mercredi 29 février 2012

Michel Tremblay en émission de radio!



Voici, en suivant ce lien (en espérant qu'il soit le plus longtemps fonctionnel...), la série radiophonique - une réalisation de Radio-Canada signée Jacques Bouchard - consacrée à  Michel Tremblay et justement nommée Une rue autour du monde... en cinq épisodes d'une heure. Une vraie belle série!

Bientôt, dans quelques jours (à compter de la mi-mars), Tremblay aura également son exposition - sur son oeuvre, ses personnages, etc. - au Musée de la Civilisation de Québec jusqu'en 2018.


Nouvelle acquisition... et nouvelle catégorie



Toujours à la recherche de nouveaux bouquins pour me stimuler l'esprit et mes recherches, je viens de faire l'acquisition de Théorie et pratique du théâtre paru en novembre 2011 (donc fort actuel...) sous la plume de Josette Féral, l'une des théoriciennes (qui enseigne à l'UQAM et à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3) les plus actives... 

Dans cet ouvrage, il sera notamment question de la théorie en quête de pratique, de la théâtralité et de la performativité de même que de la performance. Des sujets qui me sont présentement essentiels et avec lesquels je jongle depuis quelques temps déjà.

Voici la présentation écrite par l'éditeur et publiée sur le site Fabula.org: La question des liens entre théorie et pratique est au cœur de l’analyse théâtrale. Elle traverse tout le champ artistique, soulignant les ruptures et les complémentarités. Pour que l’étude en soit efficace et pertinente, il faut impérativement couvrir tout le domaine de la pratique en s’intéressant non seulement à l’analyse du spectacle (qui constitue toujours l’objet essentiel des études théoriques) mais aussi à ce qui précède la représentation, c’est-à-dire aux processus de création.

Il apparaît plus que jamais indispensable de se pencher sur le passage du texte à la scène et sur la réception du spectacle, domaines habituellement réservés à la recherche théâtrale, mais surtout d’ouvrir le champ d’étude à tout ce qui se trouve en amont de la représentation. Théories du jeu, répétitions, processus de création, direction d’acteurs, travail du metteur en scène, cahiers de régie, etc., doivent être pris en compte, sans pour autant négliger les questions théoriques proprement dites nécessaires pour comprendre la scène théâtrale aujourd’hui : théâtralité, performativité, présence, interculturalisme.

C’est cette perspective fort large du phénomène théâtral dans toute son amplitude qui fait l’objet des études rassemblées dans ce livre.

 Il risque fort, dans les prochaines semaines, d'y avoir de nombreuses citations tirées de ce livre...

Par ailleurs, à partir de ce billet (et en tentant de retrouver les billets précédents du même type), j'instaure un nouveau libellé pour mes billets: bibliographie... qui regroupera, comme son nom l'indique, ma bibliographie de travail.


mardi 28 février 2012

De la critique... encore...

Suite à son billet, Le blues du guichet, publié sur le blogue de La Rubrique, Stéphane Boivin (directeur des communications... ou un titre de ce genre...) a reçu des commentaires... et c'est toujours agréable d'avoir des réactions. Mais parfois un peu frustrants quand ceux-ci demeurent anonymes. Surtout pour émettre une opinion négative. L'anonymat sur le web est un droit, peut-être... mais il est un peu couard de se cacher pour dire les choses qu'on n'ose dire en face (ou du moins, sous sa propre signature).

Ceci étant dit, Boivin, l'auteur du billet, revient aujourd'hui avec une suite au billet précédemment nommé pour une mise au point et une envolée sur la critique. Envolée que je partage... depuis déjà plusieurs années! La voici... avec son aimable autorisation:

Dans ce contexte périlleux où beaucoup reste à accomplir pour faire entrer le théâtre dans les moeurs, les journalistes locaux, qui parfois acceptent de porter le lourd fardeau de critiques (« Épais sur le dos! » dirait numéro 5 dans Une heure avant), jouent un rôle ambigu. Ils travaillent pour des médias généralistes et clairement leur fonction n’est pas celle de l’auteur spécialisé. De plus nos journalistes ne peuvent pas ne pas savoir que tellement de gens sont à convaincre, à partir de loin, que le théâtre est un art qui peut les rejoindre, et qu’il vaut la peine qu’on lui donne quelques chances de nous séduire. Il savent bien la portée de ce qu’ils écrieront ou diront sur le sort d’un spectacle et éventuellement d’une compagnie.

Malgré cela, Une heure avant n’a pas été épargné par la critique. Parmi toutes les plateformes et moyens de communications utilisés, deux apparitions médiatiques seulement ont eu une teneur critique. Une positive du Quotidien dont le lien était en complément du dernier billet, puis une négative chez Radio-Canada. Nous n’avons pas l’impression que la critique du Quotidien fut complaisante, pas plus que celle de Radio-Canada était injuste. Nous croyons que le journaliste écrit a vu, au delà de cette première « chancelante », la force potentielle de la proposition, du texte et des comédiens. Une force qui n’a pas tardé à se manifester après quelques soirs, à s’affiner jusqu’à cette dernière impeccable de samedi dernier. Du côté de Radio-Canada au contraire, on a choisi de mettre en avant les défauts et les faiblesses de cette première, un choix que nous respectons tout à fait.

Doit-on s’étonner que la critique la plus brutale que nous ayons reçue soit anonyme? Elle est dans les commentaires publiés à la suite du billet précédent. Anonymat qui veut donner raison à son auteur lorsqu’il déplore la dangerosité d’une telle activité dans le milieu local. Posons-nous alors la question: Que manque-t-il pour que vive une critique lucide, sachant reconnaître les bons coups et ne manquant pas de souligner les mauvais, ici au Saguenay? L’hebdomadaire culturel local ne constituerait-il pas la tribune idéale pour l’établissement d’une telle critique? En fait leur choix éditorial de servir de courroie de transmission entre l’offre culturelle et le public est sans doute salutaire pour leur éviter l’enlisement dans un panier de crabes. On s’explique ce réflexe « non-critique » en considérant la petite taille du milieu théâtral saguenéen, l’interdépendance de chacun, la difficulté de faire face à un artiste qu’on aura bafoué publiquement. Il est vrai que certains on payé le prix de leur intégrité critique dans le passé. Mais cette proximité des artisans d’un milieu incestueux est pourtant proportionnellement identique dans les métropoles.

Il est vrai que les tribunes pour la critique indépendante et spécialisée sont rares voire inexistantes en région. Les journalistes des plus grands médias locaux ont beaucoup à couvrir dans un espace restreint. Ce n’est pas d’hier que certains, dont je suis, dénoncent l’absence, autre que ponctuellement, d’une telle habitude de la critique localement, et à croire qu’une telle critique lucide ferait avancer la pratique. Mais en réalité, nous sommes tiraillés ici en région entre une sorte de protectionnisme louable, où les journalistes et autres observateurs ne veulent pas nuire aux entreprises d’artisans locaux, et l’absence d’une critique que nous reconnaissons tous comme souhaitable et productive, mais dont nous avons si peu l’habitude que nous ne pouvons apparemment pas l’encaisser.

Que manque-t-il à une véritable critique théâtrale locale? Dans une ère où les supports médiatiques à l’opinion sont aussi démocratiques et considérant qu’il n’est pas plus facile de démonter froidement l’oeuvre de quelqu’un en ville qu’en région, je suis porté à croire qu’il manque surtout le courage tenace des opinions de la part de ses énonciateurs et la capacité pour les sujets de ces critiques de surpasser l’esprit de clocher… que nous avons par ici, c’est vrai, chevillé au corps.


Voilà. En gros, ça résume bien la dizaine de billets que j'ai écrit à ce sujet. Et je trouve également que cette part critique manque au milieu culturel. Tant dans les médias que parmi les artisans.

D'un problème d'assistance


 Le Théâtre La Rubrique a fait, en fin de semaine, une sortie publique pour déplorer le peu d'assistance à sa toute dernière production, Une heure avant (d'abord sur le blogue de la compagnie, ici, et dans un article paru dans le Progrès-Dimanche tenant sensiblement les mêmes propos).

Et non, cette situation ne leur est pas exclusive. Partout - et parfois de façon drastique! - les compagnies locales  (la plupart, en fait...) voient le nombre de spectateurs fondre comme neige au soleil... alors que les productions venues de l'extérieur tirent mieux leur épingle du jeu.

Où est le problème?

La qualité? L'offre qui surpasse et de loin la demande? Le manque de promotion? L'absence d'un «star système» au niveau régional? Une méconnaissance de la vitalité théâtrale? Un décalage entre le milieu culturel et la «vraie vie»? Le médium ne dit-il plus rien de notre monde?

Manifestement, ce ne sont là que quelques pistes de réflexions... et peut-être n'est-ce que la fin d'un cycle... Mais toujours est-il qu'en attendant, une question demeure: on fait quoi, maintenant?

Un problème de compagnie ou un problème de milieu?

D'où viendra la (ou les) réponse(s)?

dimanche 26 février 2012

Un Espace Théâtre sur Radio Spirale



Radio Spirale (qu'on peut découvrir ici)  à maintenant une nouvelle émission: Espace Théâtre, reliée, si je comprends bien, à la Revue Jeu (d'où le fait que les publications correspondent aux Entrées Libres de Jeu et aux Entretiens de Jeu qui ont lieu tout au cours de l'année). Sur ce site, donc, de nombreuses discussions fort intéressantes... comme  Shakespeare, l'homme sous l'oeuvre ou encore Le dauphin, espèce en péril: les directions artistiques

De bons entretiens qui s'inscrivent dans la pratique nationale.

Pour retrouver facilement ce site, je le place en lien dans la colonne - à la toute fin - à la gauche de ce billet.

Au théâtre, cette semaine! (du 26 fév. au 3 mars 2012)


Encore une semaine à venir sous le signe des finissants en arts de l'UQAC (toute la programmation peut être consultée ici)... ce qui s'illustre assez bien par le calendrier théâtral que voici:

Mercredi à vendredi - 29 février au 2 mars 2012
Petit Théâtre (UQAC), 19h

Julie Tremblay-Cloutier présente son projet de fin de bacc., la méthode du bonheur (expérience #2), une expérimentation à partir d'un texte d'une collègue étudiante, Caroline Beaulieu.

Mercredi à vendredi - 29 février au 2 mars 2012
Studio-Théâtre (UQAC), 19h45

Simon Allard présente son projet de fin de bacc., Cinq cons et un bâton: Cinq femmes, cinq souvenirs, cinq traces, un homme...et ses cinq cons! Il est l'homme et ses cinq femmes sont Julie Bernier, Sara Moisan, Aimie Tremblay, Caroline Tremblay et Marie-Ève Gravel... dans une mise en scène d'Erika Brisson.

Mercredi et jeudi - 29 février et 1er mars 2012
Sous-Bois (Chicouimi), 20h le premier soir, 21h le second.

Marie-Claude Brassard présente son projet de fin de bacc., Les superhéros ont la queue basse: Entrez dans l’univers improbable, cynique, absurde... d’un personnage ambigu créé de toute pièce sur les mots de Carol Dallaire. Les mots en bouche, je vous offre ici rires, doutes et confusions à votre guise…

Vendredi - 2 mars 2012
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h 

Le Théâtre 100 Masques et le Théâtre À Bout Portant s'associent pour présenter un second Impromptu Scénique... confié cette fois à Anick Martel et son équipe de comédiens: Sophie Larouche, Marilyne Renaud, Patrick Simard et Andrée-Anne Giguère. 12 heures de créations avec contraintes dans le but d'offrir aux spectateurs le soir même, une représentation cohérente et complète d'une durée minimale d'une heure! Places limitées!

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C'est ce qui se retrouve sur mon écran radar... Peut-être oublierai-je quelques trucs... le cas échéant, on peut me le faire savoir par le biais des commentaires!

vendredi 24 février 2012

«Impromptu scénique V» [Carnet de notes]


À compte de 8h30 ce matin, le décompte sera mis en route: un peu moins de douze heures plus tard, soit à 20h, un nouveau spectacle d'une heure quinze sera créé. Un nouvel Impromptu Scénique, présenté conjointement par le Théâtre 100 Masques (initiateur de l'activité en mars 2010) et le Théâtre À Bout Portant.

L'équipe de comédiens (Isabelle Boivin, Marc-André Perrier, Vicky Côté et Keven Girard) apprendra le concept de la maître de jeu, Élaine Juteau et trois contraintes leur sera donné. Pour choisir celles-ci, il y aura un appel Facebook vers 9h.

Puis l'imagination. La création. Le stress. L'angoisse. Le doute. La fébrilité. L'ivresse. La terreur. La confusion... et dans tout ça, le plaisir.

Tout au cours de la journée, des billets seront publiés pour donner un compte-rendu de l'événement et pour faire état du travail dans la salle Murdock. Des photos seront prises de même que des images vidéo. Ce soir, à l'accueil, il y aura présentation de celles-ci accompagnées de traces du travail de conception (esquisses, schémas, bout de textes, etc.) glanées ici et là.

Quel sera le thème? Quelle sera la forme?

Détails à venir! Et représentation à ne pas manquer! Ce soir, 20h! 10$ par personne.


jeudi 23 février 2012

Une visite dans un théâtre en 1875


Petite déambulation dans un théâtre, par un bon matin de 1875... tiré de l'ouvrage qui illustre ce billet.

[...] Nous voici arrivés au théâtre. Il est entendu que nous faisons notre visite de très-bon matin, afin de n'être pas dérangés et de pouvoir examiner tout à loisir.

Éveillons le concierge, fort surpris de voir des visiteurs à sept heures du matin, et engageons-nous dans l'escalier des artistes.

Après avoir traversé un corridor et franchi un escalier peu éclairés, nous entrons dans un grand espace, dont nous ne distinguons pas bien les extrémités à cause de l'obscurité. Une petite lanterne, placée sur une table, jette assez de lumière pour faire jaillir un point brillant sur le casque d'un pompier assis à côté. Dans le fond, on voit plusieurs lignes de points lumineux; ce sont les ouvertures circulaires, percées à chaque étage dans les portes de loges, par lesquelles le jour entre parcimonieusement.

Les yeux s'habituent peu à peu à cette demi-obscurité [...].

Nous voici sur la scène, la salle est devant nous; nous en sommes séparés par un filet de fer monté sur un bâti également en fer, tenant la place du rideau d'avant-scène; c'est une précaution contre l'incendie; à travers les mailles, nous voyons la salle avec ses devants de loges et ses fauteuils, qu'on a couverts de toiles grises pour les garantir de la poussière, toujours trop abondante dans un théâtre.

Approchons du pompier de service. A terre, près d'une rangée de seaux, sont une douzaine de haches, autant de croissants, espèces de faucilles au bout d'une longue perche, des éponges également fixées à l'extrémité de perches, une douzaine de tuyaux de pompe en cuir, et quelques lanternes. Tous ces objets sont tenus constamment en état, en prévision des dangers d'incendie.

Bientôt l'officier viendra passer l'inspection de ses hommes dans toutes les parties du théâtre; puis, après avoir visité les instruments, il fera partir ceux que le service de nuit ne retient plus. Il ne restera dans le poste que le service de jour. Le nombre des sapeurs-pompiers varie selon l'importance du théâtre, il est partout très-actif, principalement dans la nuit, où les rondes se font d'heure en heure. Les commencements d'incendie sont fréquents et nécessitent une surveillance incessante et active.

La scène et la salle, telles que nous les voyons à cette heure, ressemblent assez à une grande cave percée de soupiraux. En attendant que tout s'éclaire et s'anime, faisons connaissance avec l'endroit ou nous sommes.

Le plancher sur lequel nous avons trébuché plusieurs fois est mobile; il peut disparaître en quelques minutes et être remis en place aussi vite. On peut en remplacer des parties par des fragments de planchers placés actuellement en réserve dans le dessous; au moment nécessaire, ils viendront instantanément prendre la place de celui sur lequel nous sommes à présent. Ces nouveaux planchers peuvent disparaître à leur tour en emportant dix, vingt, cent individus engloutis et recouverts immédiatement par d'autres feuilles de parquet. Le plancher a donc une très-grande importance; les décors en sortent à de certains moments et y rentrent aussi rapidement. [...].

Nos yeux sont maintenant tout à fait habitués au jour douteux qui nous éclaire , si vous levez les yeux, vous pouvez apercevoir, aidé par les quelques ouvertures qui sont dans le comble, ces toiles ressemblant à la grande voile d'un vaisseau avec ses cordages; ce sont les toiles de fond, les bandes d'air, les plafonds, et les fils qui les font mouvoir, objets assez embarrassants, relégués dans le cintre, magasin commode, sans lequel il n'y aurait sur la scène qu'encombrement et confusion.

Mais j'entends du bruit: ce sont les hommes d'équipe et les lampistes; attention!... Il est huit heures du matin, le théâtre s'éveille, les sapeurs se réunissent avant de partir.

Entendez-vous un grincement? c'est l'engrenage du rideau de fer; deux machinistes sont là haut pour «l'appuyer. » Dans le langage du théâtre, on « appuie » un rideau ou une ferme quand on les remonte, et on les «charge » quand on les descend.

Apercevez-vous, dans les profondeurs de la salle, deux ou trois ombres munies de lanterne? C'est une escouade de balayeurs chargés de faire la toilette de la salle et de retrouver les objets oubliés ou perdus par les spectateurs de la veille.

Voici tous nos machinistes arrivés. Prenez garde! on envoie un fil du cintre pour y suspendre « une lampe à quatre. » Nous sommes éclairés comme pour une répétition.

Et ça continue dans le menu détail...

mercredi 22 février 2012

Le Saguenay débarque en France!


Voici l'affiche de l'événement Saguenay en 8 compagnies (réalisée par Patrick Simard) piloté par les Têtes Heureuses qui mènera, comme son nom l'indique, huit compagnies professionnelles du Saguenay (les Amis de Chiffon, La Rubrique, Les Têtes Heureuses, le CRI, le Théâtre 100 Masques, le Faux Coffre, le Théâtre À Bout Portant, la Tortue Noire) en France du 19 mars au 1er avril prochain. À Lyon pour être plus précis.

Pour voir le détail de cette sortie outre-atlantique, il est possible de visiter le site du Théâtre des Asphodèles, nos hôtes, et celui du Théâtre des Marronniers (et trouver le nom de l'événement dans la colonne de gauche).

mardi 21 février 2012

Du néo-maniérisme meyerholdien à l'approche néo-meyerholdienne

Petite synthèse de l'état actuel de ma recherche doctorale.

L'approche néo-meryerholdienne (le nouveau terme que j'utilise maintenant en lieu et place de néo-maniérisme meyerholdien qui peut induire des impressions négatives) de la mise en scène se fait  par une série de rapports de matérialité - en ce sens meyerholdien où ce sont là véritablement des matières (le texte par sa sonorité, son rythme; le corps par sa voix, ses gestes et ses déplacements; la scène par sa technique de dynamisation et de prolongement du corps et de l'action) - entre les trois grands pôles que sont la littérarité (le texte), la théâtralité (le domaine esthétique) et la performativité (le jeu). Cette nouvelle nomenclature, cette nouvelle «voie de recherche» remplace en quelque sorte les trois volets établis dans mon projet de recherche: le rapport au texte, le rapport au corps, le rapport à la scène.

Rapports de matérialité, donc, parce que chacun de ceux-ci devient essentiel à l'autre, en devient en quelque sorte et l'émetteur, et le récepteur, et le catalyseur : la littérarité n'existe que si elle est prise en charge par la performativité et portée par la théâtralité; la performativité s'élabore en se frottant (en complémentarité, en confrontation, en contradiction, en osmose) à la littérarité et à la théâtralité; la théâtralité défini d'une part l'implication des deux autres et est définit par eux. C'est de cette triple fonction (émetteur, récepteur, catalyseur) liant essentiellement les trois pôles que doit se réclamer, à mon avis, l'approche néo-meyerholdienne. C'est une complète déhiérarchisation des éléments scéniques et une vision globale de l'ensemble scénique.

Maintenant, ce sont ces rapports matériels et nécessaires que je tentent d'établir (en fait, j'ai déjà colligé sur un grand tableau des éléments meyerholdiens et des questionnements posés par l'écriture actuelle et la mise en scène contemporaine qui peuvent illustrer ces rapports matériels et qui devient un peu fastidieux d'écrire ici) et qu'il me faudra, dans un avenir prochain, valider par la recherche-création.

Les laboratoires n'ont pas repris encore. Comme je le mentionnais dans un billet précédent (voir ici), il s'avère très difficile de conjuguer écriture actuelle et recherche meyerholdienne en faisant une séparation radicale entre le rapport au texte, le rapport au corps et le rapport à la scène tels que prévus. Une chose saute aux yeux: les trois volets ne peuvent être pris, au fond, qu'en un seul bloc intrinsèque.

Bien entendu, utiliser les trois notions que sont la littérarité, la théâtralité et la performativité m'oblige à en donner mes propres définitions... d'abord dans un contexte artistico-historique selon les écrits de Meyerhold puis à partir (ou contre parfois!) des études contemporaines (Pavis, Ubersfeld, Féral, Sarrazac, etc.)

Du même souffle, je planche plus sérieusement sur des approches contemporaines «néo-meyerholdiennes»... plus précisément du côté de Thomas Ostermeier qui se dit en filiation avec Meyerhold. Pour voir comment il définit l'implication des théories meyerholdiennes dans son travail. Et comment je me positionne face à lui (pour y arriver d'ailleurs, il me faut faire une analyse - je ne l'ai pas commencée - de mon propre travail des dernières années).

Voilà où j'en suis.

lundi 20 février 2012

Les aléas de la modernité...

 
Les temps changent... et avec eux, l'équipement dans un théâtre. Et ces changements ont provoqué, au cours de l'histoire, bon nombre d'anecdotes savoureuses... comme celle-ci, de Micheline Boudet (Viens voir les comédiens) tirée du Dictionnaire de la Langue du Théâtre d'Agnès Pierron pour illustrer l'entrée «Effet».

Quand il jouait Oedipe, le grand tragédien [Mounet-Sully, 1841-1916] avait une extraordinaire innovation à l'acte où il se crevait les yeux. Depuis sa loge au deuxième étage il commençait à hurler et descendait toujours gémissant, criant, jusqu'à son entrée en scène. Effet saisissant. [...]

Bien sûr la rumeur du Théâtre[-Français] avait transmis cette tradition. Quand Yonnel dut jouer ce grandiose personnage, il eut le désir de reproduire le jeu de Mounet, sa voix ample, profonde pouvait le lui permettre.

Le soir de la première, il lança donc ses premiers cris d'horreur sur le palier de l'étage Talma. Un frisson parcourut la salle... et brusquement, le frisson s'arrêta. La voix s'était tue. Un grand temps suivit. Le silence devint lourd. Que se passait-il?

Yonnel continuant à pousser des cris terribles avait pris... l'ascenseur!!!

La suite des occurrences dans ce dictionnaire font état de couper les effets, griller un effet, jouer les effets, manquer son effet, marcher sur les effets, prendre les effets...



dimanche 19 février 2012

Au théâtre, cette semaine! (du 19 au 25 février 2012)

Vignette créée à partir d'une des photos les plus connues de Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay, 
produite en 1968 au Rideau-Vert (photographie: Guy Dubois)

Semaine un peu plus conséquente dans le milieu théâtral régional alors que plusieurs productions prennent l'affiche un peu partout. En voici une liste que j'espère exhaustive... et si jamais j'oublie un truc, on peut me le faire savoir par les commentaires.

Mardi - 21 février 2012
Salle François-Brassard (Jonq.), ?

Le Théâtre du Faux Coffre donne, en représentation scolaire (donc, fermée au grand public), le très drôle solo de Martin Giguère, Les lectures de Diogène.

Mardi à jeudi - 21 au 23 février 2012
Studio-Théâtre (UQAC), 19h

Valérie Essiambre présente son projet de fin de bacc., La forêt où nous pleurons, un texte de Frédéric Vossier dans lequel elle prend l'unique rôle sous la direction de Sophie Larouche. Un conte moderne, poétique, empreint d’états contradictoires, où l’espace s’extériorise et s’intériorise, où la temporalité se suspend, en s’accrochant aux mots de ce texte ouvrant. C’est la traversée d’une forêt rythmée par une ritournelle vocale et physique.

Jeudi à samedi - 23 au 25 février 2012
Petit Théâtre (UQAC), 20h

Jean-François Cantin présente son projet de fin de bacc. à tout le moins audacieux: la mise en scène d'une partie de La Formation de l'Acteur de Constantin Stanislawski. La méthode d’exposition adoptée par Stanislavski, que l’on pourrait nommer « demi-fiction», consiste essentiellement à faire parler Torstov en son nom : il est le Stanislavski, acteur accompli et professeur, tandis que le jeune étudiant qui tient son journal est le jeune Stanislavski en plein développement artistique.

Mercredi à samedi - 22 au 25 février 2012
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 20h
DERNIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre La Rubrique donne sa toute nouvelle production, Une heure avant. Ce texte de Micheline Parent, mis en scène par Josée Laporte, fait une incursion dans l'univers des proches aidants. Dans le croisement de cinq voix circule un récit. Par fragments, par des biais insoupçonnés, par agglomérats, une histoire se construit, apparaît, se détaille: celle d’une femme au mitan de sa vie qui accueille chez elle sa mère malade de vieillesse. Au-delà de l’intimité imprévue des corps, des sentiments exacerbés, des rires inévitables et de l’observation effarée du travail de la mort, se trame pourtant une autre histoire, bien imprévue celle-là, mais tout aussi fatale.

Jeudi - 23 février 2012
La Tourelle (Collège d'Alma), 20h

Dans le cadre de la FLASHE Fête, il y a la présentation (je ne sais pas vraiment qui est le producteur) de Cravate Club, un texte de Fabrice Roger-Lacan mis en scène par Patrice Coquereau qui joue aussi aux côtés de Didier Lucien. Bernard compte sur la présence d'Adrien, son collègue et ami de longue date, pour fêter son quarantième anniversaire. Mais ce dernier se désiste le soir même pour ne pas rater le rendez-vous mensuel de son club sélect. Leur relation s'envenime au fur et à mesure que leur champ d'action s'amenuise. Or ni l'un ni l'autre ne semble vouloir mettre fin à l'affrontement, tant verbal que physique.

Vendredi - 24 février 2012
Salle Murdock, 20h

Le Théâtre 100 Masques et le Théâtre À Bout Portant s'associent pour donner un premier Impromptu scénique. Il s'agit là d'un spectacle complet (avec décor, costume, texte, éclairages) créé en 12 heures par une équipe de comédien et un metteur en scène. Le nombre de places est limité. Réservation: 418-698-3895.

Samedi - 25 février 2012
Collège d'Alma, (?)

Dans le cadre de la FLASHE Fête. À 13h, il y a une conférence, dans le Centre Social, de Mme Jeannot Boudreault, directrice artistique du Théâtre des Amis de Chiffon, pour relater le cheminement de cette compagnie fondée en 1974. Puis il y a, d'une part, le Théâtre de la Danse du Dragon, présenté dans le gymnase à 14h, qui œuvre depuis 1976 dans la recherche et la création des arts visuels et de la performance. Avec une approche inclusive qui accueille artistes professionnels et amateurs, le collectif crée des mises en scène utilisant des masques, des marionnettes géantes et de la musique qui ont été conçus par les participants. Les ateliers sont offerts sous forme d'échange culturel en utilisant une méthodologie de création collective. C'est un théâtre qui voyage à travers les Amériques et l'Europe, s'inspirant des histoires de la mythologie et des légendes locales. Un spectacle d'envergure qui sera réalisé avec l'aide des gens de la communauté. En même temps, à 14h, il y a aussi une création collective multidisciplinaire. Ce grand spectacle familial, à la fois grandiose et simple, est un moment unique qui rassemble des créateurs d'ici. Prétexte au partage, chacun met son talent au service de l'autre. Petits et grands, dans un même espace, vivront le moment présent par la danse, la musique, le conte, le théâtre d'ombre, la poésie, la chanson. Mise en scène de Émilie Gilbert-Gagnon.

samedi 18 février 2012

Le bon et le mauvais camarade


Il est toujours bon de feuilleter des vieux bouquins, comme celui-ci dont la page-titre illustre ce billet (et qui, en cliquant dessus, nous en donne l'accès via Google Book), et de se rendre compte, au fond, que le théâtre est un art qui demeure, nonobstant les nouvelles technologies, profondément le même à travers les siècles...

À preuve cette définition du camarade:

CAMARADE. — Les députés s'appellent collègue, les gens de robe confrère, les comédiens camarade.

Dans les coulisses il y a le bon et le mauvais camarade.

On appelle un bon camarade celui dont le talent est médiocre. Les étoiles sont ordinairement d'assez mauvais camarades.

Le bon camarade donne la réplique à l'étoile de façon à lui ménager son effet et lui souffle son rôle au besoin; il a soin d'avertir l'actrice aimée qui flâne dans le foyer, du moment de son entrée; il a de l'excellent rouge végétal à la disposition du ténor, il est l'ami du régisseur et se multiplie pour être agréable à tout le monde, en se rendant utile.

Le mauvais camarade coupe les effets de ses interlocuteurs, ne reçoit de conseils de personne, pas même des auteurs, déteste le régisseur, exècre le directeur, et déclare qu'on ne joue plus la comédie; qu'il n'y a plus de chanteurs; qu'il n'y a plus d'école, et que l'art s'en va. Il fait tous ses efforts pour le faire vivre, mais il n'est secondé par personne.

Bref, c'est le souffre-douleur et la diva... Se donner le moindrement la peine d'y réfléchir que peut-être chacune des ces descriptions pourrait se parer d'un (ou des!) visage(s) de camarades contemporains... !

vendredi 17 février 2012

Un échange sur un baiser

 
Voici un extrait de la pièce Une paire de gifles de Sacha Guitry, un de mes auteurs préférés, qui illustre assez bien et le rythme de son œuvre, de même que son esprit et son humour.

L'action - boulevard oblige... - se passe entre une jeune femme et un ami, plus vieux, qui souhaite ardemment devenir l'amant de service.Ce futur couple séparé s'obstine sur qui a fait les premiers pas...

LUI: Je me souviens d'un baiser - récent, tenez - auquel vous avez pris une part extrêmement active.

ELLE : Celui dans la voiture, oui, je me souviens. Je ne vous ai pas découragé, en effet, ce jour-là: je voulais voir jusqu'où vous iriez.

LUI: Jusqu'où j'irais?

ELLE: Oui. Vous êtes allé jusqu'à l'Élysée.

LUI: Comment jusqu'à l'Élysée?

ELLE: Oui, le baiser a commencer rue Royale, il a fini à l'Élysée.

LUI: Et qu'est-ce que vous en avez conclu?

ELLE: Que vous ne manquiez pas de respiration.

LUI: Oh! Ben alors... dites-le!

ELLE: À qui?

LUI: À moi.

ELLE: Mais... je vous le dis. Pour un homme de votre âge...

LUI: Comment... pour un homme de mon âge?

ELLE: Vous êtes bien un homme de votre âge?

LUI: Heu... évidemment, je suis un homme de mon âge.

ELLE: Eh bien, pour un homme de votre âge, ça m'a semblé très bien!

LUI: Alors... alors... alors...

ELLE: Alors, quoi?

LUI: Alors, pourquoi n'êtes-vous pas déjà ma maitresse?

ELLE: Parce que vous ne me l'avez jamais demandé.

Ce qui me plaît chez cet auteur, c'est cette légèreté portée par une machine rythmique implacable qui transforme les échanges verbales en véritable duel de mots avec ses attaques, ses esquives, ses ripostes... Une belle matière. Une réjouissante matière.

jeudi 16 février 2012

Deux nouveaux «Impromptus scéniques»!

Affiche de Vicky Côté (Théâtre À Bout Portant)

Le Théâtre 100 Masques et le Théâtre À Bout Portant s'associent le temps de présenter, comme activité bénéfice commune, deux nouveaux Impromptus scéniques (après que le Théâtre 100 Masques en ait donné une série de quatre en mars 2010).

Chacune des journée, une équipe de comédiens et de metteur en scène aura à créer, en douze heure, un véritable spectacle théâtral (une œuvre scénique complète avec discours cohérent, décor, costumes, éclairages) d'une durée minimal d'une heure. Lors de la représentation, un grand maître de jeu (moi en l'occurence!) jugera de la qualité du produit et imposera, au besoin, des contraintes aux acteurs.

Ces expériences sont toujours fort stimulantes et impressionnantes. Il s'agit là d'un laboratoire efficace pour l'exploration de la création sous pression et voir comment chacun agit avec celle-ci. C'est aussi un moyen dynamique pour mettre à profit la confiance, l'écoute, l'imagination créatrice.

Le premier vendredi, le 24 mars, l'équipe sera composée de Vicky Côté, Isabelle Boivin, Marc-André Perrier et d'un autre comédien (la place est encore disponible) sous la direction d'Élaine Juteau.

La semaine suivante, le 2 mars, ce sera au tour d'Andrée-Anne Giguère, Sophie Larouche, Patrick Simard et Marilyne Renaud de monter sur les planches sous le regard aiguisé d'Anick Martel

mercredi 15 février 2012

«La Marmite» [Carnet de production]

 
Ce matin, j'ai rencontré la metteure en scène, Élaine Juteau, pour une première séance de travail de conception... Assis dans la salle Murdock où se tiendra la production, elle nous (à moi et à Carol Émond... tous deux en charge de l'esthétique... en plus d'Alexandre Nadeau qui se joindra à nous pour la lumière) a parlé de ce qu'elle souhaitait, de ses envies d'espace, de sa vision de la pièce.

Ainsi donc, c'est reparti dans la conception... avec un espace - ma foi! - éclectique et très différent des espaces des dernières années. Un espace multiple. Un espace-paysage. Un véritable in situ qui donnera une nouvelle fois une toute autre allure à la petite salle. Maintenant, à nous d'élaborer et de proposer des alternatives aux défis posés. Une collaboration s'enclenche.

Il est rare que je prenne officiellement le titre de concepteur... bien que généralement, j'agis comme tel sur la plupart de mes productions. La différence? Habituellement, je travaille pour moi et non pour un autre. L'expérience sera intéressante!

mardi 14 février 2012

On recherche des comédiens!

Est tombé, ce matin, dans mon courrier, cet appel de Jimmy Doucet qui recherche des comédiens pour ses nombreux projets pour l'été à venir... Voici ce qu'il écrit:

 

Mon nom est Jimmy Doucet. Je suis directeur artistique de la Route des mille et une histoires au Lac-Saint-Jean depuis cinq ans. Pour l'été 2012, nous produirons six spectacles dans le cadre de la Route et je présenterai aussi une pièce de théâtre pour le théâtre d'été de la Pulperie.

Ayant surtout fait du théâtre pendant quinze ans, caché dans des petites salles de Dolbeau-Mistassini avec ma petite équipe, je ne connais pas beaucoup les comédiens et comédiennes de la région. 

Je suis à la recherche de comédiens et comédiennes pour différents projets et j'aimerais beaucoup rencontrer des gens de partout au Saguenay-Lac-Saint-Jean entre le 2 et le 10 mars. Les rencontres auront lieu à la Pulperie pour les personnes du Saguenay et à la salle de spectacle Desjardins-Maria-Chapdelaine de Dolbeau-Mistassini pour les personnes du Lac-Saint-Jean.

Si vous êtes libre pour l'été 2012 et que travailler dans la région avec l'équipe de la Route ou avec l'équipe du théâtre d'été de la Pulperie vous intéresse, contactez-moi pour fixer l'heure et la date de notre rencontre à l'adresse suivante: jimmy.doucet@hotmail.com

Avis aux intéressés!

Simple... mais faut y penser...



L'éclairage de peinture (et, par extension, du théâtre) a, selon François-Éric Valentin, trois buts, trois fonctions fondamentales qui doivent se conjuguer les unes avec les autres pour donner une lumière de qualité:
  1. créer l'espace;
  2. créer l'ambiance;
  3. créer le relief.
C'est tout. C'est simple... mais ça demande tout un art. Il s'agit là d'une composition fragile qui, lorsque bien exécutée (et non soumise au théâtralisme de la couleur et du gobo), devient magique.

lundi 13 février 2012

Acteurocentrisme ou textocentrisme?


 [Les auteurs et les poètes] ne sont des artistes souverains que tant qu'on les lit; sur scène, leurs pièces ne sont que des formes dans lesquelles les acteurs instillent leur contenu. [...] Donnez sa place à l'interprète, placez-le sur le piédestal de la scène pour qu'il règne sur elle en tant qu'artiste. Par sa création, il donnera un contenu à la représentation dramatique. 

Tels étaient les mots de Valery Brioussov, un éminent poète symboliste russe en 1902 dans un article sur le théâtre d'art. Une vision théâtrale assez radicale qui refuse «la voix de l'auteur» pour donner préséance au théâtre... et plus encore, à l'acteur. 

Le début du XXième siècle est alors en ébullition. Partout en Europe, la scène dramatique se construit. Se réforme. Se transforme. 

Mais pendant que Brioussov affirme la primauté de l'acteur, un peu plus loin, en France (et dans le temps, puisqu'il s'agit là d'un manifeste publié en 1909 dans le programme du Théâtre d'Action d'Art), Louis Jouvet, éminent acteur et metteur en scène, écrit pratiquement le contraire:

Il n'y aura pas de vedettes au programme, pas davantage sur les affiches; l'œuvre est souveraine, la scène appartient au seul poète. Les interprètes mettent tout leur effort et toute leur gloire à se conformer à sa pensée, à s'y confondre, à s'y effacer: qu'on la sente vivre et diminuer en pleine pureté!

Où se situer alors? Personnellement, je suis plutôt partisan de la première assertion (en y ajoutant, bien entendu le metteur en scène aux côtés de l'interprète)... et ai toujours été embêté par la vision jouvetienne castrante.

dimanche 12 février 2012

Au théâtre, cette semaine (12 au 18 février 2012)

Portrait de Vsevolod Meyerhold par Pyotr Konchalovsky, 1938

Il n'y a pas que le chien de Meyerhold qui se demande ce qui se passera cette semaine du côté théâtral... et voici, ce que j'en sais (et si jamais j'oublie des trucs - notamment des projets de fin de bac.-, il sera possible de les faire ajouter par le biais des commentaires...):

Mardi - 14 février 2012
Studio-Théâtre (UQAC), 13h

Rencontre entre les étudiants du cours Dramaturgie et mise en scène (mon cours...) et la metteure en scène Josée Laporte pour une discussion sur sa création, Une heure avant, au Théâtre La Rubrique. Si des gens veulent s'ajouter, pourquoi pas...

Mercredi à samedi - 15 au 18 février 2012
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 20h
SECONDE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre La Rubrique donne sa toute nouvelle production, Une heure avant. Ce texte de Micheline Parent, mis en scène par Josée Laporte, fait une incursion dans l'univers des proches aidants. Dans le croisement de cinq voix circule un récit. Par fragments, par des biais insoupçonnés, par agglomérats, une histoire se construit, apparaît, se détaille: celle d’une femme au mitan de sa vie qui accueille chez elle sa mère malade de vieillesse. Au-delà de l’intimité imprévue des corps, des sentiments exacerbés, des rires inévitables et de l’observation effarée du travail de la mort, se trame pourtant une autre histoire, bien imprévue celle-là, mais tout aussi fatale.

Jeudi à samedi - 16 au 18 février 2012
Petit Théâtre (UQAC), 20h

Marilyn Bédard termine son baccalauréat interdisciplinaire en art (option théâtre) par la présentation de son projet de fin d'études: Collection 2012. C'est quoi? Un défilé de mode? oui, mais c'est aussi l'événement de l'année : un projet interdisciplinaire et rock n'roll, avec un «band live» et des beaux gars en jeans serrés. Venez découvrir les vêtements de Geneviève Bouchard et de White Label. Mais les vraies vedettes ce sont les femmes. Ça parle de séduction, de féminité, de notre rapport à notre corps-prison et du désir de s'en libérer.

samedi 11 février 2012

De la mise en scène comme d'une technique


 Un metteur en scène doit connaître tous les domaines qui constituent l'art du théâtre. J'ai pu voir Edward Gordon Craig en répétition, et cela m'a toujours subjugué qu'il ne crie pas: «Envoyez la lumière bleue!», mais qu'il indique avec précision: «Branchez la 3 et la 8!» Il était capable d'avoir des discussions professionnelles avec un menuisier, bien qu'il n'ait peut-être lui-même jamais fabriqué de chaise. Il faut être resté des heures dans la cabine des éclairagistes pour pouvoir leur donner des ordres. Quand les couturières apportent les costumes, le metteur en scène ne doit pas bafouiller «Ici, plus étroit, là, plus large», mais dire brièvement: «Il faut découdre ici et mettre là une armature.» C'est à cette condition que des collaborateurs paresseux ne viendront pas rétorquer qu'il est impossible de refaire quoi que ce soit, comme cela arrive habituellement, et vous ne vous mettrez pas à croire tout ce qu'ils disent. 

Ce dictat est de Vsevolod Meyerhold (tiré du florilège de ses écrits établi par Béatrice Picon-Vallin aux éditions Actes Sud-Papiers). Et bien que dans ce cas-ci, ce soit assez radical, je dois admettre que je suis plutôt en accord.

Je suis d'accord sur le fait que le metteur en scène doit posséder une connaissance intime (peut-être pas parfaite, mais intime) de tout ce qui compose l'art théâtral. Pas pour être omniprésent ou pire, encombrant... mais pour pouvoir discuter d'égal à égal avec les concepteurs, de comprendre les plans, de visualiser à partir de considérations techniques. Je ne suis pas de l'école qui passe par la métaphore. Ou qui passe par l'abandon de grands pans (souvent esthétiques) à des collaborateurs jusqu'au moment où le résultat se fait voir.

Pour moi, le metteur en scène est, à la base, un technicien...tout comme le sont les acteurs et les concepteurs. Je parle de technicien  au sens de maîtrise d'un art, d'un outil. Que ce soit une maîtrise de la mécanique, de la technologie, du corps, de la voix, de la scène dans son ensemble. Le travail de tout cet ensemble implique un savoir-faire. Une capacité de rendre concrète des idées, des atmosphères. 

Ce sont là des techniciens sensibles. Sensibles au propos du texte. Sensibles aux demandes et aux besoins des uns et des autres. Et c'est cette sensibilité (partagée, confrontée, négociée, échangée) qui rend vivant ce qui pourrait n'être, au fond, que du plaquage.


jeudi 9 février 2012

Et d'une autre!


À toute l'équipe de la Société d'art lyrique du Royaume qui se lance, ce soir, dans les représentations de l'opérette Les Brigands sous la direction d'Éric Chalifour, aux concepteurs et aux chanteurs, aux musiciens et à tous les autres,

MERDE!!!

Mot(s) d'auteur(s) et mot(s) d'esprit


Petite définition avec exemples cocasses (et résolument théâtraux) de ce qu'est un mot d'auteur... définition tirée du Dictionnaire de la langue du Théâtre d'Agnès Pierron.

Mot d'auteur: C'est un mot d'esprit - souvent «facile» -, inséré dans un dialogue de théâtre, destiné à provoquer le rire chez le spectateur par l'effet de surprise dû à sa concision. S'il fait mouche , il déclenche les applaudissements du public. Sacha Guitry (1885-1957) était passé maître en «mots d'auteur».

Certains sont consignés par des comédiens dans leurs souvenirs. Citons-en un exemple: au cours d'une répétition, un auteur, agacé par le jeu de Réjane, dit à voix basse à Lucien Guitry:
-Cette Réjane, quel veau!
-Vous la rajeunissez, mon cher, répondit Guitry.

Il convient de ne pas confondre le mot d'auteur et le bon mot, même si la plupart des mots d'auteur sont de bons mots... Une comédienne, au XIXième siècle, s'est rendue célèbre pour ses bons mots; le foyer de la Comédie-française, lieu d'attente et de rencontres, est propice aux conversations toujours brillantes, souvent superficielles, parfois méchantes. Augustine Brohan s'était fait une notoriété de ses réparties. Ne disait-elle pas à son fils: «Si tu n'es pas sage, je vais te faire faire le tour de madame Allan!» ? Mme Allan, plutôt corpulente, avait été surnommée, avec deux autres comédiennes, l'une des «trois grasses».

Puis il y a le mot à effet et le mot de théâtre...  Et quand on écrit - notamment dans l'optique de faire rire... - il est si difficile de les contourner... et si facile de les forcer!

mercredi 8 février 2012

Un autre bout de l'histoire du théâtre au Québec



Je le réitère, la pratique du théâtre au Québec ne va pas de soi. Son implantation et son maintien fut difficile pendant près de trois siècles... quand il ne fut pas tout simplement mis de côté.

Le théâtre ne fait pas partie de l'imaginaire collectif québécois... ou si peu... comme art de divertissement. 

Dès le départ, en Nouvelle-France, les dés étaient jetés:

Aucun lieu public, écrivent Madeleine Greffard et Jean-Guy Sabourin dans la petite plaquette Le Théâtre québécois, n'a donc inscrit l'activité théâtrale dans l'espace de la cité. Les raisons qui expliquent cette situation ne manquent pas: la taille réduite de la colonie, les difficultés militaires et économiques, l'opposition de l'Église et ce fait banal, mais déterminant, qu'aucun comédien n'a émigré en Nouvelle-France; par contre, une troupe de 12 comédiens et comédiennes de Londres, sous la direction de William Hallam, est venue s'établir dans la colonie anglaise au sud. Tout le théâtre américain en est issu. Lors de la cession du Canada à l'Angleterre, même le théâtre collégial [ndr.: le seul toléré] est une pratique perdue. Le seul héritage théâtral de l'Ancien Régime sera l'hostilité de l'Église qui se maintiendra pendant près de 150 ans.

Ce dernier point sera la raison pour laquelle la rareté de l'activité théâtrale en français est incontestable. On recense, entre 1765 et 1858, 225 soirées de théâtre amateur francophone, contre 1450 soirées de théâtre anglophone, surtout professionnel.

La côte sera longue et ardue à remonter... mais elle le sera. Et le véritable essor du théâtre, dans les années 20, 30 et 40, se fera en compétition avec l'essor de la radio et du cinéma (et un peu plus tard, avec l'énorme machine qu'est la télévision). 
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Pour en connaître plus sur cette évolution, il y a ce site - assez bien fait - par L'Encyclopédie du Patrimoine Culturel de l'Amérique française.

Et d'une autre...


Nous sommes à un peu plus de douze heures avant la première de la toute nouvelle production de la Rubrique... C'est donc, j'imagine, jour de stress et de nervosité. Alors, à toute l'équipe de ce nouveau spectacle

Benoit Lagrandeur, Josée Laporte, Lyne L'Italien, 
Guylaine Rivard, Maud Côté, Monique Gauvin, Martin Gagnon, 
Serge Lapierre, Hélène Soucy, Jessyka Maltais-Jean, Andrée-Anne Giguère, 
Stéphane Boivin, Janine Fortin et tous les autres,

MERDE!

lundi 6 février 2012

Le trio infernal

 
Autre petit passage de François-Éric Valentin tiré de son Lumière pour le spectacle, en page 186 et 187 qui décrit assez bien les relations entre les différents concepteurs (et qui, du coup, complète assez bien mon billet du 2 février)...

L'éclairagiste ne travaille pas seulement sur l'«extérieur»; il doit aussi être conscient des rapports dans le triangle - metteur en scène, décorateur, éclairagiste -, et savoir ce qu'il peut demander, et obtenir, comme modifications dans ce que les deux autres ont réglé [...].

Cela dépend des rapports de confiance existant dans le trio. Si l'éclairagiste dit que tel élément de costume empêche la réalisation de tel effet, lui faudra-t-il passer de longues heures à le prouver ou sera-t-il cru sur parole, à cause de son savoir-faire et de son expérience reconnue?

Quelle que soit l'attitude du metteur en scène, la première compétence nécessaire à l'éclairagiste est de sentir les problèmes, de les cerner et de les exposer clairement aux yeux des deux autres, même s'il ne leur trouve pas une réponse immédiate. Cela permet de ne pas partir sur une fausse piste. [...]

Il est aussi possible de relire en interchangeant les titres...

Et c'est dans ces relations que je suis présentement... pour tenter de rendre compte qui fait quoi et comment le fait-il (ou doit-il le faire). Établir, finalement, un modus operandi efficace et dynamique qui laisse la place à chacun des concepteurs tout en ayant, en tête, une ligne directrice stimulante...

dimanche 5 février 2012

Au théâtre, cette semaine! (du 5 au 11 février 2012)


Deux productions d'importances prennent l'affiche cette semaine...

Mercredi à samedi - 8 au 11 février 2012
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 20h
PREMIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre La Rubrique donne sa toute nouvelle production, Une heure avant. Ce texte de Micheline Parent, mis en scène par Josée Laporte, fait une incursion dans l'univers des proches aidants. Dans le croisement de cinq voix circule un récit. Par fragments, par des biais insoupçonnés, par agglomérats, une histoire se construit, apparaît, se détaille: celle d’une femme au mitan de sa vie qui accueille chez elle sa mère malade de vieillesse. Au-delà de l’intimité imprévue des corps, des sentiments exacerbés, des rires inévitables et de l’observation effarée du travail de la mort, se trame pourtant une autre histoire, bien imprévue celle-là, mais tout aussi fatale.

Jeudi à samedi - 9 au 11 février 2012
Salle François-Brassard (Jonq.), 19h30

La Société d'art lyrique du Royaume présente son opérette annuelle, Les Brigands (d'Offenbach), mise en scène par Éric Chalifour. La bande de brigands de Falsacappa projette d’enlever la Princesse de Grenade qui doit épouser le Duc de Mantoue pour s’emparer de la dot. Pour réussir leur méfait, les brigands se transformeront en marmitons et même en gardes espagnols. Seront-ils crédibles et réussiront-ils à voler les trois millions de la dot. À travers péripéties et courbettes, les brigands sont, malgré tout, de bien bons garçons.

 C'est comme ça que sera ponctuée la semaine théâtrale... Si j'oublie des trucs (ce qui peut arriver...), on peut me le faire savoir via les commentaires.






samedi 4 février 2012

Un «groupie» au Père-Lachaise (2)

(suite du billet du 15 novembre 2011)

Vidant mon appareil-photo, je viens de mettre la main sur ces quelques autres photos prises lors de mon passage à Paris en novembre dernier...

Comme ces deux autres clichés tirés au Père-Lachaise... devant le monument à Molière...


et devant le caveau de la grande tragédienne Rachel (dont il a été question dans le billet du 20 octobre 2011)...



«Pour une dramaturgie de la lumière»


Pour me donner une petite idée de ce que peut être la «dramaturgie de la lumière» en vue d'un atelier d'éclairage à venir, je fais un petit passage par l'ouvrage l'édition révisée (paru en 1994) de Lumière pour le spectacle de François-Éric Valentin (dont le site est ).

[...] Le metteur en scène, souvent, ne voit pas les différents buts que se propose l'éclairagiste, mais il met l'accent sur la beauté des images, et sur la création des ambiances, en attribuant plus ou moins d'autonomie à la lumière. À l'éclairagiste de faire le lien entre le désir du metteur en scène et son savoir-faire personnel, avec les exigences qu'il s'impose.

La première chose à trouver, c'est évidemment, à mes yeux une structure logique cohérente avec le lieu ou le décor, et la mise en scène. Il faut concevoir la structure en pensant aux différentes zones, plutôt que calculer les zones puis essayer de les lier pour trouver le plein-feux. Il s'agit de créer un éclairage équilibré, logique, que l'intervention de la lumière-clef va - le plus souvent - déséquilibrer.

À partir du moment où existent cette logique et cette structure cohérente, et où les projecteurs sont réglés en fonction de cette structure, les effets se mettent en place d'eux-mêmes autour de la lumière-clef. La lumière racontant sa propre histoire servira utilement le propos de la pièce sans en faire pléonasme. L'éclairagiste peut alors jouer à volonté pour en arriver à une création personnelle, entre le décorateur et le metteur en scène, et en accord avec eux, donner plus ou moins d'importance au décor ou au lieu, créer une ambiance dans laquelle l'acteur va se glisser - il sera toujours suffisamment éclairé -, utiliser la couleur, ou seulement les variations d'intensité, des effets subtils et coulés insensiblement, ou des effets violents et venant brutalement donner l'importance à des contre-jours très puissants ou à un éclairage latéral accentué. Tout lui devient possible. Et ce n'est pas une question de nombre de projecteurs - on est plus riche avec trente correctement installés et réglés qu'avec quatre-vingts dont la moitié est placée pour boucher les trous de lumière que les autres mal réglés laissent entre eux.

Intéressant.

vendredi 3 février 2012

Une histoire de la mise en scène

Décidément, c'est le thème de la semaine... mais j'assume. Voici la définition historico-artistique de la mise en scène (son apparition, son évolution et les différents acceptions de cette locution) tirée du Dictionnaire de la langue du théâtre par Agnès Pierron.


C'est, pour reprendre la définition du premier metteur en scène français, André Antoine (1858-1943), «l'art de dresser sur les planches l'action et les personnages imaginés par l'auteur dramatique». On peut ajouter: à partir d'une idée directrice. Si l'expression date de 1820, la mise en scène, telle qu'on l'entend aujourd'hui, ne s'est constituée qu'à partir de 1887, c'est-à-dire lorsque André Antoine fonde le Théâtre-Libre.

[...] À l'âge classique, la mise en scène était impossible: les spectateurs sur le théâtre (voir ici), placés sur deux ou trois rangs de chaque côté de la scène, empêchaient tout décor et tout mouvement des acteurs. Leurs entrées se confondaient avec celles des «gens du bel air» [...].

[...] Jusqu'à la Première Guerre Mondiale, la mise en scène (jusque là, souvent le fait des directeurs de troupes, des régisseurs ou des comédiens eux-mêmes...) se contente de placements; quand il s'agit de reprises, c'est l'acteur jouant le rôle principal qui indique aux nouveaux venus dans la distribution, places, gestes et intonations. En outre, les pièces imprimées signalent: «La mise en scène est en vente chez l'auteur». Les photos de scènes publiées dans la revue L'Illustration avec le texte des pièces servent à la plantation du décor comme aux placements. La «vérité» naturaliste au théâtre ne peut plus se satisfaire de stéréotypes et de conventions. Avec l'arrivée du Cartel [...], «rien» ne pourra plus être comme avant. Non seulement l'acteur travaille à ne plus reprendre à son compte intonations et gestes plaqués, mais le metteur en scène adopte un point de vue sur l’œuvre qui lui sert de fil rouge, de fil conducteur. L'objectif est de servir le texte de l'auteur. Peu à peu, le metteur en scène prenant davantage de pouvoir, il tire la couverture et s'engage sur la voie du «dépoussiérage» des classiques. Il n'hésite pas à les revisiter, voire à les «mettre en pièces». [...]

On mesure le chemin parcouru depuis cette définition donnée par un dictionnaire du milieu du XIXième siècle: «On appelle mise en scène l'ensemble de toutes les dispositions relatives à l'action, aux mouvements isolés ou concertés des acteurs, aux incidents qui doivent se produire autour d'eux».

Voilà

jeudi 2 février 2012

«Maître ou métreur?»

 
Dans la suite du billet précédent (et, d'une certaine façon, en parfaite opposition...), voici une partie d'un chapitre, titré comme ce billet, écrit par Patrice Pavis - dans son excellent (et nécessaire) ouvrage L'analyse des spectacles, en page 283 - portant sur la mise en scène, le metteur en scène et leur rôle et fonction...

En opposition? Oui et non... 

Deux dangers semblent guetter le metteur en scène: être un «maître en scène» ou un simple métreur. Depuis toujours, on se récrie contre sa prétention à tout régir [...]. Par réaction contre cette maîtrise, on ramène souvent son rôle à celui d'un simple métreur, d'un subalterne chargé de la mise en place des objets et des acteurs, d'un arpenteur et d'un manutentionnaire qui se borne à mesurer leurs distances, leurs placements ou déplacements.

[...] À présent, le metteur en scène tend à perdre sa responsabilité globale, artistique au «profit» d'une simple responsabilité technique [...]. L'ancien maître universel délègue fréquemment son pouvoir à divers agents de maîtrise, aux responsables des différentes composantes du spectacle (son, lumière, musique, technologie, etc.). La mise en scène est décentralisée et déléguée: elle ne regroupe ni ne compose plus rien, elle se borne à juxtaposer sons, bruits, images, corps.

Pavis parle ici de déhiérarchisation... et je suis assez d'accord. Le metteur en scène-roi n'est plus, d'accord... mais il est remplacé par le propos, la ligne directrice.


De la mise en scène



Donner ce cours de Dramaturgie et mise en scène, c'est réfléchir sur des notions qui semblent évidentes... mais qui demeurent complexes. Comme la mise en scène...

Faire une mise en scène (comme pour tout projet collectif...), c'est d'abord  (bon... ça reste ma propre définition...) s'approprier une œuvre. Élaborer un discours. Donner (après avoir bosser avec les différents concepteurs) les paramètres du travail à venir... 

Puis c'est ensuite veiller à ce que tout ce qui se crée (esthétique, jeu, promotion) suive ce discours (en complémentarité), lui réponde (en écho, en opposition ou en confrontation). Ce propos (incarné, dans le théâtre traditionnel, par le metteur en scène) devient en quelque sorte le centre d'un univers scénique autour duquel tourne les différents satellites... 

Mais un univers fragile.

Pour en préserver l'intégrité, le metteur en scène doit dès lors devenir psychologue et négociateur.

Psychologue parce qu'il lui faut tenter de comprendre les différents points de vue (sans y laisser le sien), de saisir les angoisses, les doutes, les problèmes de tout ordre qui peuvent surgir et qui peuvent vite miner l'atmosphère... Comprendre les autres tout en restant convaincu (sans être  borné). Le théâtre, quoi qu'on en pense, demeure encore un art d'ego... et c'est ce qui fait son charme!

Négociateur parce que, comme leader de ce type de groupe (généralement ponctuel), c'est à lui à convaincre, à appuyer, à faire comprendre les choix esthétiques et les besoins. Il lui revient de nourrir  (au sens figuré, bien sûr) les concepteurs et les comédiens, de les accompagner... en restant ouvert aux propositions. Et de voir à ce que les écarts entre celles-ci et les demandes initiales ne soient pas des incompréhensions mais de nouvelles approches riches et fécondes, discutées et choisies.

Art du compromis? Assurément. De part et d'autre. Pour des raisons économiques. Pour des raisons de manque de temps. Pour des raisons d'espaces. Pour des impossibilités physiques (quand il s'agit du jeu). Parce que l'idée amenée va plus loin et ouvre de nouvelles pistes. Etc. Et ici arrive l'image sublime du souque-à-la-corde. De la véritable émulation d'idées. Du «Voici ce que tu dis» et du «Voici ce que j'apporte». C'est là tout le côté grisant du travail esthétique, de la direction d'acteur, du théâtre: assister à l'évolution d'une idée jusqu'à sa concrétisation, colorée par l'apport de chacun...

Négociateur donc pour présider aux compromis (qui implique des échanges entre les collaborateurs, entre les comédiens... des échanges constructifs qui amèneront nécessairement ailleurs) sans tomber pour autant dans l'abandon.

Le metteur en scène est, en bout de ligne, le gardien du propos et en ce sens, il doit guider tout un chacun vers l'étape des représentations.

Bref, la psychologie et la négociation sont les deux éléments qu'il faut maintenir en équilibre, comme metteur en scène, pour que chacun donne le meilleur de lui-même, pour que la création se fasse dans l'enthousiasme et l'ouverture

Facile à expliquer. Maintenant, c'est une autre chose que de le faire!

mercredi 1 février 2012

Découverte



Tiens...

Il y a une rue Antonin-Artaud dans le quartier des écrivains de l'arrondissement de Chicoutimi. Je me demande combien de résidents savent qui est cet homme, quelle est son œuvre (poétique, oui... mais aussi dramatique), quel est son apport considérable au théâtre moderne et contemporain?