mercredi 25 avril 2012

Visuel des camps de théâtre thématiques du 100 Masques...


Retour sur «Morceaux de solutide(s)»

Avant que de présenter des photographies de cette production étudiante (ou d'y revenir plus directement), je publie ici la synthèse générale du cours Atelier de production que j(e n')ai (pas) donné... et qui, en quelque sorte, fait une mise à jour de ma vision théâtrale... 

La mise en scène doit se faire avec un but précis : dire quelque chose à quelqu’un. En ce sens, ce que je fais, ce que je montre, atteint-il le but que je me suis fixé? La forme choisie est-elle en complémentarité ou en contradiction avec ce discours? 

Quelles sont la cohérence et l'efficacité des choix (jeu, esthétiques : décors, costumes, éclairages, son, etc.) dans la création du sens? Dans la même veine, il faut garder à l’esprit l’utilité de chacun des choix : rien ne doit être gratuit sur scène. Tout ce qui est amené à la scène doit soit avoir une symbolique précise, soit participer à la création d’un système sémiologique. Si ce n’est là que pour être beau et joli, ça n’a pas sa place.

La suggestion reste l'élément scénique le plus efficace. Meyerhold (encore!) affirmait que «Le secret d’être ennuyeux, au théâtre, c’est de tout dire». Mais attention aux clichés. Mon metteur en scène fétiche avait une belle phrase pour ça : «Ne confondez pas tradition et cliché. Un cliché est une tradition vidée de son sens.» 

Il faut avoir conscience, comme créateurs et comme interprètes, de l’image qu’on projette sur la scène : «La faculté de disposer de son corps dans l’espace est la loi fondamentale du jeu de l’acteur» disait Meyerhold.

Il ne faut pas hésiter à se remettre en question et surtout, il ne faut pas avoir peur de se faire remettre en question. Cette remise en question, tant qu'elle ne devient pas sclérosante, demeure un gage de création vivante. Dans la même lignée, une production (une œuvre d’art) doit demeurer ouverte jusqu'à la toute fin. Il ne faut pas avoir peur d’y ré-intervenir pour la garder efficace et dynamique. 

Présence = confiance + rigueur + plaisir. (Confiance : en vous, en votre partenaire, en votre projet, en l’ensemble de la création. Rigueur : préparation adéquate, écoute, attention, précision, contrôle/maîtrise de soi, compréhension du texte, du discours, rythme. Plaisir : vivacité, légèreté.) 

Je cite encore Meyerhold : «Une phrase doit être présentée savoureusement, comme pour exciter l’appétit, de la même façon qu’un cuisinier qui, lorsqu’il sert un bon plat, ne soulève pas tout de suite le couvercle de la casserole. Ensorcelez-nous d’abord avec l’arôme de la phrase, et puis offrez-la nous.»