mercredi 12 septembre 2012

«Trou noir» [Carnet de mise en scène]


Je suis ici.
Debout.
Transie.
Dans la lumière nébuleuse.
Dans l’artifice électrique.
Dans les présupposés de vos regards.
Dans votre horizon d’attente.
Ma théâtralité.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu une réponse positive à une demande de financement posée auprès du Programme pour les arts et les lettres du Saguenay-Lac-Saint-Jean (mis en place par une entente entre le CALQ, la Conférence régionale des élus, Ville Saguenay et le CAS) afin de développer un projet personnel. Un communiqué, publié hier (accessible ici... annonçant également les autres projets soutenus), a maintenant officialisé le tout.

Il s'agit de la mise en scène de mon tout dernier texte (qui en est à sa phase de réécriture), Trou noir - Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d'actualités, un long monologue théorico-mélodique qui tente de cerner une position théâtrale qui semble toujours mouvante. En voici la description dans la demande de subvention:

Trou noir – Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d’actualités passe par l'élaboration du vide: une comédienne, une parole… et la vacuité de l'existence.

Trou noir – Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d’actualités c’est une vision centralisatrice toute personnelle. Un point focal sur une scène vide alors qu’autour, tout bouge. Un repli sur soi. Un rejet de toutes soumissions, tous compromis jusqu’au malaise existentiel. Que faire sinon qu’être?

Trou noir – Manifeste pour un minimalisme théâtral sur un tissage d’actualités est aussi et surtout une réflexion sur le théâtre formaliste où règnent le corps, la voix et la convention… Un théâtre qui s'affirme. Un théâtre qui se questionne. Un théâtre égocentrique? Aussi…

Alors, jusqu'où cela mène-t-il?

Conçu comme un tissage de diverses actualités qui ont ponctuées l’année qui vient de s’écouler et d’un manifeste théâtral, cette pièce (et la production qui suivra) est une véritable ronde de mots mettant en relief la redondance syntaxique, la quête d’une utilité dans un monde (social et artistique) en perte de repères. Ce texte s'engouffre alors dans un no man's land alors que tout a été questionné, remis en question, rejeté…

Seule en scène, une comédienne et une parole… La temps est au discours, à la rhétorique. Comme un refuge existentiel. Comme un renoncement aux artifices spectaculaires au profit du seul langage. Le monde contre les mots; les mots contre le monde.

Dans cette pièce symptomatique, on ne dialogue plus (ou peu): on se raconte, on se dit, on emplit le vide de mots qui feront sens. Une question pourrait se poser avec insistance : où s'en va le théâtre de nos jours? L'écueil est-il inéluctable?

La création se fera à compter de décembre... pour une première série de représentations quelque part au milieu du printemps et quelques sorties par la suite, dans les semaines qui suivront. Je travaillerai avec Elaine Juteau comme interprète puis avec une équipe de collaborateurs réduite, Alexandre Nadeau et Mélanie Potvin.