des équipes...
Justifier la direction artistique...
Établir des prévisions budgétaires réalistes et cohérentes...
Annexer des documents qui ne seront peut-être pas pris en compte...
Et attendre des semaines voire des mois...

C'est la période qui commence avec l'automne qui arrive. C'est le moment de répondre à l'appel des différents conseils des arts: Conseil des arts du Canada (quelque part à la mi-septembre), Conseil des arts et Lettres du Québec et Conseil des arts de Saguenay (au début octobre).

C'est la période du doute. Celle où la question à savoir si ça vaut le peine se pose toujours...


C'est aussi ça, le théâtre...

Le Théâtre Hors du Commun (fondé depuis déjà 4 ans et dirigé par Sarah Bernard à même l'arrière-cour de son domicile!) a donné deux représentations suite à la série d'ateliers que les participants ont suivi, à l'extérieur, beau temps mauvais temps, tout au cours de l'été... et plus!

La première équipe à passer était composée de deux dames qui montaient sur les planches pour la première fois. Elles avaient à rendre un extrait de la pièce Le Défunt de René de Obaldia.

La seconde équipe réunissant d'autres débutants et des plus expérimentés se sont lancé dans une création collective, Mère supérieure, à partir de contraintes textuels: bouts de pièces connues, monologues à écrire, publicités, expressions, phrases, etc. Le résultat est somme toute assez intéressant alors qu'une série de personnages viennent pleurer sur la tombe de leur mère avant que de ne pleurer sur leur propre vie.

Enfin, la dernière équipe est celle des plus anciens, des piliers de la petite compagnie qui sont en activité depuis déjà plusieurs mois (depuis l'automne dernier) pour écrire leur pièce, L'argent n'a pas d'odeur, sous les conseils avisés de Martin Giguère. L'action s'y déroule sur un terrain de camping convoité pour les ressources naturelles de son terrain...

Le travail de tous ces gens a du mérite et constitue une initiation théâtrale honnête. Bien qu'artistiquement la mise en scène montre quelques faiblesses (notamment dans la mise en espace des deux premières parties), la direction d'acteur est cohérente et efficace et un soin est apporté à l'esthétique de l'ensemble.

Du lot ressortent certains participants par leurs aisance et leur talent naturel en scène: Carol Émond, Madeleine Gagnon, Tricia Scisson.

Bref, en tout, ce sont près de 120 spectateurs qui ont envahi la cour de Mme Bernard pour voir toute cette gang de théâtreux présenter le résultat de leurs efforts.