mardi 28 février 2012

De la critique... encore...

Suite à son billet, Le blues du guichet, publié sur le blogue de La Rubrique, Stéphane Boivin (directeur des communications... ou un titre de ce genre...) a reçu des commentaires... et c'est toujours agréable d'avoir des réactions. Mais parfois un peu frustrants quand ceux-ci demeurent anonymes. Surtout pour émettre une opinion négative. L'anonymat sur le web est un droit, peut-être... mais il est un peu couard de se cacher pour dire les choses qu'on n'ose dire en face (ou du moins, sous sa propre signature).

Ceci étant dit, Boivin, l'auteur du billet, revient aujourd'hui avec une suite au billet précédemment nommé pour une mise au point et une envolée sur la critique. Envolée que je partage... depuis déjà plusieurs années! La voici... avec son aimable autorisation:

Dans ce contexte périlleux où beaucoup reste à accomplir pour faire entrer le théâtre dans les moeurs, les journalistes locaux, qui parfois acceptent de porter le lourd fardeau de critiques (« Épais sur le dos! » dirait numéro 5 dans Une heure avant), jouent un rôle ambigu. Ils travaillent pour des médias généralistes et clairement leur fonction n’est pas celle de l’auteur spécialisé. De plus nos journalistes ne peuvent pas ne pas savoir que tellement de gens sont à convaincre, à partir de loin, que le théâtre est un art qui peut les rejoindre, et qu’il vaut la peine qu’on lui donne quelques chances de nous séduire. Il savent bien la portée de ce qu’ils écrieront ou diront sur le sort d’un spectacle et éventuellement d’une compagnie.

Malgré cela, Une heure avant n’a pas été épargné par la critique. Parmi toutes les plateformes et moyens de communications utilisés, deux apparitions médiatiques seulement ont eu une teneur critique. Une positive du Quotidien dont le lien était en complément du dernier billet, puis une négative chez Radio-Canada. Nous n’avons pas l’impression que la critique du Quotidien fut complaisante, pas plus que celle de Radio-Canada était injuste. Nous croyons que le journaliste écrit a vu, au delà de cette première « chancelante », la force potentielle de la proposition, du texte et des comédiens. Une force qui n’a pas tardé à se manifester après quelques soirs, à s’affiner jusqu’à cette dernière impeccable de samedi dernier. Du côté de Radio-Canada au contraire, on a choisi de mettre en avant les défauts et les faiblesses de cette première, un choix que nous respectons tout à fait.

Doit-on s’étonner que la critique la plus brutale que nous ayons reçue soit anonyme? Elle est dans les commentaires publiés à la suite du billet précédent. Anonymat qui veut donner raison à son auteur lorsqu’il déplore la dangerosité d’une telle activité dans le milieu local. Posons-nous alors la question: Que manque-t-il pour que vive une critique lucide, sachant reconnaître les bons coups et ne manquant pas de souligner les mauvais, ici au Saguenay? L’hebdomadaire culturel local ne constituerait-il pas la tribune idéale pour l’établissement d’une telle critique? En fait leur choix éditorial de servir de courroie de transmission entre l’offre culturelle et le public est sans doute salutaire pour leur éviter l’enlisement dans un panier de crabes. On s’explique ce réflexe « non-critique » en considérant la petite taille du milieu théâtral saguenéen, l’interdépendance de chacun, la difficulté de faire face à un artiste qu’on aura bafoué publiquement. Il est vrai que certains on payé le prix de leur intégrité critique dans le passé. Mais cette proximité des artisans d’un milieu incestueux est pourtant proportionnellement identique dans les métropoles.

Il est vrai que les tribunes pour la critique indépendante et spécialisée sont rares voire inexistantes en région. Les journalistes des plus grands médias locaux ont beaucoup à couvrir dans un espace restreint. Ce n’est pas d’hier que certains, dont je suis, dénoncent l’absence, autre que ponctuellement, d’une telle habitude de la critique localement, et à croire qu’une telle critique lucide ferait avancer la pratique. Mais en réalité, nous sommes tiraillés ici en région entre une sorte de protectionnisme louable, où les journalistes et autres observateurs ne veulent pas nuire aux entreprises d’artisans locaux, et l’absence d’une critique que nous reconnaissons tous comme souhaitable et productive, mais dont nous avons si peu l’habitude que nous ne pouvons apparemment pas l’encaisser.

Que manque-t-il à une véritable critique théâtrale locale? Dans une ère où les supports médiatiques à l’opinion sont aussi démocratiques et considérant qu’il n’est pas plus facile de démonter froidement l’oeuvre de quelqu’un en ville qu’en région, je suis porté à croire qu’il manque surtout le courage tenace des opinions de la part de ses énonciateurs et la capacité pour les sujets de ces critiques de surpasser l’esprit de clocher… que nous avons par ici, c’est vrai, chevillé au corps.


Voilà. En gros, ça résume bien la dizaine de billets que j'ai écrit à ce sujet. Et je trouve également que cette part critique manque au milieu culturel. Tant dans les médias que parmi les artisans.

D'un problème d'assistance


 Le Théâtre La Rubrique a fait, en fin de semaine, une sortie publique pour déplorer le peu d'assistance à sa toute dernière production, Une heure avant (d'abord sur le blogue de la compagnie, ici, et dans un article paru dans le Progrès-Dimanche tenant sensiblement les mêmes propos).

Et non, cette situation ne leur est pas exclusive. Partout - et parfois de façon drastique! - les compagnies locales  (la plupart, en fait...) voient le nombre de spectateurs fondre comme neige au soleil... alors que les productions venues de l'extérieur tirent mieux leur épingle du jeu.

Où est le problème?

La qualité? L'offre qui surpasse et de loin la demande? Le manque de promotion? L'absence d'un «star système» au niveau régional? Une méconnaissance de la vitalité théâtrale? Un décalage entre le milieu culturel et la «vraie vie»? Le médium ne dit-il plus rien de notre monde?

Manifestement, ce ne sont là que quelques pistes de réflexions... et peut-être n'est-ce que la fin d'un cycle... Mais toujours est-il qu'en attendant, une question demeure: on fait quoi, maintenant?

Un problème de compagnie ou un problème de milieu?

D'où viendra la (ou les) réponse(s)?