samedi 14 janvier 2012

Les lettres de noblesse du rire


Petite incursion, ce matin, dans le monde du rire... grâce à l'ouvrage Coulisses de bourse et de théâtre de Messieurs Edmond Benjamin et Henry Buguet, publié en 1882 (qu'on peut retrouver ici) et dans lequel il est fait une certaine analogie entre ces deux univers que sont, évidemment, la bourse et le théâtre. 

Un chapitre consacré à l'art dramatique s'intitule Les révélation d'un chef de claque (de ces personnes chargées de forcer, en quelque sorte, le succès d'une pièce). On y retrouve toute une nomenclature des rires selon les situations:

Dernièrement un chef de claque fameux nous racontait qu'il avait été le premier à inventer le rire de convention. Voici comment il expliquait sa théorie, c'est-à-dire la manière dont il rit à certaine partie d'une pièce pour encourager ses claqueurs à faire mousser les passages à effet:

D'après lui, il y a cinq espèces de rires, basés sur les cinq voyelles de l'alphabet. Le rire en A, le rire en E, le rire en I, le rire en 0 et le rire en U.

Le rire en A, c'est le rire fin, provoqué par un trait d'esprit. Il signifie : ah! ah! ah! que c'est joli, que c'est délicat!

Le rire en E, c'est le rire gai, provoqué par une forte saillie. Il signifie : eh! eh! eh! que c'est plaisant, que c'est drôle!

Le rire en
I, c'est le rire d'attendrissement provoqué par une grosse bêtise. Il signifie : ih ! ih! ih ! que c'est amusant, que c'est farce!

Le rire en 0, c'est le rire de la franche gaîté, provoqué par une balourdise. Il signifie : oh! oh! oh! que c'est rigolo, que c'est épatant.

Enfin, le rire en U, c'est le simple sourire provoqué par un mot à double entente. Il signifie : uh ! uh ! uh! cela va tout seul; cela se comprend ce n'est pas mal! 


Fallait y penser.