vendredi 15 juillet 2016

On recharge les batteries!


Enfin, les vacances...

L'année théâtrale qui vient de se terminer (enfin, sans compter les représentations de la production estivale du Théâtre 100 Masques qui se poursuivent jusqu'au 24 août) n'a pas été de tout repos... et les quelques semaines qui viennent ne seront pas de trop pour recharger les batteries!

Les projets ont été nombreux: Nowell! Nowell!, Les farces médiévales, Le Barbier de Séville et l'amorce de la production Divas! (qui n'a finalement pas vu le jour), une charge de cours à l'UQAC et la supervision d'un projet de fin de bacc., la gestion des camps d'étés et des ateliers de la compagnie, et pleins d'autres petits contrats... sans compter la direction, la gestion et les nombreuses demandes de subventions qui ont ponctuées les derniers mois!

Pourtant, ce qui a le plus miné mes énergies (et le moral) est le départ d'un endroit (la direction générale et artistique de la Société d'art lyrique du Royaume) pour revenir à temps plein dans un autre (la direction générale et artistique du Théâtre 100 Masques). De soupeser les pours et les contres, de choisir, de décider, d'agir. 

Une année professionnelle un peu tortueuse... bien que positive dans l'ensemble. Une année qui m'a aussi ramené à ce blogue...

Les prochains mois promettent d'être (très!) occupés! Et stimulants! Mais pour le moment, le repos est de mise! 


jeudi 14 juillet 2016

«Comment renouveler le théâtre d'été»

Voici, en lien, une table ronde qui a été diffusé hier sur la Première chaîne d'ICI Radio-Canada portant sur le théâtre d'été... Un bon état des lieux sur ce genre qui a perdu un peu de lustres au cours des dernières années.

Comment le renouveler? La question est grande. Et les débats sont fort intéressants.

mercredi 13 juillet 2016

Nouvelle acquisition


C'est le tout dernier arrivé dans ma bibliothèque (et l'un des ouvrages qui me suivra pendant mes vacances prochaines!): Ostermeier Backstage, publié il y a quelques mois, chez L'Arche. 

Thomas Ostermeier est l'un des metteurs en scène contemporain (qui puise ses sources théoriques tant chez Stanislawski que chez Meyerhold, tant chez Copeau que chez Chéreau et les autres metteurs en scène européens) que je trouve le plus intéressant (sur papier du moins). Iconoclaste tout en étant conventionnel... et ces entretiens promettent beaucoup!

Voici ce qu'en dit la quatrième de couverture:

Favori des Français, il est sans doute le metteur en scène le plus européen de notre temps. Réaliste et politiquement engagé. Dans ces entretiens menés par Gerhard Jörder, Thomas Ostermeier défend son esthétique prisée de ce côté du Rhin face aux réserves de la critique allemande : "Mon esthétique n'est pas en vogue, toute narration linéaire et réaliste est systématiquement taxée de réalisme télévisuel et écartée. On préfère se consacrer au mainstream d'un théâtre postdramatique depuis longtemps aux mains d'épigones plutôt que de se confronter à mon langage théâtral."

"Face aux conflits politiques de notre temps, Internet n'est utile qu'un certain laps de temps, dans l'ensemble, il sert plutôt à endormir, à désolidariser et à isoler les gens qu'à élargir leur conscience." Et prophétisant la disparition de Facebook dans cinq ans : "le théâtre lui survivra".

Le plaisir de retomber dans la théorie, la réflexion! La tentative de comprendre, de cerner les mécanismes du théâtre, de ma propre pratique sans le poids du spectacle... 

lundi 11 juillet 2016

De la mort de David Garrick... en comparaison de celles de Mlle Lecouvreur et de Mlle Raucourt!


J'ai placé ici, dernièrement, les récits des fastidieuses obsèques de grandes comédiennes françaises dont les dépouilles ont été rejetées par l'Église pour infâmie... (ici la Lecouvreur en 1730 et la Raucourt en 1815). La France de l'époque n'était pas tendre pour ses comédiens... surtout si l'on compare avec les fastes mortuaires entourant la dépouille de David Garrick, grand comédien  presque contemporain des deux dames (biographie wikipédienne ici), né en 1717 et mort en 1779, à Londres:

dimanche 10 juillet 2016

De «La défaite de la pensée»...


Un livre se promène présentement à la maison, de table de chevet en table de salon: La défaite de la pensée d'Alain Finkielkraut, un essai qui date pourtant de 1987. Bien que je n'en sois pas encore le lecteur (et qu'il y a trente ans de décalage entre la publication et aujourd'hui), il y a fort à parier qu'il sera sur ma liste des prochains ouvrages à aborder.

Voici ce qu'en dit la quatrième de couverture:

Malaise dans la culture. Car la culture, c'est la vie avec la pensée. Et on constate aujourd'hui qu'il est courant de baptiser culturelles des activités où la pensée n'a aucune part. Des gestes élémentaires aux grandes créations de l'esprit, tout devient ainsi prétendument culturel. Pourquoi alors choisir la vraie culture, au lieu de s'abandonner aux délices de la consommation et de la publicité, ou à tous les automatismes enracinés dans l'histoire?

Certes, nul ne sort plus son revolver quand il entend le mot «culture». Mais, champions de la modernité ou apôtres de la différence, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui, lorsqu'ils entendent le mot «pensée», sortent leur culture. 

Une question simple est à l'origine de ce livre: comment en est-on arrivé là?

Les quelques deux cent pages risquent d'être passionnantes (parce que fort probablement questionnantes!)... d'autant que depuis 1987, la confusion des genres se poursuit et que la place de la pensée et de rigueur intellectuelle est souvent mise à mal...

samedi 9 juillet 2016

Des flots au théâtre...



Hier soir, la première cohorte des camps de théâtre thématiques du Théâtre 100 Masques a présenté le résultat de son travail effectué depuis lundi. 

C'est ainsi que trente-et-un jeunes ont exploré, à leur façon (guidés en cela par les formateurs Erika Brisson, Valérie Essiambre et Keven Girard), trois grandes époques théâtrales: le théâtre antique, la farce médiévale et le théâtre classique. Trois courtes pièces  démonstratives ont ainsi été créées, à partir des grands canons de chacun des genres: choeurs, personnages mythiques, espace nu, personnages comiques, versification, règle des trois unités, etc.

À chaque semaine de camps, le résultat est toujours surprenant. C'est fou comme en cinq petits jours, les enfants peuvent fournir de grands efforts pour donner une représentation cohérente et somme toute chargée!

Jean Genêt, à quelque part, à écrit quelque chose qui ressemble à ça: on n'enseigne pas le théâtre, on enflamme les sens... 

Notre part est faite!

La semaine prochaine, chacun des groupe aura à parodier un chef-d'oeuvre de la dramaturgie universelle: Le malade imaginaire, Roméo et Juliette et En attendant Godot

vendredi 8 juillet 2016

Les Farces médiévales [Carnet de mise en scène]


Chaque farce de cette production est précédée d'une petite lecture amenant le sujet. Il s'agit d'un sermon joyeux... des textes monologiques écrits à la même époque (au XVième siècle) raillant le clergé, parodiant les cérémonies religieuses et s'attardant sur divers sujets de la vie comédienne. (Il existe, par ailleurs, toute une tradition médiévale de monologues tous plus comiques les uns que les autres!)

Le ton en est donné: ironie, sarcasme, grivoiserie.

En voici une description concrète (vive Wikipédia):

Le sermon joyeux médiéval est un texte en latin et en vieux français, rédigé en octosyllabes à rimes plates, d'environ 250 vers en moyenne. On y trouve de nombreux calembours et jeux de mots.

Les structures sont diverses selon l'occasion et si le sermon est hagiographique ou pas. On retrouve dans le sermon joyeux des éléments de la rhétorique sacrée comme (dans l'ordre) :

le Thema → présente le sujet par une citation biblique. Le prédicateur invoque parfois une autorité réelle ou imaginaire.
le Pro-themata → demande de silence, parfois seconde citation biblique, demande à boire où allusion à un toast : l'acteur avale quelques rasades de vin.
la divisio → annonce du plan
la partium declaratio → Présentation des parties du sermon
la probatio → la preuve avancée pour les significations données aux parties du thema
la similitudo → la comparaison par une parabole comme on en trouve dans la Bible
l'exemplum → un exemple (rôle illustratif ou plus dominant)
la conclusion qui résume la fausse morale du sermon
l'exhortation (à boire par exemple)
Le monitio → recommandation, prière, demande de quête pour payer l'acteur, ou demande de « pardon » fantaisiste s'adressant à une fausse institution.

Le sermon est en grande partie un monologue, mais comprend toutefois des altercationes : parties qui interpellent le spectateur directement. Exemple : «Escoutez, m'amye! » (dans le sermon de Saint Velu)

Les trois courts textes lus - en fait, ce ne sont là que des extraits - dans le spectacle du Théâtre 100 Masques proviennent du même Sermon: Le Sermon joyeux des iiii vents.

lundi 4 juillet 2016

«Les Farces médiévales» [Carnet de mise en scène]

Photographie: Alexandre Nadeau

Ça y est... c'est aujourd'hui jour de générale... que les comédiens considèrent comme une première parce que public il y aura. Et pourtant...

L'échéance n'est pas aujourd'hui.

C'est là l'ultime répétition, même avec des spectateurs. Le dernier moment de préparation même avec des regards tournés vers la scène. Le terme d'un travail amorcé il y a quelques mois, en vase clos.

Dans cinq heures (soit à 20h30), les comédiens fouleront les planches. Les premières réactions se feront entendre... permettant les ajustements de dernière minute d'ici demain. Puis viendra la mise en place des saluts... comme un point final sur un chapitre qui se termine. 

Le travail de représentation pourra maintenant commencer. Mais pas avant.


dimanche 3 juillet 2016

Une histoire de billets...

Je viens d'enrichir ma collection théâtrale personnelle d'une série de billets de théâtre (et d'opérettes) du Saguenay, datant du tout début des années '80. (Comme je devrais garder les miens!)

Ces petits bouts de carton sont révélateurs du caractère éphémère du genre... avec des compagnies aujourd'hui disparues (avec au premier plan, le Théâtre Populaire d'Alma (1965-1994) qui fut une institution culturelle dans la région, le Théâtre Populaire du Québec (1963 à 1996), le Théâtre à la Carte)... ou des pratiques oubliées comme  celle du Théâtre d'été du Mont Jacob...


Des lieux qui ne sont plus que souvenirs... comme l'Auditorium-Dufour (devenu depuis le Théâtre Banque Nationale), l'Auditorium Beauchamp, la Salle François-Brassard (qui accueille de moins en moins de spectacles) et le Café Théâtre Virovent (en fait, ce n'est pas trop clair si c'est un lieu ou une compagnie... mais c'est à La Baie)...


Des commanditaires qui ont transformé leur image quand ils ne sont tout simplement pas disparus (ah... si on pouvait ravoir des Nordiques pour commanditer la culture...)...


Puis des considérations d'ordre plus techniques (qu'on peut voir en regardant les photos de cet article)... comme les heures de représentations plus tardives qu'aujourd'hui (du moins, dans cette sélection de billets), variant entre 20h (surtout 20h30) et 22h30... les tarifs compris entre 5.00$ et 12.00$... 

Il y a aussi des incontournables... comme ce billet pour une représentation de Broue de mai 83, spectacle qui fut créé quelques années auparavant (et qui viendra encore pour les Xièmes représentations, à l'hiver prochain)...


... et comme ces billets pour les opérettes du Carnaval-Souvenir qui donneraient naissance, en 1987, à la Société d'art lyrique du Royaume...


Oui. Les billets de spectacles sont une vraie source de renseignements et peuvent dénoter, en quelques sortes, l'évolution du milieu théâtral... À ce titre, je tiens à souligner que l'ex-journaliste culturelle (et sportive!), Denise Pelletier, a élaboré, il y a quelques années, un site où se retrouvent ses propres billets de spectacles (et certains de ses articles) entre 1993 et 2013: Billets de concert



samedi 2 juillet 2016

Maudit soit le spectateur!


Je continue de fouiner dans les collections en ligne de la Bibliothèque et Archives Nationale du Québec à la recherche de petits morceaux de littérature oubliés portant sur le théâtre, sa place dans la communauté, ses artistes et artisans. Et voici que je tombe sur cet article paru dans L'Écho du cabinet de lecture paroissial de Montréal (une petite revue qui paraît deux fois par mois entre 1859 et 1874, dirigée par les prêtres sulpiciens et destinée à parfaire l'instruction chrétienne des familles), dans l'édition du 5 juillet 1860:

Rien peut-être ne nous parait plus propre à inspirer de l'horreur pour les théâtres que la sévérité des lois Romaines pour cette classe d'hommes appelés vulgairement comédiens, comédiennes. [...] C'est l'Église toujours dirigée par le Saint-Esprit qui les a faites, ces lois; ce sont les princes les plus religieux comme les plus grands qui les ont établis. Ce sont les Romains, c'est-à-dire le peuple dont les lois ont été les plus sages et les plus admirées. [...]

Y a-t-il rien de plus odieux, de plus révoltant et de plus lâche qu'un honnête homme à la comédie, faisant tantôt le rôle d'un voleur, d'un assassin; tantôt celui d'un adultère ou d'un incestueux? Qu'y a-t-il de plus choquant qu'un honnête homme à la comédie, au théâtre, déployant tout son talent pour faire valoir de criminelles maximes pour lesquelles il n'a lui-même que de l'horreur? [...]

[...] Sachez-le bien, en allant au spectacle, vous contribuez à faire embrasser un état qui déshonore, qui pervertit et qui réprouve ceux qui l'exercent. En vain vous vous croiriez innocents, c'est pour vous qu'ils représentent, c'est pour votre plaisir qu'ils excitent en eux-mêmes les orages des passions; vous le savez, ou du moins vous devez le savoir; vous y consentez, vous êtes donc d'accord avec eux; vous les encouragez par votre présence, par vos applaudissements, par votre argent, comment ne sauriez-vous pas coupables des désordres et du malheur éternel de vos frères? [...] Or vous qui les aurez autorisés par votre présence, vous serez responsables non-seulement des péchés que vous y aurez commis, mais encore, de ceux des acteurs eux-mêmes, et de ceux, innombrables peut-être, qu'ils feront commettre aux autres!

[...] Courage donc, jeunesse canadienne, l'espoir de notre beau pays! À vous de donner l'exemple d'une sainte croisade contre un nouveau fléau non moins dévastateur que l'intempérance, le luxe et l'usure [...]

Jurons donc tous ensemble, non seulement de ne jamais assister au théâtre, mais de constamment faire tous nos efforts pour en détourner les autres. Regardons comme une lâcheté et une espèce de déshonneur d'y aller.