dimanche 23 septembre 2012

Le théâtre comme une souillure de l'Esprit


Dimanche, jour du Seigneur... et bon moment pour faire un nouveau retour en arrière et voir tout le fiel déversé sur le théâtre par les bons Pères de l'Église. Cette fois, place à la hargne (et, accessoirement, à quelques extraits de son traité sur les spectacles) de saint Cyprien de Carthage... tirée du Compendium de la bibliothèque choisie des Pères de l'Église grecque et latine publié en 1834.


Parlerai-je des bouffonneries dégoûtantes du théâtre? Mais on rougirait de rapporter ce qui s'y dit; on rougirait même d'accuser ce qui s'y passe. Les manèges des personnages, les stratagèmes mis en œuvre par des intrigues adultères, les coupables faiblesses du sexe, les plaisanteries indécentes, l'autorité des pères de famille, tantôt avilie par le ridicule, tantôt dégradée par le scandale de leurs propres mœurs, immolée à la risée publique sous des qualifications devenues proverbiales; et, bien que cette cruelle licence n'épargne ni sexe ni rang, c'est à qui courra au-devant de ses traits. On se plaît à voir ce qui fait la honte publique. Des vices dont la pensée même doit être honnie d'un cœur chrétien, on en savoure la représentation. On y perd les derniers restes de pudeur, et l'on s'y familiarise avec le crime. On apprend à faire ce que l'on s'habitue à voir. Le vice le plus effréné se cache du moins dans l'ombre domestique. Il se console de son opprobre, par les ténèbres où il s'enferme; ailleurs, la prostitution publique rougit encore de se faire voir à tous les yeux. Mais là le crime ose affronter tous les regards, et faire trophée de tous ses scandales. Là, l'adultère vient perdre ce qui en fait la honte. Là, des attentats que le temps avait dérobés à la connaissance de la postérité , se trouvent reproduits, comme s'il ne suffirait pas à la passion de se repaître des maux présents sans qu'elle s'approprie, par la représentation, la faiblesse des âges antiques. Nous prenons bientôt l'habitude du crime que nous entendons sans horreur... Avec la pente naturelle qui nous entraîne vers le mal, que sera-ce quand il vient s'y joindre encore une impulsion étrangère? Les spectacles, école frivole, dangereuse, écueil inévitable pour la foi et pour les mœurs. Pas un auquel le chrétien puisse assister impunément. Donc, pas un seul qui ne soit sévèrement défendu... Si vous aimez les spectacles, si vous ne pouvez vous en, passer, nous en avons à vous donner. Regardez, chrétiens, le cours précipité des siècles, les temps qui s'écoulent! Réveillez-vous à la pensée du royaume de Dieu; il approche. Si le merveilleux, l'extraordinaire vous plaît, les mystères de la religion vous en fournissent. Aimez-vous à être attendris, à voir des objets qui frappent, des morts, du sang versé? Ah! voilà le sang de Jésus-Christ qui coule; quel spectacle plus touchant et plus beau pouvez-vous désirer? Quel amour, un Dieu en croix! Quel amour a jamais fourni une si surprenante scène? Retour inopiné, dénouement admirable! Le voilà triomphant dans les cieux; il vous y montre votre place; il vous appelle. N'est-ce point assez de ce spectacle? Nous vous en montrons d'autres encore. Ce monde, tout cet univers enflammé, réduit en poudre; l'étonnement, l'effroi des nations; un juge rayonnant de gloire, porté sur les nues, les anges qui lui font cortège! Dites-nous quelle place alors vous voulez occuper. Voilà certainement le grand spectacle qui doit vous dégoûter de tous les antres. 

Ce que je peux les aimer.