jeudi 12 avril 2012

Les vérités contradictoires de Peter Brook...


Peter Brook, dans son monumental (et fascinant) bouquin L'espace vide (le mien date de 1977, aux Éditions du Seuil), édicte de nombreuses observations sur le théâtre. De nombreuses, profondes et parfois contradictoires constatations. Comme celle-ci qui se retrouve à la page 133:

Le théâtre n'est pas un lieu comme les autres. Il est comme une loupe qui grossit l'image, mais aussi comme une lentille d'optique, qui la réduit. C'est un petit univers, qui risque de s'étriquer encore plus. Il est différent de la vie quotidienne et risque donc d'être coupé de la vie. [...] Le théâtre rétrécit la vie. Il la rétrécit de bien des façons. S'il est difficile de n'avoir qu'un seul but dans la vie, au théâtre il n'y en a qu'un. Dès la première répétition, le but est toujours visible et proche, et chacun s'emploie à l'atteindre. La perspective de la première représentation, avec ses exigences évidentes, force à un travail en commun, à un engagement qui nécessitent une énergie, une attention aux besoins d'autrui que les gouvernements désespèrent de jamais susciter, si ce n'est durant les guerres.