lundi 31 mars 2014

«Au Champ de Mars»... [Carnet de mise scène]

Nous avons terminé (en quelques sortes...) les répétitions de la nouvelle production du Théâtre Mic Mac qui prendra l'affiche à compter de jeudi. D'ici là, ne reste plus que deux générales, ce soir et demain, pour finaliser l'ensemble du projet et faire les derniers ajustements. Un projet qui trouve, à chaque nouvel enchaînement, son ton et son rythme. Voici d'autres photos (toujours prises par Christian Roberge) au cours de la fin de semaine dernière:

France Donaldson (Anabelle) et Denis Lavoie (Sergent de film)

Gervais Arcand (Marco)

Stéphane Doré (Éric), Gervais Arcand (Marco) et Denis Lavoie (Sergent de film)

Gervais Arcand (Marco) et Céline Gagnon (Rachel)

Stéphane Doré (Éric)

Céline Gagnon (Rachel) et France Donaldson (Anabelle)

Gervais Arcand (Marco), Stéphane Doré (Eric), Céline Gagnon (Rachel), France Donaldson (Anabelle) et Denis Lavoie (Sergent de film)

Gervais Arcand (Marco) et Stéphane Doré (Eric)

samedi 29 mars 2014

Berhnardt ou La Duse?


Ici sont réunies deux des plus grandes comédiennes de l'histoire du théâtre (qui plus est, contemporaines!), la française Sarah Bernhardt et l'italienne Eleonara Duse (surnommée simplement La Duse). Deux génies des planches. Deux forces scéniques. Deux monstres sacrés. 

Semblables? Pas vraiment. 

Voici comment les comparait André Chaumeix (un journaliste et critique français de la première moitié du XXième siècle):

Sarah Bernhardt et elle ont représenté les deux formules les plus achevées, essentielles, de l'art romantique. L'une a rayonné, ébloui, comme le soleil, empli l'univers de ses caprices, de sa fantaisie poétique, de sa splendeur séductrice. L'autre a ébranlé toutes les sensibilités par le jeu pathétique et sans recherche de coquetterie féminine d'un visage nu, sans beauté régulière, mais rendu sublime par l'expression. La douleur qu'exprimait Sarah Bernhardt tordait les nerfs et grisait à la fois par la beauté d'un style approprié à l'artiste; on pleurait avec elle, sur elle, mais, après la chute du rideau, on n'avait plus qu'un désir: celui d'acclamer l'enchanteresse, de l'approcher comme une divinité représentant une des formes de la beauté. Sarah Bernhardt était «tonique», même après une représentation de Phèdre, de La Tosca ou de L'Aiglon. La douleur de la Duse, aux belles mains, entrait en nous comme un mal contagieux. Elle ne tordait pas les nerfs, elle déchirait l'enveloppe d'apathie qui habituellement préserve l'âme. On était envahi non par l'enthousiasme, mais par le désespoir. Après avoir entendu Eleonara Duse jouer La Dame aux Camélias, La Dame de la mer, La Gioconda, on n'avait envie que de solitude. On n'aurait pas imaginé rencontrer dans un salon cette vivante statue de douleur. L'action de cet art était intérieure et profonde. 

Quelles descriptions!


vendredi 28 mars 2014

Ma Phèdre

De toutes les photos de toutes les productions de Phèdre de Jean Racine (le texte dramatique le plus parfait à mon avis), mon coup de coeur va, à chaque fois, à Alice Koonen, dans la mise en scène constructiviste de Taïrov (mari de la comédienne et grand rival de Meyerhold dont on peut retrouver une biographie ici), au Théâtre Kamerny, au début des années 20 (en 1922 pour être plus exact... année de l'explosion biomécanique):


C'est là une des photos les plus significatives de l'histoire du théâtre russe.  Que de majesté. Que d'esthétique. Que de rigueur... tant dans la composition scénique que dans la construction du personnage. Décidment, les images de cette production (on peut en retrouver ici) me fascine. Quelle époque!

jeudi 27 mars 2014

Du rythme sur la scène...


«Rythmé» 
ne signifie pas nécessairement
«rapide». 
Pour moi, ça signifie plutôt que, 
sur le plan visuel, 
le spectateur 
est presque toujours sollicité.

Éric Jean (dans un entretien publié dans le programme de la pièce Les Enfants du Sabbat, adaptation d'un roman du même titre d'Anne Hébert, au Trident, en 2005, dont il signait la mise en scène).
 

Journée Mondiale du Théâtre 2014


C'est aujourd'hui - comme à tous les 27 mars! - qu'est soulignée la Journée Mondiale du Théâtre ! Une pensée, donc, pour tous les artistes et artisans du milieu de même qu'à tous les organismes qui portent cet art dans la région: le Théâtre La Rubrique, les Amis de Chiffon, les Têtes Heureuses, le Théâtre C.R.I., le Théâtre 100 Masques, le Théâtre du Faux Coffre, le Théâtre À Bout Portant, la Tortue Noire, le Collectif Les Poulpes, le Théâtre Mic Mac, la R.I.A., la Chaire de recherche du Canada pour une dramaturgie sonore!!!

Cette journée est soulignée notamment par la lecture, avant chaque représentation un peu partout dans le monde, du message officiel, confié, cette année, à  Brett Bailey, dramaturge et metteur en scène sud africain:



Dès qu’il y a société humaine, l’Esprit irrépressible de la Représentation se manifeste.

Sous les arbres dans les petits villages, et sur les scènes sophistiquées de grandes métropoles ; dans les halls d’écoles, les champs, les temples ; dans les quartiers pauvres, les places publiques, dans les centres de loisirs et les sous-sols de cités, les gens se regroupent pour communier dans les mondes théâtraux éphémères que nous créons pour exprimer notre complexité humaine, notre diversité, notre vulnérabilité, en chair et en os, en souffle, en voix. 

Nous nous rassemblons pour pleurer et se souvenir ; pour rire et contempler ; pour apprendre, affirmer et imaginer. Pour s’émerveiller face à la dextérité technique, et pour incarner les dieux. Pour avoir le souffle coupé face à notre capacité pour la beauté, la compassion et la monstruosité. Nous venons pour l’énergie et le pouvoir. Pour célébrer la richesse de nos différentes cultures et pour dissoudre les frontières qui nous divisent. 

Dès qu’il y a société humaine, l’Esprit irrépressible de la Représentation se manifeste. Né de la communauté, il porte les masques et les costumes de nos diverses traditions. Il exploite nos langages, nos rythmes, nos gestes, et ouvre un espace entre nous. 

Et nous, artistes œuvrant avec cet esprit ancien, nous nous sentons forcés à le canaliser à travers nos cœurs, nos idées et nos corps pour révéler nos réalités dans toute leur mondanité et leur mystère étincelant. 

Mais, à une époque où tant de millions de gens se battent pour survivre, souffrent de régimes oppressifs et d’un capitalisme prédateur, fuient le conflit et les épreuves ; où notre vie privée est envahie par les services secrets et nos mots censurés par des gouvernements intrusifs ; où les forêts sont anéanties, les espèces exterminées, et les océans empoisonnés : que nous sentons-nous obligés de révéler ? 

Dans ce monde de pouvoirs inégaux, dans lequel de différents ordres hégémoniques essaient de nous convaincre qu’une nation, une race, un genre, une préférence sexuelle, une religion, une idéologie, un cadre culturel est supérieur à tous les autres, peut-on réellement défendre l’idée que les arts devraient être séparés de l’agenda social ? 

Nous, artistes des arènes et des scènes, nous conformons-nous aux demandes aseptisées du marché, ou saisissons-nous le pouvoir que nous avons : pour ouvrir un espace dans les cœurs et les esprits de la société, rassembler les gens autour de nous, inspirer, émerveiller et informer, et créer un monde d’espoir et de coopérations sincères?

Il existe aussi d'autres messages tout aussi officiels... dont le message québécois d'Alexis Martin (qu'on peut retrouver ici) et celui - canadien, cette fois! - de Mélanie Léger (qu'on peut retrouver ici).

Pour marquer le coup, le Théâtre C.R.I. organise de nouveau un événement, offert à toute la population:


mercredi 26 mars 2014

Le retour des auditions publiques!

Ce sera bientôt le retour des Auditions professionnelles théâtrales et cinématographiques... l'un des projets de concertation qui découle du premier Forum sur le Théâtre au SLSJ qui s'est tenu en 2011. Voici les informations nécessaires:




mardi 25 mars 2014

La grande quête...

Émile Zola par Moloch

Chaque fois qu'on voudra 
vous enfermer dans un code déclarant: 
«Ceci est du théâtre, ceci n'est pas du théâtre», 
répondez clairement: 
«Le théâtre n'existe pas,
il y a des théâtres, 
et je cherche le mien».

Quelle belle phrase d'Émile Zola... tirée de son article Le Naturalisme au théâtre. Bon. Bien que je ne sois pas particulièrement friand de ce type de théâtre, je reconnais quand même l'importance de ce texte dans la révolution scénique de la fin du XIXième siècle.

lundi 24 mars 2014

«Au Champ de Mars»... [Carnet de mise en scène]


Il ne reste plus qu'une fin de semaine de répétitions à venir. Deux jours entiers d'approfondissements et d'enchaînements avant de se lancer dans les générales. Deux jours pour consolider l'intégration de la lumière à ce rythme scénique plutôt échevelé. Deux jours pour finaliser les derniers détails.

Si la production amène encore une fois tout un lot de questionnements et de doutes, elle ne cède rien au plaisir et à la franche camaraderie que nous avons sur le plateau. 

Tout est en place présentement pour que lève ce spectacle.

En attendant, voici quelques photographies prises en répétition par Christian Roberge:

 En plein travail... Gervais Arcand (Marco), moi (bien sûr, je ne joue pas...) et Stéphane Doré (Éric)

Céline Gagnon (Rachel) 

Denis Lavoie (Sergent) et Stéphane Doré (Éric) 

Céline Gagnon (Rachel) et Stéphane Doré (Éric) 

France Donaldson (Annabel) et Céline Gagnon (Rachel) 

Gervais Arcand (Marco) et Stéphane Doré (Éric) 

Stéphane Doré (Éric) et Denis Lavoie (Sergent)


vendredi 21 mars 2014

De l'art de se grimer...

S'il est un élément qui peut fasciner celui qui n'est pas du milieu, c'est bien l'esthétique du personnage... ce qui implique notamment l'art du maquillage (ou de grimage), la transformation du visage (ou, comme ici, tiré de L'Envers du Théâtre de J. Moynet, son rajeunissement) au gré des coups de pinceaux et des couleurs...


«Au champ de Mars»... [Carnet de mise en scène]


Il reste deux weekends de répétition pour Au Champ de Mars. Quatre grandes journées qui, si elles sont semblables aux deux dernières, seront assurément chargées mais ô combien bénéfiques!

Au fil des enchaînements, nous pouvons entrevoir un spectacle surprenant. Par son rythme déchaîné, essoufflant… telle une machine qui s’emballe et qui devient incontrôlable. Par son ton ambigu qui tangue constamment entre le drame, l’horreur et oui, le comique qui provoquera plus de sourires que de rires. Par une esthétique résolument contemporaine, presque une installation... construite sur une grisaille spectaculaire.

Ce sera un kaléidoscope scénique. Un rapiéçage. Une courtepointe… qui loin de réconforter, déstabilisera.

Les cinq personnages sont présentés non pas en une longue évolution de chacun d’eux mais plutôt en une succession de flashs… d’où peut-être une impression syncopée qui me plaît de plus en plus. Au fond, chacune des scènes se présente comme une variation sur le même thèmes que les scènes précédentes et suivantes. 

En d'autres termes, il faut voir Au Champ de Mars comme étant une construction ryhtmique, dynamique. Un mouvement. Et ce mouvement demande une maîtrise du corps, de la voix, des gestes, des déplacements, des positions. Cette construction ne supporte ni les hésitations, ni les «à peu près». Le défi est grand.

mercredi 19 mars 2014

Le résultat de la première Carte Blanche...

Au printemps dernier, lors des premières auditions publiques, la première Carte Blanche pour la relève (destinée à un artiste et mise en forme par le groupe de compétence en théâtre du CRC) a été attribuée à Guillaume Ouellet.  Voici qu'il y aura bientôt une présentation (en cliquant sur l'image, ça devrait être plus facile à lire):


Soir de première!


Ce soir, c'est soir de grande première alors que le Théâtre La Rubrique - en collaboration avec le Théâtre du Trillium (d'Ottawa) - présente le premier texte dramatique de Jean-François Caron (ancien rédacteur en chef du Voir Saguenay-Alma qui a aussi fait un passage au sein de la compagnie jonquiéroise au poste des communications), Les mains de Jonathan

Jonathan a les mains longues. C'est ce que les gens disent de lui. Il a surtout de longs doigts, pour toucher, apprendre et connaître. Des doigts suffisamment longs pour qu'on le remarque: Jonathan est différent.

Protégé par une mère qui encadre tout ses contacts avec un monde qu'elle garde à distance. Jonathan découvre l'univers à sa façon: tout existe enfin grâce à la curieuse chorégraphie de ses doigts. En touchant, il perçoit, s'exprime et… transgresse bien malgré lui ces règles auxquelles d'autres s'agrippent à pleines mains.

La vie de Jonathan est une longue caresse. De celles qui peuvent faire mal.

Pour cette raison, à toute l'équipe d'ici et de là-bas (Lyne, Benoit, Sara, François Edouard, Nathaly, Pierre Antoine et tous les autres), je souhaite un tonitruant

MERDE!!!

lundi 10 mars 2014

«Au Champ de Mars»... [Carnet de mise en scène]

Plan d'éclairages d'Alexandre Nadeau (en cliquant dessus, il apparaîtra plus grand...)


Hier, la production Au Champ de Mars du Théâtre Mic Mac a franchi une nouvelle étape alors que le concepteur Alexandre Nadeau a mis en place les différentes lampes qui illumineront la scène. 

Le résultat (sans même les différentes intensités) augure bien. Simple mais efficace. 

Maintenant, je pose un défi de taille: je veux de la lumière grise. Comme une photo en noir et blanc. Comme un ciel orageux. Lourd. Dense. Comme si l'ardoise du plancher devenait aussi l'air que les personnages respirent. 

Le Théâtre Mic Mac en lice...

Le Théâtre Mic Mac vient d'annoncer sa mise en nomination pour le Prix Image-In. Une autre reconnaissance que la troupe accumule sur celles obtenues au cours des dernières années. Voici le vidéo de présentation de ce prix (de même que les autres candidats... et pas des moindres!):

mardi 4 mars 2014

«Au Champ de Mars»... [Carnet de mise en scène]

France Donaldson, Céline Gagnon, Gervais Arcand... et moi (Photographie: Christian Roberge... je pense)

Nous avons terminé le premier des deux blocs intensifs de répétition de cette nouvelle production du Théâtre Mic Mac par un enchaînement complet.

Les choses s'installent peu à peu... parce que derrière l'apparente simplicité de ce texte se cachent de bons personnages fort complexes, torturés et insaisissables. Parce que c'est un peu de cela qu'il s'agit: une succession d'esquives et de fuites... concrètes et métaphoriques. Comment peuvent-ils se positionner alors qu'ils n'ont que bien peu de prises sur leur propre réalité? La mégalomanie, la paranoïa, l'idéalisme exacerbé, le réalisme insupportable, la musique klezmer... tout est prétexte à chercher une voie parallèle pour contourner l'incontournable. Chaque personnage devient, en quelques sortes, l'écueil de l'autre. 

Ceci étant dit, Au Champ de Mars se conjugue sur mode comique. Satyrique? Je ne sais trop...